5) Incompatibilité Culturelle

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C'était plus dur que ce que j'avais imaginé...
Les entraînements en duo avaient commencé et non seulement Brian m'avait interdit de travailler mes sauts, mais en plus je n'arrivais pas à m'ajuster à mon «collègue». Or,  en tant qu'athlète représentant le Japon, je me devais d'être irréprochable envers mes adversaires et comme on dit : sois proche de tes amis et encore plus de tes ennemis, donc il fallait que je m'adapte...
Seulement, je ne le comprenais pas ; ses attitudes, ses réactions, son humeur général... Il protestait souvent contre les demandes du coach, argumentant son point de vue alors qu'on m'avait toujours appris à agir sans poser de questions vu que l'enseignant avait toujours raison : je trouvais ça incroyablement impoli et irrespectueux mais Brian n'avait pas l'air de s'en soucier. En plus, il arrivait toujours en retard le matin mais jamais sans un grand sourire et son gobelet à café.
A côté de ça, il était très gentil avec moi, illustrant les figures que Brian n'arrivait pas à me faire comprendre (quelle différence entre un pancake spin et un donut spin, franchement ?) et une fois sur la glace sa détermination était tangible même s'il plaisantait tout le temps, riant quand il tombait sans que j'arrive à en trouver la raison ; j'avais horreur de ne pas comprendre... J'avais même été poser la question au coach qui m'avait simplement répondu que Javier était d'une nature "joviale".
Mais je pouvais m'y habituer. Ses retards et ses protestations ne me concernaient pas directement, après tout ça lui ferait juste de l'entraînement en moins, et s'il voulait être "jovial" grand bien lui fasse. LE problème ne venait pas de là, mais de sa façon de montrer son bonheur en toute situation, tout le temps.
En un mot, il était tactile.
Quand il arrivait le matin pour me dire bonjour il m'ébouriffait les cheveux, pour me féliciter après le passage d'un élément difficile il me tapotait le dos ou passait son bras autour de mes épaules, quand la séance était finie il attrapait mon bassin et me poussait vers le bord en riant... Les japonais ne sont pas tactiles, je ne suis pas tactile, et j'ignorais totalement comment réagir tellement ça me rendait mal à l'aise. Je me crispais à chaque fois mais il semblait ne pas le remarquer et je n'osais pas lui dire d'arrêter... Et je devais être poli, amical et respectueux comme on me le répétait si souvent alors je lui souriais et ne le repoussais pas.

J'avais cependant développé quelques techniques pour lui échapper :
- faire en sorte de discuter avec le coach au moment où il arrivait et m'incliner le plus bas possible pour le saluer et éviter sa main (ça ne marchait que rarement malheureusement, mais au moins j'avais le mérite d'essayer et de travailler ma flexibilité),
- lorsque je finissais un enchaînement je restais un peu au bout de la patinoire, comme si je reprenais mon souffle et me rapprochais uniquement lorsque Javier était dans sa propre séquence,
- à la fin de la séance je restais pour discuter de n'importe quel point de mes programmes avec Brian, le laissant partir en premier aux vestiaires.

J'avais cependant développé quelques techniques pour lui échapper :- faire en sorte de discuter avec le coach au moment où il arrivait et m'incliner le plus bas possible pour le saluer et éviter sa main (ça ne marchait que rarement malheureusement...

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Je n'échappais pas à tous ses contacts mais disons que ça réduisait quand même leurs nombres. Et heureusement qu'il n'était pas français parce que s'il avait essayé de m'embrasser pour me dire bonjour, je l'aurais giflé, consigne de la Fédération ou pas.

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