Un second combat

chapitre 6

Les yeux fermés, je soupire. Je n'arrive pas à dormir. Je ne fais que de réfléchir. Jess dort, du moins, je pense. Lya et Camélia dorment également, je suis la seule éveillée. La révélation de Jess me fait mal au cœur. J'ai mon cœur en miette. Parce que, moi, sa femme, je n'ai pas su le rassurer face à cette épreuve. J'ai été aveuglée par ma propre peur. Je suis sûr qu'il s'est endormi avec plein de questions en tête sans me les avoir dites et sans avoir les réponses. Je me redresse dans le lit. J'attrape mon téléphone dans les mains pour regarder l'heure. Il est trois heures du matin. Je lève les yeux en l'air. Super, je ne vais presque pas dormir de la nuit... Je dois déjà me lever dans trois heures et demie.

— Mon cœur ? Tu ne dors pas ?

Je dirige ma tête vers Jess. Il est retourné vers moi, les yeux mi-clos. Je lui fais un petit sourire en posant une de mes mains sur ses cheveux. Puis, j'abaisse ma tête pour l'embrasser la joue.

— Non. Je n'y arrive pas. Je ne trouve pas le sommeil...
— Tu sais... Tu n'as pas à culpabiliser par rapport à tout à l'heure. Tu n'y es pour rien.

Je soupire. Bien sûr, je n'y suis pour rien si nous parlons du fait qu'il a besoin de temps pour y réfléchir. Néanmoins, sur le fait qu'il est mal, que je n'ai rien vu et qu'il doit se sentir seul face à cela, oui j'y suis pour quelque chose. Alors c'est normal que je culpabilise...

— Si. Si j'y suis pour quelque chose Jonathan. Pourquoi m'en as-tu pas parlais ? Je t'aurais écoutée... Et nous en aurions parlé ensemble, comme nous le fessons toujours.
— Parce que... parce que je voulais te mettre à l'écart. Tu es bien trop mal comme cela pour que j'en rajoute une couche, tu ne crois pas ?! Et puis, ce n'est rien. Ça va passer.

Je lève les yeux en l'air. Quelle tête de mule, celui-là ! J'ai beau être mal, je me dois d'être là pour lui... Je le lui ai promis à notre mariage ! On sait promis de rester fidèles dans le bonheur et dans les épreuves... De tous se dire, de ne rien se cacher. Et le fait d'entendre qu'il ne voulait pas me rendre mal, me réchauffe le cœur, mais, mais me fais également mal.

— J'aimerais en parler avec toi, moi. J'aimerais que tu me parles Jess. Dis-moi... Je t'en prie. Je t'aime, et de te voir mal me fait mal.

Jess se racle la gorge et puis se redresse lui aussi dans le lit. Je me mords la lèvre inférieure. Son bras gauche vient se poser sur mes épaules pour m'attirer vers lui. Je pose ma tête sur son épaule gauche et je ferme les yeux en sentant la chaleur de sa peau sur la mienne. Cela fait un bien fou. Jess m'embrasse tendrement le cuir chevelu. Cela me fait chavirer mon cœur.

— D'accord mon amour... J'aurai dû t'en parlais. Tu as raison, souffle-t-il. Je pense que toi et moi avons la même peur en réalité... J'ai peur que nous prenions la mauvaise solution et que nous perdions Lya à tous jamais. Et si cela arrive, jamais je ne me le pardonnerais. Lya est tous pour moi... Et pour toi. C'est notre première fille. Un mélange de nous deux, de notre amour, alors je ne veux pas prendre de choix, par peur de regrets, tu comprends ?

Je hoche la tête. Mes yeux sont toujours fermés. Le sommeil commence à venir à moi. Or, maintenant, il n'est plus temps de dormir. J'ouvre avec regrets mes yeux. Je claque ma langue contre mon palais. Je comprends toute à fais ce qu'il veut me dire et ce qu'il ressent. Mais nous ne pouvons nous permettre de ne pas faire de choix. C'est à nous et à personne d'autre de faire un choix concernant le traitement pour sauver notre fille.

— Oui, je comprends. Mais... Il vaut mieux avoir de regrets que des remords. Imagine que nous ne prenons pas de choix et que l'hôpital décide de faire cette putain de chimio... Et puis qu'elle meurt. Nous aurons le remord de n'avoir rien fait, parce que si nous continuions comme cela... Cela voudra dire que nous baisserons les bras et que nous arrêtons de nous battre pour elle.