Troisième Jour (2)

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L'heure était venue.

Le capitaine regarda sa montre une dernière fois avant de mettre son sifflet à la bouche, de monter quelques barreaux de l'échelle, de lever sa deuxième main vers le ciel. Après un sifflement aigu de quelques longues secondes, il nous hurla d'y aller, pour la France, pour la victoire.

Nous sortîmes en hurlant, en y mettant toutes nos tripes. Et après quelques centaines de mètres seulement, ce fut le début de la fin. Nos canons n'avaient pas bien fait leur travail. Cachés sous des abris cimentés, les allemands étaient encore là, bien en place.

Leurs mitrailleuses avaient commencé à nous faucher comme du bétail. Je voyais autour de moi les autres tomber comme des mouches, un à un, sous les balles, sous les obus de mortier. Je commençais à ne plus savoir où aller, à droite, à gauche, tout droit ou alors reculer ? Dans tous les cas, c'était fichu. J'entendais au loin dans tout ce mélange de sifflement de balles, d'explosions et d'hurlements, des hommes crier de battre en retraite. Je décidais finalement de faire marche arrière, je ne voulais pas mourir ici, je voulais rentrer chez moi.

Quelques pas en arrière et j'apercevais un homme bloqué dans des barbelés, à lutter comme un démon pour s'échapper de ce piège inhumain. N'écoutant que mon courage, je fis le choix d'aller le secourir. En vain. Il a suffi de deux secondes, pour qu'il disparaisse sous le coup d'un obus. Le choc fut tellement lourd que son sang, ses tripes et un de ses bras furent projetés sur moi. Je restais là, perdu. Perdu face à ce que je venais de voir.

Mais je ne comptais pas y rester comme ce pauvre diable. Je repris mes esprits et décidai de courir vers un trou d'obus. Je réussi à m'engouffrer dedans. Mon pied toucha quelque de dur. Une main crispée, sortait de terre, le reste du corps complétement enseveli. « Seigneur, quel spectacle m'offrez-vous là, pourquoi tout cela ».

J'avais compris que c'était un piège, prêt à se refermer sur les malheureux qui décidaient de rester cachés. Le visage et les vêtements pleins de boue, je me forçais à ressortir du cratère. En rampant jusqu'en haut du trou, j'observais rapidement si le terrain était dégagé. Je voyais là des allemands sortir de nulle part, prendre à revers les autres qui battaient en retraite. On ne nous avait pas dit que l'ennemi avait des souterrains en dessous de nous. J'étais effrayé, comment allais-je pouvoir m'en sortir ?

Trois Jours dans la vie d'un HommeWhere stories live. Discover now