ALEXANDRE LA PETITE FLEURISTE

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Elle me fait sortir de mes gonds cette fille. Me dire à moi que le bonheur de mon fils ne m'intéresse pas. Elle n'a pas compris que son bonheur passe par le mien. Si je réussis dans la vie, il en héritera un jour et aura une vie douce et tranquille. Les sentiments des uns et des autres ne sont rien, si l'on est un moins que rien. J'ai un statut social, j'ai du pouvoir, et elle me parle du bonheur de mon fils. Dans quel monde vit elle cette nana ; le monde des bisounours .

- Je ne veux que son bonheur, mais être père à son âge ce serait le suicide social assuré. Il va devoir tenir un rang dans la société, et je ne le vois pas avec votre nièce. Elle ne lui correspond pas.

Je la vois virer au rouge. Elle est adorable quand elle s'énerve.

- Je commence à en avoir assez de vos insinuations sur ma nièce. C'est une personne droite, fière et qui ira loin dans la vie. Elle est certes un peu jeune, mais elle a la tête sur les épaules. Surement plus que votre avorton, tout juste sorti de ces écoles prétentieuses. Ma Marie, sait ce que c'est de vivre à la dure et se débrouiller toute seule, elle n'a besoin de personnes pour lui dicter sa conduite. Elle est juste un peu émotive et apparemment vous l'impressionnez. Mais pas moi, alors vous allez repartir d'où vous venez, et ne plus jamais refaire surface! Je ne veux plus jamais vous revoir ! Maintenant dehors !

Elle me montre la porte et comme je ne bouge pas elle me pousse vers la sortie.

- Je vous ai dit de disparaître, vous n'êtes plus le bienvenu ici, du balai.

Elle continue de me pousser, mais je résiste. Comment ose-t-elle me virer ? Je suis stupéfait. Personne ne m'a jamais traité de la sorte.

Je lui attrape ces petites mains et les plaques contre moi.

- Vous êtes en train de me mettre à la porte ?

Elle relève les yeux sur moi, le regard déterminé.

- Oui, du balai ! vous, et vos théories fumeuses ! On vous appellera quand le bébé sera né !

Sa peau est douce sous mes doigts et je me laisse aller à rêver qu'il serait doux d'être aimé par elle. Elle n'est même pas la mère de tous ces gosses, mais elle s'en occupe comme si son avenir en dépendait. Il suffit que je critique sa pauvre petite-nièce et elle sort les griffes. Je l'attire un peu plus vers moi, je veux voir au fond de ces yeux, je veux savoir ce qu'elle pense vraiment. Elle a des yeux marron clair presque doré, brillant et plein de colère contenue. Pas une once de mensonge, d'hypocrisie. Elle me déroute, je n'arrive pas à la comprendre.

- Hors de question que vous me mettiez de côté, je vais parler à Éliott d'homme à homme et nous verrons bien s'il reste sur ces positions après.

Je la vois ricaner, un de ces sourcils se relève ironiquement.

- D'homme à homme, est-ce qu'une seule fois dans votre vie de père, vous l'avez fait. Est-ce que vous savez ce que sait que d'être parent ? Je n'ai pas l'impression moi. Vous ordonnez et il obéit la plupart du temps. Mais la donne a changé. Il va devenir père lui-même, et ne veux, surtout pas vous ressembler.

Je resserre mes mains sur ces poignées. Ce qu'elle vient de me dire me fait mal.

- Je lui ai toujours tout offert, les meilleures écoles, les meilleurs professeurs, il a tout eu dans la vie.

Elle secoue la tête.

- L'argent, l'argent, vous n'avez que ce mot à la bouche ! Moi je vous parle de sentiments, de discussions entre humains. Votre fils est quelqu'un de bien, mais il a un père qui le bouffe, qui se prend pour le roi du monde, mais vous n'êtes pas le roi dans mon monde. Chez moi il n'y a pas de roi, mais, des êtres humains avec leur propre choix, avec leur propre vie.

Elle arrête de parler, pour me regarder au fond des yeux.

- Est-ce que vous connaissez vraiment votre fils ? Moi en une semaine j'ai appris beaucoup sur lui. Est-ce que vous savez qu'il déteste le droit, mais adore l'histoire ? Il s'est inscrit à l'université en histoire pour l'an prochain. Mais il a trop peur de vous pour vous l'avouer. Est-ce que vous savez qu'il travaille depuis deux ans tous les soirs pour mettre de l'argent de côté et se payer ces études, parce qu'il sait que vous ne le suivrez pas dans ces choix ?

Elle vient de me sonner. Eliott ne veut pas faire de droit, il ne veut pas me ressembler ! C'est quoi ce bordel ?

Je la fixe, et la rapproche un peu plus de moi.

- Il est hors de question, que mon fils devienne comme vous et votre famille, à se contenter de vivre de rien. Il sera avocat un point c'est tout. Il fera ce que je lui dis de faire, et ce n'est surement pas une petite fleuriste des bas quartiers qui va changer cela !

Je fais une pause dans mon petit discours. Elle a les yeux grands ouverts, la bouche entrouverte, et le rouge aux joues.

- Je vais vous faire une dernière proposition. Ce sera la dernière, la prochaine fois, je serais moins conciliant. Je paie les études de toute votre marmaille ; si tant est qu'ils veuillent en faire, et vous poussez votre nièce à se débarrasser de nos petits soucis. Pour Éliott, je gère, ne vous inquiétez pas à ce sujet. Il fera ce que je lui dis de faire un point c'est tout. Comme il a toujours fait.

Je sens qu'elle tortille ses mains, mais je ne la laisse pas se libérer. J'aime la sentir à ma merci. J'aime être en position de force face à elle.

- Vous êtes un véritable mégalo, et vos menaces, vous pouvez vous les mettre où je pense. Il n'est pas né le type qui me fera faire ce que je ne veux pas.

Elle s'est dressée sur la pointe des pieds pour pouvoir plonger dans mes yeux. Elle est folle de rage apparemment. Ces lèvres bougent, sa mâchoire est crispée.

- Lâchez-moi ou ça va barder.

Je ne la lâche pas, bien au contraire. Et je fais ce que j'ai envie de faire depuis un petit moment. Je veux lui montrer que le chef c'est moi. Je me penche brusquement, et pose mes lèvres sur les siennes, durement. Je la sens qui s'arrête de respirer, elle ouvre la bouche et j'en profite pour l'assaillir. Je me doutais qu'elle était douce, mais pas à ce point. Je vais me régaler de la dresser celle-là.

Je continue de l'envahir, je ne la libèrerais que quand elle aura compris que c'est moi qui décide. Puis d'un coup, mon souffle vient de se couper. Une douleur intense et diffuse vient de m'envahir. Elle provient de mon entrejambe et remonte le long de tout mon corps. Elle comprime mes poumons et serre mon cœur. Mes yeux se sont ouvert d'eux-mêmes et croisent le regard satisfait, de mon désormais, ennemis n° 1. Mes jambes se dérobent sous moi et mes mains relâchent ces poignets pour se repositionner à l'endroit qui me fait le plus mal, mes couilles. Je n'y crois pas, elle vient de me donner un coup dans mes parties les plus intimes et apparemment elle en est toute fière. J'ouvre la bouche pour prendre le plus d'air possible, mais elle ne me laisse même pas le temps de me reprendre, je la sens qui me pousse doucement, mais surement vers la sortie. Je suis plié en deux et aussi féroce qu'un nouveau-né. Le froid du dehors m'envahit et le trottoir m'accueille moi et ma mallette. Elle a osé.

J'AIME PAS LES AVOCATSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant