Jour 1

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J'y suis, je ne peux plus faire marche arrière c'est impossible. C'est trop tard. Je suis là pour mon pays, pour être un héros aux yeux des citoyens, un soldat qui sera très certainement un futur cadavre.

  La guerre c'est moche je le sais, mais je suis là. Je ne sais plus si c'est pour fuir mon père, ayant la main trop lourde quand trop d'alcool a coulé dans sa gorge, ou si c'est pour le regard fier de ma mère quand elle a su que je serai un héros. Je ne sais pas. Mais ce dont je suis certain c'est que c'était une décision à chier.

  Alors me voilà dans une tente, seul pour le moment. Je ne connais personne et personne ne me connait. Je vais bientôt avoir un camarade avec qui partager ma tente, mais pour le moment je ne l'ai pas vu. J'ai fait le trajet avec plein d'hommes et une seule femme. Sur leur visage différentes expressions pouvaient se lire. J'ai lu la peur, la fierté, l'angoisse mais aussi l'ennui. Je ne sais pas comment on peut s'ennuyer dans un tel moment alors que sa vie risque de ne plus durer très longtemps.

  Je devrais être plus fort, surtout avec toutes les semaines d'entrainement que j'ai eu, des mois de mise en condition, physique et moral. Pourtant j'ai peur. Je ne veux pas mourir.

  Dans mon unité d'entrainement j'avais mes amis, mais maintenant je me retrouve seul. Nous avons été dispersés et j'ignore où ils sont à présent.

  Cela fait quelques heures que nous sommes arrivés sur le terrain. Dans un autre pays où je tuerai des êtres humains, peut-être mauvais ou non, mais je mettrai fin à leurs jours. Il y a de fortes chances pour que ce soit eux qui mettent fin aux miens.

  Quelques heures et je souhaite déjà partir. Je me sens à la limite de la crise d'angoisse, mon pouls est irrégulier et j'ai des sueurs froides. Je touche mon front et celui-ci est humide. La chaleur est insupportable et le sable entre dans mes vêtements, il s'introduit dans ma bouche et me pique les yeux.

  Je veux partir.

  Je pense aux longs mois que je vais devoir passer ici, n'ayant pas la possibilité de renter, sauf si je suis gravement blessé ou bien dans une boite.

  Bordel qu'est-ce que je fous là ?

  Quand je tends l'oreille je n'entends que des camions qui arrivent et qui repartent. Des hommes parlent fort et ne cessent de marcher près de ma tente. Je soupire et réalise que le silence risque de me manquer. 

  Les mains sont moites et salées, je ne peux même pas me frotter les yeux sans qu'ils ne me fassent mal.

  J'essuie mes mains sur mon treillis, puis touche du bout des doigts la plaque avec mon matricule qui pend autour de mon cou. C'est avec ça qu'on m'identifiera si on ne me reconnait pas, si on ignore qui je suis.

  Je ne sais pas où cela mènera, mais j'ai peur.


Voilà pour le premier "chapitre" n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !

AudreyPh18

Ce jour làWhere stories live. Discover now