Les yeux de l'espoir

- Archie.

« Je ferai tout ce qui est en mon possible pour t'aider » c'est cela que j'avais envie d'entendre du plus profond de mon être. Va t-elle réussir à m'obtenir un rendez vous chez un médecin? Ai-je peut être une chance de connaître ce qu'est de voir la beauté du monde qui nous entoure ? Vais-je avoir de nouveaux yeux ? Je pourrai enfin l'apercevoir et à ce moment précis, je donnerai ma vie pour la voir au moins une fois. J'ai tant de chose à découvrir et tant d'autre à apprendre. Nous pouvons vivre avec un sens en moins, mais les avoir tous n'est pas de refus à ce moment précis de ma vie. Je pourrai voir de quelle couleur son ses yeux, comment sont ses cheveux et de quelle couleur est sa peau. Je pourrai voir son sourire et apercevoir ce qui ne va pas lorsqu'elle sera triste. Je pourrai voir des films à ses côtés et nous pourrons débattre sur les images que nous voyons. Plus j'y pense et plus je me dis que j'ai besoin plus que jamais de mes yeux. Ils sont indispensable si je veux prétendre être avec elle.

Elle n'a pas bougé d'un cil, elle est toujours aussi proche de moi. Je sens son souffle sur mes lèvres. Elles sont toutes proches des miennes. Son souffle chaud s'abat sur mon visage et je sens une sensation bizarre dans mon ventre. Peut être que j'ai envie de l'embrasser ? Seulement je sais que je ne devrai pas, je n'ai rien à lui offrir. Mais, je pense que ça, elle l'a bien compris. Alors, peut être bien que... je pourrai me lancer ?

Je ne réfléchie plus trop, après tout il est temps pour moi de faire mon premier baiser après tant d'années sur cette terre. Sa main est posée dans mes cheveux et comme je ne sais pas comment faire je fais exactement la même chose qu'elle. Je sens que son visage est proche alors je ne vais pas galerer pour trouver son crâne. Ma main gauche se glisse lentement dans ses cheveux, je les sens s'enrouler autour de mes doigts puis...

J'approche mon visage du sien, lentement mais sûrement. Et...
quelque chose m'arrête.

Et si ce n'était pas ce qu'elle voulait faire ? Et si elle refusait de me donner ce baiser ? Réagira t-elle méchamment ?

Je m'éloigne de son visage et recule ma tête comme si je pouvais l'observer. Pourquoi ai-je si peu de courage ? Je n'ai rien à perdre après tout, mais visiblement je n'ai plus rien à tenter non plus. Je suis perdu entre l'envie folle de l'embrasser et la peur de me prendre un sacré râteau. Je n'ai jamais embrassé quelqu'un, elle pourrait me trouver nul. Ce n'est pas son genre mais, sait-on jamais.

Lorsque j'attends qu'elle s'en aille car plus aucun bruit ne peut se faire entendre dans la pièce, sa main prend la mienne et je sens son souffle chaud se rapprocher encore une fois de moi.

- De quoi as-tu peur ? Me murmure t-elle a l'oreille. Pourquoi es-tu autant sur la réserve ? Je suis là pour toi Archie.

Ses mots s'infiltrent en moi comme une douce mélodie, comment pourrai-je lui dire que j'ai peur de poser mes lèvres sur les siennes de peur qu'elle me refuse un baiser ? Que mon angoisse de ne jamais la voir prend le dessus ?

- Je n'ai pas peur Hannah. Je ne sais pas quoi faire, qu'attends-tu de moi ? Je suis là, toujours à te repousser et toi... et bien et toi tu es toujours là à forcer le passage. Que veux-tu dis moi ?

Je parle pour une fois comme si je me livrais à elle, comme si je lui confiais toutes mes peurs, moi qui ai passé le plus clair de mon temps à la repousser. J'espère qu'elle répondra ce que je veux entendre, qu'elle me dira que c'est moi qu'elle veut même si je ne suis qu'un pauvre homme aveugle qui ne pourra jamais la voir et qui n'a jamais rien connu dans sa vie.

Sa main s'enroule autour de mon visage et sans que je m'y attende, ce que je désire le plus au monde se produis.

Elle pose ses lèvres sur les miennes.

- C'est ça que je veux Archie, sa voix est étouffée par nos lèvres collées.

Ses lèvres sont douces sur les miennes, je les imagine pulpeuses et bien rose. Je ne sais que faire des miennes, je ne sais pas du tout m'y prendre.

- Détend toi, murmure t-elle.

Sans que je ne m'y attende sa langue prend possession de ma bouche. Je la laisse faire. Je me détends peu à peu et nos bouches ne font plus qu'une. Elle sent la menthe. Inconsciemment j'espère que moi je n'ai pas une haleine de chacal. Un rire m'échappe à cette pensée. Cette femme que je rêvais d'avoir est en train de m'embrasser et là seule chose qui me vient à l'esprit est si j'ai bonne haleine ou non.

Je me concentre à nouveau sur ses lèvres et prend un plaisir fou à l'embrasser. Elle s'éloigne, mais je ne suis pas prêt. Je veux que ce moment dure toujours. Je remets ma main autour de sa nuque et là tire à nouveau vers moi. Nos lèvres se rejoignent encore une fois et l'envie d'y rester collé pour toujours me traverse l'esprit. Je sens ses mains caresser mon corps, comme pour me découvrir. J'imagine alors qu'il faut que je fasse de même. Pendant que l'une de mes mains est sur sa tête mon autre main caresse son dos puis son bras. Sa peau est douce.

Allongé à côté de moi après avoir finalement quitté le petit banc face au piano, nous passons notre temps à nous embrassés, sans se décoller. Comme si nous rêvions tous les deux depuis longtemps que ce moment arrivé. Je n'ai pas envie qu'elle s'en aille. Je la supplierai de rester ici, avec moi, collé à moi et ne plus jamais la laisser partir. Nous nous caressons tous les deux, mais rien n'est sexuel, nous nous découvrons. Je ne peux pas la voir, alors mon seul moyen de la connaître par coeur est de poser mes mains sur son corps.

Je sais au plus profond de moi que sans ma vue cette relation ne pourra jamais fonctionner. On dit que la beauté ne se mange pas en salade certes mais qui a envie d'avoir un petit copain qui ne nous a jamais vu. Je connaîtrai sa beauté intérieur mais jamais sa beauté physique. Je ne pourrai jamais lui dire qu'elle est magnifique parce qu'elle pourrait croire que je lui mens. Pourtant, même si je ne l'ai encore jamais aperçu, je sais que cette femme doit être à couper le souffle.

Nous restons sûrement des heures à nous embrassés allongés sur ce lit. A la fin, j'en ai même des picotements dans les lèvres. C'est lorsque nous entendons des pas dans le couloir que nous nous décrochons l'un de l'autre. Je ne tiens pas à ce que mes parents le sache, ils me gonfleront pendant des heures à me poser des centaines de millier de question.

Elle se lève sans plus attendre du lit et moi je m'appuie contre le mur tout en restant assis.

- Tout se passe bien ici ? C'est la voix de ma mère.

- Tres bien oui, lui repondis-je

Elle part dans un rire discret puis Hannah répond comme si elle cherchait à se justifier de sa venue dans ma chambre.

- J'ai entendu du bruit, alors je suis passée voir si tout allait bien. Et comme tout va bien, je peux retourner dans ma chambre.

J'essaie de me retenir de rire. Il est évident que tout allait bien nous avons passés des heures à nous embrassés. Pour ne pas éveiller les soupçons je lui répond comme je lui aurai répondu quelques heures avant.

- Merci Hannah, mais je sais encore me débrouiller tout seul.

J'espère qu'elle a compris que c'était pour ne pas que ma mère se doute de quelque chose. Une fois qu'elles sont toutes les deux parties je me rallonge dans mon lit et repense à ce magnifique moment. Je ne pouvais pas rêver mieux aujourd'hui. C'est comme si elle m'avait enlever une partie de ma douleur qui ne cessait de croître à l'intérieur de moi.

Maintenant, j'espère seulement que je pourrai retrouver la vue, afin d'être à la hauteur de ce qu'elle mérite...