ALEXANDRE / RETOUR A LA NORMALE

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J'ai été brutal avec elle, mais il le fallait. Je ne peux pas m'engager dans une relation avec elle. J'ai des objectifs à respecter, j'ai un avenir et elle n'en fait pas partie. Si j'avais continué à la voir, à la toucher, je pense que je n'aurais pas pu m'en passer.

Ces vacances, qui, en principe, auraient dû régler mes problèmes se sont avérés catastrophique. Je m'en suis rajouté une couche. Mais Patricia me fait ressentir un tas d'émotions que je n'aime pas. Cela me fait devenir un autre et je ne peux pas me le permettre.

Et puis il y a Kimberley, nous ne nous sommes pas juré fidélité, mais le respect. C'est une belle femme, dynamique et joyeuse, elle excelle dans l'art de la communication. Pour mon avenir, elle est parfaite. Moi, je lui présente mes clients et cela sert sa carrière. Échange de bons procédés. J'aime ma vie, réglée comme du papier à musique. Depuis Patricia, c'est la panique à bord.

Seule conclusion possible, l'éliminer de cette équation. La chose a été faite et je pense, bien faite. Elle ne me regarde plus, reste loin de moi. En conclusion, elle m'ignore. Et cela me va très bien. Alors pourquoi cette pointe de regret au fond de mon âme ? Cette impression que je vais passer à côté de ma vie ?

Je suis en colère ! Jamais, tout cela n'aurait dû arriver. Jamais, je n'aurais dû lui proposer ce deal ! Elle est bien trop dangereuse. En même pas un mois, elle a fait chavirer ma vie.

Mon projet de faire plier Eliott est devenu secondaire. Je me suis ramolli et en suis venu à accepter qu'Eliott mène sa vie comme il l'entend.

Je fixe sans les voir les lumières.

- C'est beau. Merci Alexandre.

Victor, à mes côtés, me sourit.

- De rien, merci à vous tous de me tenir compagnie.

Même les enfants, il va falloir que je fasse quelque chose. Ce ne sont pas les miens et je ne vais sûrement pas m'en occuper.

- Vous venez avec nous ce soir faire un tour en ville et boire un vin chaud ?

Je me tourne vers lui, il me regarde, plein d'espoir. Pourquoi pas ? Cela m'évitera de me retrouver en tête à tête avec la tantine.

- Bien sûr que je viens, je ne louperais cela pour rien au monde.

Je fais de l'ironie, mais je trouve cette tradition familiale complètement stupide. Se déplacer pour des illuminations de Noël alors que nous venons d'en installer un certain kilométrage juste devant nous est vraiment ridicule.

- Je vais le dire à tatie que vous venez, elle sera contente.

Tu parles, cela m'étonnerait. De loin, je vois Victor parler à sa tante qui relève les yeux sur moi, fait une grimace indescriptible puis sourit à son neveu. Je la vois qui lui parle ; lui, hoche la tête, et revient vers moi.

- Tatie, elle a dit que nous devrions y aller, si on veut être de retour pas trop tard !

Je continue à la fixer, mais elle ne me regarde pas, baisse les yeux et repart en direction de la maison. Je l'entends rameuter toute la troupe.

- Ceux qui veulent venir avec moi voir les illuminations doivent être dans la voiture d'ici cinq minutes.

Un joyeux brouhaha retentit et des exclamations de joie me parviennent. Moi, j'ai du mal à me réjouir.

Cinq minutes plus tard, tout le monde se dirige vers les voitures. Marie me dépasse en me lançant un regard mauvais.

- Vous montez avec Eliott. Moi, je monte avec tatie.

Qu'est ce qu'il lui arrive à celle-là ? Je croyais que je la terrorisais ? Mais sa proposition me convient, alors, direction Eliott.

Une demi-heure plus tard, nous sommes installés à la terrasse d'un café, nos boissons en main. Les enfants s'amusent à souffler de la buée par la bouche. Eliott me parle et jette de temps en temps un regard étonné à sa dulcinée qui s'est placée à l'autre bout de la table à côté de sa tante. Patricia sourit à tout le monde, prend des photos de chacun. Elle a l'air d'aller mieux que lors de mon petit discours de rupture. J'aurais aimé qu'elle pleure, qu'elle me supplie, mais non, rien, juste cet air incrédule face à ma décision ! En fait, je ne sais pas ce qu'elle ressent pour moi et je n'ai pas à me poser cette question dont je crains la réponse.

Je vais devenir fou si cela continue.

Entre deux gorgées de whisky, j'informe Eliott que je pars mercredi pour rejoindre Kimberley en Espagne. Il a l'air déçu mais ne fait aucun commentaire.

- C'est déjà bien que nous passions Noël ensemble. C'est rare.

Je me tourne vers lui. Des regrets, depuis que j'ai rencontré Patricia, je n'ai que des regrets. Il faut que je parte d'ici, cette fille est toxique.

Je lui jette un regard et rencontre ses yeux dorés. J'y lis de la douleur, je fronce les sourcils un peu déstabilisés par ce que je vois. Elle détourne le regard pour le poser sur Marie. Elle sourit, parle et j'ai l'impression que j'ai dû rêver tout cela.

La soirée se passe bien, finalement cette tradition est intéressante. Le vin nous réchauffe le corps et les décorations, le cœur. Une ambiance légère et heureuse flotte dans l'air. De retour au chalet, Patricia se met au fourneau pendant que les enfants vont se changer.

- Tu veux de l'aide en cuisine ?

Je pose la question, me rappelant que nous sommes des binômes en principe.

- Non, merci, il ne reste plus rien à faire, juste cuisiner les Saint-Jacques au dernier moment.

Elle évite mon regard, concentrée sur la sauce dans la casserole.

- Bien, je vais appeler Kimberley pour prendre de ses nouvelles.

Je veux lui faire mal ou au moins vérifier si le peu de relations que nous avons eues a été important pour elle ou pas.

Je la vois crisper sa main sur la cuillère, ses épaules se serrent. Elle ne dit rien, ne se retourne même pas. J'ai l'impression de ne plus exister pour elle.

C'est bien ce que je voulais ? Alors pourquoi ce malaise en moi ?

J'AIME PAS LES AVOCATSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant