Jour 68

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  Ce jour est un tournant.

C'est le premier jour où j'ai pensé que la tristesse pouvait me tuer, qu'elle pouvait me vider de toutes onces de bonheur, que plus jamais je ne pourrais sourire.

J'ai eu tellement de difficulté à sourire, Mark était l'un des seuls qui me donnait envie de me forcer à sourire, pour lui montrer qu'il comptait pour moi. Jamais auparavant je n'avais eu une ami comme lui, jamais je n'aurais pu me sacrifier pour quelqu'un, me jeter devant une balle pour sauver une vie.

J'aurais pu le faire pour Mark, j'aurai tellement aimé le faire.

Mais je n'ai pas eu le temps, je n'en ai pas eu l'occasion. Et maintenant c'est trop tard, il est mort.

J'aurais dû comprendre les arrières pensées de l'officier, qu'il agissait étrangement, qu'il n'était plus digne de confiance. Mais je n'ai rien vu. Je voyais seulement les sourires d'encouragement de mon ami, de mon meilleur ami. Et me sentir important à mener à la perte de cet être cher.

Alors je me sens coupable, j'ai été un outil dans la folie d'un homme, et deux personnes sont mortes.

Aujourd'hui j'ai écrit une lettre.

Je n'ai jamais écrit une seule lettre à ma famille depuis mon arrivé ici, et je n'avais personne d'autre à qui en écrire une. Mais aujourd'hui, pour la première fois, j'en ai écrit une.

Le destinataire était la fiancée de Mark, je lui ai exprimé mes condoléance, que j'aimais le blond, qu'il était une personne importante pour moi en plus d'être un bon soldat. Je lui ai dit qu'il était le meilleur homme que je n'avais jamais rencontré, qu'il méritait une autre vie, loin de la guerre et du sang. Puis j'ai conclu en lui disant que j'étais désolé. J'étais désolé de lui envoyer son fiancé dans une boite, avec un drapeau comme seule consolation.

Je n'ai jamais été aussi triste, aussi dévasté de toute ma vie.

Seul je n'aurai jamais pu remonter la pente, la culpabilité d'avoir perdu mon ami étant trop lourde. Mais je n'étais pas seul, Jayden était là.

Il m'a écouté parlé de mon ami, de mes sentiments, et de mon vide émotionnel durant de longues heures. Il m'a pris dans ses bras, posant des baisers sur ma tête, me chuchotant que tout finirait par aller mieux, que je surmonterai cette douleur un jour.

Et c'est là que j'ai changé, je suis devenu un autre homme, un homme ayant la peur au ventre de voir que les seules personnes qui l'entourent pourrait disparaitre. Alors j'ai commencé à pleurer, de lui dire de ne jamais mourir, que je n'y survivrai pas.

J'ai compris que je l'aimais, et cela depuis un bout de temps. Mais l'idée de la perdre devenait de plus en plus forte, et je n'arrivais plus à la supporter.

Il m'a ensuite promis qu'il ne m'abandonnera jamais, et il m'a dit qu'il m'aimait.

Nous avons ensuite fini la nuit dans les bras l'un de l'autre, faisant l'amour d'une façon si bouleversante que mon estomac se serre rien qu'en y pensant.

Mon ami est mort, et j'ai senti une partie de moi mourir avec lui.


AudreyPh18

Ce jour làWhere stories live. Discover now