Jour de pluie (Ame no Hi)

18-19 [Akira et Eiji]

18{Eiji}
                                25 décembre 2013,


Mitsukane Eiji, 16 ans et demi, 1m75, 60 kilos environ,
Né le 12 avril 1997 à l'hôpital de Kyoto.
Fils de Mitsukane Hiro et de Sekime Asuna.
Ma mère est décédée quand j'avais cinq ans, assassinée sauvagement par un ancien de ses camarades de classe, le jour du retour de mon père, qui, tentant de la sauver, mit malencontreusement ses mains sur l'arme du crime. La voisine qui alerta la police l'accusa, et il fut jeté en prison.
Quand à moi, j'ai été emmené dans une famille d'accueil. Un père de trois enfants, très dévoué, sage et patient, décida de me recueillir. Jusque là, tout aurait pu bien se passer. Une nouvelle école, plein d'amis. Il faut dire que j'étais plutôt sociable, jusqu'à mon arrivée en deuxième primaire.
Un élève transféré est arrivé, et j'ai voulu devenir son ami.
C'est bête, mais c'est ça, l'événement qui à bouleversé ma vie.
Ce garçon était comme moi, sans parents. Seulement, sa vision des choses était littéralement l'inverse de la mienne.
J'ai appris par la suite qu'il avait été abandonné avec sa soeur d'à peine un ou deux ans.
Par la suite, il avait commencé à détester tout le monde. Il n'avait confiance en personne, et aveuglé par la haine, voulait noyer quelqu'un dans le malheur, comme pour se rassurer.
« Si c'est lui et non moi, c'est que je suis plus heureux que lui », c'est ça?
Et moi, je me suis entièrement fait avoir.
Peu à peu, il a commencé à manipuler les autres, et moi, sans rien comprendre, je suis lentement devenu la personne détestée.
Dès qu'il arrivait quelque chose, les autres se moquaient de moi. Ils cachaient mes affaires, me donnaient toujours les corvées les plus désagréables, mais je n'ai rien dit.
Le calvaire réel n'a commencé qu'au collège. Les gens sont devenus beaucoup plus méchants, d'un coup, comme si tout leur stress, ils me le rendaient en sales coups. Toute l'école se prêtait au moins un peu au jeu, et nos professeurs confinaient les horreurs qu'ils voyaient dans l'enceinte de l'école sans rien faire juste pour protéger leur réputation.
En groupes, les élèves de ma classe lançaient d'immondes rumeurs sur moi, et chaque jour, aller à l'école devenait de plus en plus dur. Mais je n'ai rien dit, car je ne voulais pas déranger ma famille adoptive. Les deux fils étaient dans la même école que moi, mais le plus jeune me détestait, alors il n'a rien dit. L'autre était, comment dire, dans un autre monde. Il est muet, mais il a toujours été adorable avec moi.
Je passerai les détails de cette époque, mais le pire a quand même été le lycée. Je n'y suis resté qu'un an et demi, jusqu'à ce que, poussé dans les escaliers du troisième étage par un garçon de ma classe, me fasse sortir de cette école. J'aurais pu y laisser ma vie, mais je dois dire que je n'y tenais pas vraiment, à ce moment là.
Puis je suis arrivé à Appollonia, et je l'ai rencontré.

Voilà ce que j'ai raconté à Akira.

Je n'ai bien sûr pas mentionné les nuits que j'ai passé à pleurer, les blessures que je me suis moi-même infligées, les horreurs que j'ai entendues, toutes les choses que j'ai du endurer, et je ne sais pas si un jour je lui dirai...
Mais c'est probablement lui raconter ça qui l'a le plus rapproché de moi.

J'entre dans la maison, le hall est rempli d'une odeur enivrante, et mon père vient m'accueillir. C'est Noël, je suis à Kyoto, et j'ai emmené Akira avec moi.
- Eiji! Tu devrais venir plus souvent nous voir!
Il se tourne vers Akira.
- Enchanté. Tu dois être Akira, si je me souviens bien.
L'intéressé rougit, comme toujours d'ailleurs, et ils se serrent la main.
- Bienvenue chez nous!













19  {Postface}

{Akira}

                      Premier janvier 2017,

Après ça, des tas de choses sont arrivées. Des bonnes et des mauvaises choses, des choses que j'ai envie de raconter, et d'autres que je préfère oublier, mais ce qui est sûr, c'est que nous avons bien avancé depuis ce moment-là.
Je n'aurais jamais imaginé ce que Eiji avait à me dire avant qu'il le fasse, ni l'influence que ça aurait sur moi maintenant que, au moins un peu, je peux porter son fardeau avec lui.
Je resterai là, pour rendre sa vie heureuse.
Maintenant et pour toujours.
Sincèrement,
Akira.