Le labyrinthe Newt 🖤 (terminer)

💀 Chapitre 2 💀

- Mais tu dois d'abord me promettre une chose, reprend-il.

     Une promesse. Ce mot ne me dit rien qui vaille.

- Jure-moi que tu n'iras pas là-bas. Il faut que tu me le promettes. Sinon, je serais obliger de te laisser là-dedans.

     Ils veulent me garder prisonnière. C'est une certitude. Mais... si on m'a empêchée d'aller là-dedans... si j'ai bien compris... c'est pour me sauver. Je déglutis et tente de réguler ma respiration. Peut-être qu'il est en train de me mener en bateau, peut-être qu'il veut me piéger. Mais je n'ai aucun moyen de le savoir. Je dois lui faire confiance. Je hoche positivement la tête. Cependant, j'ai peur des conséquences de ce geste. Je viens de renoncer à une éventuelle porte de sortie.

- Ok, fait-il en hochant la tête.

     Il se redresse et ouvre la grille. Je me plaque un peu plus contre la paroi rocheuse, mon cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Je suis soulagée de le voir s'accroupir devant l'ouverture, sans entrer. Voir un tel colosse s'approcher de moi ne m'aurait pas rassurée.

- Maintenant, j'aimerais que tu me parles de toi.

     Non... Que... Hein ?! Je... Je ne peux rien lui dire ! Je ne peux pas lui parler de moi ! Je ne sais rien sur moi ! Mais qu'est-ce qu'il pourrait me faire si je ne lui répondais pas ?! J'ai peur, je panique, ma gorge se noue, ma respiration se fait plus ardue.

- Ton nom... Ton âge... D'où tu viens... N'importe quoi. Tout ce que tu pourras me dire, me demande-t-il.

     Je n'arrive plus à respirer. J'inspire, j'expire mais j'ai l'impression que l'air ne parvient plus jusqu'à mes poumons. Mes yeux me brûlent : je vais pleurer. Non. Il ne faut pas que je pleure devant lui. Ni devant personne d'autre. Même si la peur me tord le ventre. Même si je suis paniquée au point d'en avoir la nausée. Même si je ne me souviens de rien... je dois rester forte.

- ... Je... Je sais pas... je bredouille. J'en sais rien... Je... Je ne me souviens pas... Je me souviens de rien... Je... Pourquoi je me souviens de rien ? Pourquoi je... Je... Pourquoi ?

- Eh. Calme-toi, m'ordonne-t-il sereinement. Tout va bien. C'est normal.

     Je lève la tête vers lui et le fixe au travers du rideau de larmes qui embue mes yeux. « Normal » ? C'est « normal » de ne se souvenir de rien ?!

- On a tous connu ça, reprend-il. ... Je vais t'expliquer.

     Il se penche en avant et me tend la main. J'hésite à la saisir. Il me promet qu'il va m'aider, je n'attendais que ça. Mais que pourrait-il me faire ? Et qu'est-ce qui me dit que ce n'est pas un piège ? Je réfléchis trop. J'ai résolu de me montrer forte. Et je ne saurai jamais ce qui m'attend si je ne saisis pas ma chance. Alors je lève le bras, agrippe sa main et il me tire hors de la cage sans la moindre difficulté.

     Il m'entraîne entre des cabanes de bois manifestement construites par les garçons qui habitent ici. Partout autour de nous, je vois des adolescents, de rares jeunes adultes, tous occupés. Certains coupent des branches, d'autres bêchent des carrés de terre cultivée, certains s'affairent devant des établis, charrient des outils, des branchages... et je ne vois pas une seule fille.

- La première chose que tu dois savoir, me dit Alby, c'est qu'aucun Blocard ne te veut du mal. Tu n'as aucune raison de vouloir t'enfuir comme tu l'as fait.

- « Blocard » ? je répète en fronçant les sourcils.

- Ce sont tous ceux qui vivent au Bloc. Ici, dans cette grande prairie, m'explique-t-il pendant que l'on passe près d'un groupe de garçons qui sont en train d'éplucher des légumes. On vit ici, on mange ici, on dort ici, on travaille ici. On construit nos cabanes, on fait pousser de quoi manger, on élève et abat notre bétail.