Chapitre 2 : Juste cette nuit.

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Les heures sont passées lentement. J'ai finis par perdre conscience. J'ai cru entendre la voix s'affoler, brièvement, je ne suis sûre de rien. Il m'a dit de rester, il m'a secoué un peu puis.. Puis plus rien, le calme, le silence, le froid. Glacial.

Je ne sais pas combien de temps j'ai été absente. Une heure, deux peut être. Plus ?

Lorsque j'ouvre les yeux, mon œil, la lumière m'éblouis, m'agresse et me force à me replonger volontairement dans le noir.

Inconnu : « Elle revient ! »

La voix ? Toujours là ? Il semble paniquer.. Est ce si grave ? On me tourne et retourne sur cet espèce de brancard qui me fait affreusement mal au dos. J'en grimace. Je grimace assez souvent de toute façon. J'ai mal partout, tout mon corps semble se réveiller. Ma hanche me brûle, ma tête me lance, mon œil où je vois du noir me pique atrocement, mon poignet semble chercher à me faire perdre une nouvelle fois connaissance.

Inconnu : « Faut lui donner quelque chose, elle a l'air d'avoir mal ! »

Encore cette voix. Je commence à l'apprécier. Je me sens presque rassurée de l'avoir dans les parages. C'est futile, risible, mais c'est cette voix mon seul souvenir, la seule chose à laquelle je peux me raccrocher. La voix seule pourra me dire ce que j'ai. J'essaie donc vainement de lever, bouger ma main pour l'attraper, le toucher, l'effleurer, l'interpeller. Échec, je me sens repartir, plus légèrement. C'est assez grisant. Peut être que la prochaine fois j'y arriverait ? Je vais y croire.

Lorsque je daigne à rouvrir les yeux, je suis plongée dans le noir. Enfin, la lumière du couloir, blanche que j'aperçois d'un œil, me fait prendre conscience que je suis dans une chambre et non morte. Un miracle, une chance. Mais je semble être seule, dans cette chambre. Des voix se font entendre dans le couloir alors j'essaie de faire du bruit pour attirer l'attention. Second échec de la journée. Et comme on dit jamais deux sans trois, le troisième échec fut la mobilisation de mon corps que j'avais pensé être indolore. Et bien, raté. La douleur venait de se réveiller, m'arrachant un bref grognement. Un grognement ? Depuis quand je grogne ? C'est nouveau ? Ou bien, peut être que je le faisais avant, impossible de le savoir. Mes souvenirs sont loin, dans un coin de ma tête qui m'est pour le moment inconnu.

Soudainement, une voix « familière » se fait entendre dans le couloir. Une voix de femme l'accompagne. Elle semble excédée, en colère.

Femme en colère : « Tu ne vas pas passer ta nuit au chevet de cette inconnue ! C'est hors de question ! Qu'est ce que je vais dire à Emy quand elle va me demander où est son père ? Tu ne l'as connais même pas ! »

La voix que je connais soupir. Il semble agacé par les paroles de la femme qui lui fait des reproches. Je crois percevoir dans l'entrebâillement de la porte un geste de main assez vif. Il l'a frappé ? Non.. Elle aurait crié.

Inconnu : « Rentre. Je passerais la nuit ici. Et tu diras à Emy que son père veille sur une jeune fille qui est très malade. »

La femme tape du pied, le bruit raisonne jusqu'au fond de mes oreilles. Puis je l'entends s'éloigner.

Je ferme un instant les yeux alors qu'un léger soupir m'échappe par mégarde. A peine réveillée, je fais déjà l'objet d'une dispute. L'angoisse. La porte s'ouvre doucement, le frottement de celle ci me faisant sursauter et rouvrir les yeux. Enfin, l'un est couvert d'un bandage. Donc je rouvre mon œil pour poser mon regard sur « mon sauveur » si je puis dire. Dans la pénombre, il semble avoir les cheveux coiffés à la va vitre, brun, je dirais. Il est grand. Le bon mètre quatre vingt dix. Ses yeux, je ne pourrais confirmer la couleur tant l'obscurité est présente dans la chambre. Le silence s'installe durant bien cinq longues minutes. Il m'observe, avec une certaine bienveillance.

Inconnu : « Je ne pensais pas te voir déjà réveillé. Les médecins pensaient que tu ouvrirais les yeux dans une semaine. »

Un bref sourire traverse son visage. J'ai du mal à construire une réponse rapidement. Je prends mon temps pour assembler les mots ensemble pour faire une phrase cohérente.

Leyn : « Qui suis je.. ? »

Dis je alors dans un murmure. Son sourire s'efface assez rapidement alors qu'il baisse la tête. Et une gourde de plus. Pour ne pas le laisser mal à l'aise, j'essaie de bricoler une phrase plus rapidement.

Leyn : « Ce n'est pas ce que je voulais dire.. Je voulais savoir ce qui m'était arrivé.. Tu le sais, hein .. ? Tu es là depuis le début.. J'ai reconnu ta voix.. »

Il semble surpris de mes propos, s'avance d'un pas pour prendre place sur un fauteuil près de mon lit. J'aperçois enfin la couleur de ses yeux. Un vert et un marron. C'est étrange mais joli. Dans un geste assuré, il baisse une des barrières de mon lit pour pouvoir s'accouder sur le matelas et me regarder un peu plus, comme si il cherchait une réponse à ma première question.

Inconnu : « Je t'ai trouvé sur le trottoir après qu'un fourgon noir t'ai jeté là. Tu étais couverte de sang et inconsciente, enfin, si je ne me trompe pas. »

Il marque une pose pour venir remettre le drap correctement sur moi.

Inconnu : « Je ne sais pas comment tu t'appelles, tu n'avais aucun papier sur toi. Tout ce qu'on sait c'est que tu as environ vingt ans. »

Je hoche la tête, brièvement car ce geste se révèle être douloureux. Je décroche mon regard de sa personne pour fixer le mur un instant. Un fourgon ? Vingtaine d'années ? Rien qui ne puisse m'aider pour le moment. Tant pis. J'aurais essayé.

Leyn : « C'est déjà beaucoup.. »

Je marque un temps d'arrêt, comme si il me manquait un mot pour finir la fin de ma phrase.

Inconnu : « Drew. »

Ajoute t-il accompagné d'un sourire doux. Un sourire à faire tomber.

Leyn : « Merci pour tout Drew.. »

Je m'empresse de répondre pour ne pas laisser le silence s'installer. J'essaie de sourire aussi, à mon tour.

Drew : « Je suis content que tu ailles bien. Je vais peut être te laisser te reposer, tu en as bien .. »

Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase, attrapant maladroitement son poignet qui m'est plus accessible que sa main.

Leyn : « Restes, juste pour ce soir. »

Pas de s'il te plaît. Juste quelques mots qui m'échappent sur un ton relativement paniqué. Je ne veux pas être seule. J'ai peur, au final. Et si on venait m'achever ? Finir le travail ? Si je sombrais et que personne ne s'en apercevait ? Mourir seule ? Quelle angoisse.

Drew : « D'accord, si tu veux.. Je reste là. Tu peux t'endormir tranquillement. »

Il accompagne sa phrase d'un sourire qui me détend presque immédiatement. Il accorde ensuite une brève caresse à ma chevelure en bataille, sale. Rassurée, je ferme mon œil, ne tardant pas à sombrer dans un sommeil tout aussi profond que le premier, aidé par les médicaments.

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