Trorh

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En pleine nuit, Trorh se réveilla en sursaut, recouvert de sueurs froides. Il avait fait un cauchemar. Un homme sombre, entouré de ténèbres, s'était avancé vers lui, de sa démarche pesante. Le sol semblait disparaître sous ses pas. Le seigneur était plongé dans le noir total, mais il voyait quand même cette forme noire, qui transperçait l'obscurité. Cette forme lui avait murmuré : « Seulement moi, je le connais, le tien... »,Quand le jeune roi se réveilla. Il ne comprenait pas le sens de ce rêve. Il essaya de se rendormir, main en vain. Cet étrange personnage réapparaissait à chaque fois dans son esprit. Il passa donc toute la nuit à écouter les moindres bruits du château.


Le matin, le roi décida de choisir ses conseillers. Il alla donc la salle du trôneet convoqua mestre Clin. Il lui exposa ses intentions. Quand le mestrel'apprit, il partit tout de suite chercher des personnes qui pourraientintéresser Trorh. Parmi eux, il y avait un homme, vêtu d'un surcot noir, auxarmoiries des Slapirs, une ancienne maison qui était au service du royaume. Ily avait également un petit homme, nommé Clion, qui se déclarait expert enparoles et qui ferait un bon argentier selon mestre Clin. Enfin, le mestreannonça un homme dont le nom était compliqué, et qui ferait selon lui unexcellent grand conseiller. Mais le plus intriguant des différents concurrentsétait un homme, vêtu d'une tunique jaune, qui s'appelait Acheric, au armoirie Pelor, un royaume à l'est decelui de Trorh. Il n'était pas très bavard, il avait des cheveux blonds etsurtout était très jeune, entre les 18 et 20 ans. Un grand estramaçon luibarrait le dos, et il déclara vouloir servir dans la garde royale. Le seigneur décidade tous les engager, l'homme de la maison Slapirs devient un membre du conseil,Clion devint comme l'avait conseillé le mestre, le grand argentier, le jeunehomme devint membre de la garde royale, après avoir prononcé ses vœux et avoirjuré d'être là pour sa cérémonie de la remise de ses armes cet après -midi. Trorhsignifia d'un geste que tout le monde devait prendre congé :

-Pas vous, mestre, je veux vous parler.
-Bien, Sire. Je suis à votre disposition.
Le souverain déclara :
-Mestre Clin, je tiens à choisir moi-même mon grand conseiller et mon chef deguerre, et l'homme que vous m'avez conseillé ne m'inspire pas confiance.Demain, vous me présenterez d'autres personnes.
-Je veillerai à choisir des hommes à votre goût, Votre Grace.
Trorh se retira, son esprit occupé par son rêve. Ses gardes le suivirent. Ilpassa par la grande porte, pour aller aux jardins. Il faisait beau, et un petitvent frais vous levait votre capuchon. Puis, le seigneur décida d'aller voir sonpeuple. Il descendit les marches qui menaient au village, et vit les maisons enchaume. De la fumée sortait d'une auberge, et des forgerons battaient leursacier contre une enclume. Des marchands criaient :
-Venez venez, achetez !
Des enfants se battaient avec un bout de bois, un d'eux se blessa avec uneécharde, puis poursuivit l'autre, l'accusant de l'avoir fait exprès. Trorhsavait que la coutume dictait que les habitants devaient s'agenouiller devantle roi. Certaines personnes aux visages maigres s'agenouillèrent, une femmetenant un bébé supplia :
-Pitié Sire, faites que mon fils vive ! Je vous en conjure !
Le jeune roi lui répondit d'une voix morne « Je prie de tout mon cœur pourla santé de votre fils. »
Parmi les gens agenouillés, un homme barbu, une épée rouillée, dans ses mains,cria :
- V'la le seigneur Trorh ! Il s'gave d'nourriture et nous on meurt de faim !Qu'il aille crever en enfer !
Sur ce, l'homme fit le geste qu'il voulait égorger le roi. C'en fut trop. Leseigneur commanda :
-Gardes, tuez cet homme.
-Un des gardes, ser Mitri, s'avança et transperça la bedaine du soulard.
Puis il continua son chemin. Une bonneheure après, il retourna a son château et décida de rassembler son conseilencore incomplet. Une fois tout le monde réunit, Trorh commanda d'un geste àtout le monde de s'asseoir. Il leur dit :
-Comme vous le savez, mon père est disparu, il est sans doute mort. Mais peu detemps avant sa disparition, le royaume s'est fait attaquer par les Carmor. Laface Nord-Ouest des remparts est un peu ébranlée à cause du choc de labataille. Comme vous le savez aussi, depuis longtemps, des gardes guettent aurempart.
Ils construisent, réparent, défendent,ils protègent le Rempart. Notre royaume est connu pour sa quasiindestructibilité, grâce aux soldats du Rempart. Aussi je me demandais :Faudrait-il fournir encore des hommes dans la garde du Rempart ? Vous nele savez peut être pas, mais les soldats du Rempart sont recrutés parmi lesmeilleurs soldats, on dit qu'ils ne craignent pas la douleur. Un des conseillers'exprima.
-Votre Grace, je pense qu'il y a assez d'hommes au Rempart, il n'y a pas laguerre, alors si la réparation du Rempart prend plus de temps, ce n'est pasgrave.
Trorh répondit ensuite :
-Soit, les gardes du Rempart n'auront pas de nouvel arrivant. Mestre Clin, lacérémonie de la remise des armes sera à quelle heure ? Le mestrerépondit :
-Dans une heure précises, Votre majesté.
-Bien. Je serais au jardin à cette heure-ci. Vous pouvez disposer.
Tous les membres du conseil levèrent donc leurs chaises et partirent. Trorhretourna dans sa chambre et prit dans la bibliothèque poussiéreuse un groslivre. Histoires du royaume de Kingdomsea.Trorh se plongea dans la lecture de ce livre. Apparemment, sonarrière-grand-père, Clisci Draconor,s'était suicidé à la suite d'une émeute, et sa grande tante s'était mariée 4fois, car ses maris sont tous morts. Une bonne heure après, quelqu'un toqua àsa porte. Le roi répondit : Oui ?
Le mestre entra et annonça :
-Votre Grace, c'est l'heure.
Trorh répondit d'une voix excitée « Oui oui, j'arrive !Laissez-moi le temps de me préparer... »
Une fois chaussé, Trorh regarda son reflet dans un miroir. Il portait la mêmetunique qu'au couronnement, mais il portait en plus un baudrier avec unfourreau. Il se rendit en compagnie du mestre. Il passa devant les cuisines,des hommes se démenaient à farcir un paon. On vit quelqu'un en train de sesoulager dans les plantes du jardin. Il se fit arrêter sous l'ordre de Trorhpuis ce dernier décida que cet homme devait mourir, mais qu'avant il devaitréparer sa faute en arrosant toute les plantes du jardin royal. Une fois que letemple apparut devant lui, Trorh se sentit mieux. Il s'était déjà rendu dans cetemple pour y assister au mariage de son oncle, Chilpéric Herlebard. Le mestreClin prit soudain la parole :
-Sire, je dois vous avertir que le peuple n'est pas encore bien remis de votrecouronnement, il se peut qu'il soit quelque peu... menaçant.
-Je...Je vois ce que vous voulez dire.
Le silence reprit ses libertés, et quand ils arrivèrent tous deux devant letemple, Trorh s'exclama : « Ma parole, il n'y a personne ! Je...Est-ce normal ? »
Le mestre répondit :
-Euh, oui, ils vous attendent dedans, c'est la tradition.
Trorh, quelque peu gêné, s'avança. Le mestre passa par derrière et Trorh,prenant sa respiration, fit signe au garde pour qu'ils ouvrent les grandesportes du temple. Quand les portes s'ouvrirent, de la lumière s'infiltrasubitement dans la grande salle. Tous les regards étaient fixés sur leurseigneur. Il vit le jeune Achéric Pelor, celui qui avait prononcé ses vœux lematin même. Un porte arme en pierre,supportait une épée en or, serti de rubis dans son pommeau, et un bouclierégalement en or avec un gros rubis rouge au centre du bouclier. Le chef dutemple s'avança et récita :
- Trorh Draconor, seigneur de Kingdomsea, protecteur de la mer, je vous donneaujourd'hui vos armes sacrées ! Vous devrez les porter pour lescérémonies, je vous laisse les prendre.
Trorh s'avança, monta quelques marches. Une femme le lorgnait des yeux, tandisqu'un homme s'éclipsait en douce, par la petite porte. Le roi saisit l'épée àdeux mains, l'arracha –elle n'était pas beaucoup enfoncée- puis fit de mêmeavec le bouclier. Ensuite, il ne sût plus quoi faire. Il agit alors selon soninstinct. Il frappa ses armes entre elles. Le peuple l'imita, y compris lesgardes secrets, ceux qui étaient camouflés pour surveiller les gens, puis lechef du temple pris la parole et dit :
-Peuple de Kingdomsea, je suis heureux de vous annoncer que notre roi a...
Un grand bruit se fit entendre, suivit d'un craquement et de cris. Un énormebloc de pierre transperça le mur du temple et alla s'écraser contre desspectateurs. Les soldats se précipitèrent dehors et Trorh, instinctivement, lessuivit, armé de ses belles armes d'or.


La prison des ténèbresWhere stories live. Discover now