PATRICIA / LE COSTUME

1.9K 302 23
                                    

- L'opération de votre mari s'est bien passée, les broches ont été posées avec succès et la fracture remise en place. Il ne devrait pas garder de séquelles de cet accident. Il lui faudra, bien sûr, de la rééducation et peut-être une opération pour retirer les broches, mais à part cela rien de particulier !

Super-génial ! Mais il ne me laisse pas en placer une. Je me relève pour lui faire face et lui signifier que je ne suis pas Madame Algero, mais il continue son monologue.

- Suivez-moi, je vais vous conduire à lui.

Puis, il se tourne et sort de la salle d'attente. J'attrape mon manteau et mon sac avant de courir derrière lui. Il est déjà au bout du couloir et j'essaie de ne pas le perdre. Il tourne, je tourne aussi. Devant une porte, il stoppe brusquement et se retourne tout aussi brusquement.

- Il est en salle de réveil. Il est un peu désorienté. Cela lui fera du bien de vous voir.

Il passe la porte, m'invite à en faire de même, et je me sens propulsée dans une salle avec plusieurs lits, des machines et des bips de partout. Je repère mon malade assez vite ; il est tout seul.

Je m'approche doucement sans faire de bruit, il dort tranquillement. Je me penche au-dessus de lui, il respire, c'est déjà une bonne chose. Puis mon regard descend sur sa jambe. Un drap recouvre tout son corps. Je ne peux pas vérifier ce qu'ils lui ont fait. Dommage !

À moins que je ne soulève le drap en question...

Non ! Cela ne se fait pas quand même.

Si ! Cela se fait, il ne faudrait pas qu'il lui ait greffé une nageoire ou bien un sabot de cheval. Humainement, je dois vérifier.

Donc, pour sauver l'univers du grand manitou, je soulève doucement le drap, me baisse sans faire de bruit et jette un œil. Sa jambe est gonflée, jaune et un pansement se trouve à l'endroit de sa cicatrice. Elle est plutôt grande ! Quand il va se réveiller, il va morfler.

Je m'apprête à baisser le drap quand une curiosité malsaine me prend. Et devinez vers quoi mon regard remonte !

J'ai une excuse, c'est la seule fois où j'aurai l'occasion de voir son costume trois-pièces. Et je suis curieuse de savoir quelle tête il a en bas. Donc je me mets à regarder franchement la chose et je dois reconnaitre que l'ensemble est bien proportionné.

- La vue vous plaît ?

Ho, misère de misère ! Je lâche le drap, rouge comme une pivoine. Vite une excuse, fais marcher ta cervelle de tantine en manque.

- Je vérifiais s'ils vous avaient bien opéré.

Il a le regard vitreux des merlans sur l'étal du poissonnier.

- Ha, et ils m'ont opéré de quoi ?

Je le fixe perplexe. Mais, non, il n'a pas l'air de se moquer de moi.

- Vous vous êtes cassé la jambe dans mon jardin. Vous vous souvenez ?

Il secoue la tête, fait la grimace.

- Non, pas du tout.

- Vous aviez une fracture ouverte, alors ils vous ont opéré. Vous êtes en salle de réveil là.

Il me fixe toujours perdu.

- Vous êtes ma femme ? Le docteur m'a dit qu'il allait chercher ma femme mais je ne me rappelle pas en avoir une.

Bon, dilemme ! Mentir ou dire la vérité ? Je pense à Eliott et réalise qu'il n'apprécierait pas que je me fasse passer pour sa mère.

- Non je ne suis pas votre femme, je suis Patricia, la tante de Marie, la fille enceinte de votre fils. Vous vous rappelez ?

J'AIME PAS LES AVOCATSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant