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(publication originale à retrouver sur: https://ecrivain-souterrain.com/chronique-souterraine-23/)


Bon, on va essayer de ramasser ici quelques idées en vrac... Un mois sans avoir publié ne veut pas dire forcément un mois à rien foutre. En revanche, ça veut dire la moitié des lecteurs qui se barrent et aucun livre vendu... Et après on me cause d'engagement...

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Étant un fan de Noir Déz depuis mes premiers poils au zizi (leur concert aux arènes d'Arles pour la tournée Des Visages Des Figures reste pour moi un des plus beaux souvenirs de concert de ma vie, et ce malgré une première partie catastrophique), je n'ai pas pu m'empêcher de suivre un peu ce qui se disait dans les médias sur le retour en scène de Bertrand Cantat en son propre nom. Bien entendu, ça vomit de la bien-pensance à tout va. « C'est une ordure ! » « Il faut l'interdire ! » « C'est le symbole de la violence faite aux femmes ! » « Il devrait se cacher ! » « Blabla ! »

Lorsque j'entends ce genre de propos, j'ai toujours un peu de dégueulis qui me remonte de l'estomac pour tenter de voir la lumière du jour. Mais c'est sans doute parce qu'ayant moi-même eu affaire à la Justice, j'ai du mal avec l'idée de me placer systématiquement du côté de la victime. Et puis je n'étais pas dans cette chambre à Vilnius, je ne connais ni lui ni elle, ni les témoins, rien. En revanche j'ai un petit avis sur la chose que – si vous me le permettez – je vais tenter d'exposer ici.

Devant la Loi (puisque les hommes sont trop cons pour être justes sans loi – mais c'est un autre débat), Cantat a payé sa dette. Que ces années de tôle eussent été trop longues ou courtes, ce n'est pas mon problème. Aux yeux de la meuf à la balance – qui les a bandés, ces yeux – Cantat. Point.

Deuxio, il sera toujours et pour toute sa vie, sa mort et jusqu'à ce que la terre explose (ce qui ne saurait tarder) catalogué comme le MEURTRIER DE MARIE TRINTIGNANT. Pas une personne qui ne le croise en ayant cette pensée à l'esprit.

Trois zozios, vous l'avez écouté son dernier disque ? Le moins que l'on puisse dire, c'est que sa plume sent le pâté. On est loin de l'époque Noir Désir au niveau des textes, et musicalement j'ose même pas en parler. Ma chanson préférée de ce disque (et l'une des rares potables à mon goût) étant Chuis con (tu m'étonnes !). Quant au morceau Amor Fati qui donne son titre à l'album, ça ressemble plus à du Fauve qu'à autre chose... Le plus marrant restant que je n'aurai jamais entendu parler de la sortie de ce disque, ni aurai eu la curiosité de l'écouter si les médias qui le condamnent ne faisaient pas son jeu en le médiatisant. Et je vais conclure par là.

Bertrand Cantat est un artiste professionnel – que l'on aime ou pas –, ni un conducteur de travaux, ni un charcutier. Son boulot est de chanter, de se produire sur scène, et c'est en réalité tout le problème. Si la femme du boulanger avait été assassinée par son mari, qu'est-ce qu'on en aurait à foutre que celui-ci refasse du pain une fois sorti de tôle ? On parlerait même de succès de réinsertion non ? L'important est donc le regard du citoyen sur cette affaire : celui qui boycotte le boulanger et celui va acheter son pain chez lui parce qu'il trouve qu'il est bon. Puis y'a les mecs qui s'en foutent – comme moi – parce que de toute façon ils ne sont pas fans du nouveau pain. Pour en revenir au Bébert, le plus juste serait de lui permettre de faire son métier, MAIS, à la rigueur, de le laisser se débrouiller sans médias, comme la grande majorité des artistes de cette planète. Après tout, y'a des sujets bien plus importants à traiter dans ce monde, comme l'histoire de l'héritage de Johnny par exemple.

Cantat a payé et paye encore. Pour celles et ceux qui s'acharnent, chiens qui aboient, ayez le courage de le tuer vous-même au lieu de le laisser crever dans d'inaction. Coupez-lui les mains et les cordes vocales, ça s'est déjà vu au Chili. Donc foutez-lui la paix et arrêtez de parler de lui. Sans cette émission à la con, je n'aurais jamais su qu'il avait sorti un disque. À la place, médiatisez-moi !

Chroniques SouterrainesWhere stories live. Discover now