Alpha [My Hero Academia] (En Pause)

Chapitre 10.

Tadashi, toujours assis à ce bureau, trifouillait les fils de ses écouteurs, n'ayant aucune autre occupation possible. Autour de lui, les quelques adolescents restants s'ennuyaient tout autant, laissant planer ce silence pesant dans le réfectoire bien trop grand. A intervalles plus ou moins réguliers, Monsieur Iida refaisait apparition, une liste dans la main et son éternel expression glacée sur le visage :

« Kitai Nioi, énonça-t-il cette fois-ci. »

A ces mots, un jeune garçon quitta son siège pour suivre le professeur vers une pièce adjacente, là où se déroulaient les entretiens. De taille moyenne, ses jambes semblaient flageller de peur et la crispation de son dos trahissait sa crainte. Contrairement à celui-ci, Tadashi ne ressentait pas de tract, ni de stress, trop occupé à ressasser son épreuve écrite, se demandant s'il avait bien rempli les cases de ce simple questionnaire à choix multiple.

Ses doigts se mêlèrent entre les fils noirs, abîmant leur câble en les enroulant sur eux-mêmes, leur faisant prendre de vagues formes géométriques. Il ne soupira pas, taisant son ennui dans son éternelle expression neutre. Quelques mèches brunes pendaient sur son front sans que cela ne le dérangeait. Si sa mère le tannait pour qu'il aille chez le coiffeur, l'adolescent préférait rester ainsi, la coquetterie ne faisant partie de ses traits de caractère. Ses yeux d'un marron profond, et dont l'iris blanc se parcouraient de quelques vaisseaux rougeoyants, fixaient d'un air pensif l'objet de son occupation.

« Tadashi Okumi. »

A l'entente de son nom, l'appelé rangea ses écouteurs, attrapa son sac et quitta son bureau isolé sous les regards envieux des trois derniers adolescents, qui attendaient patiemment leur tour depuis une bonne heure. De son regard neutre, l'homme au costume bleu suivit le long trajet du garçon, entre l'assemblée de chaises et la porte, sous le bruit répétitif du couinement de ses semelles. Enfin arrivé à son niveau, il tourna le dos au jeune homme et quitta le réfectoire, l'incitant à le suivre.

Tadashi obéit sans dire un mot et emboîta le pas de ce professeur à la démarche rigide. Contrairement à ce qu'il avait pensé, la salle des entretiens était plus éloignée du réfectoire et le chemin silencieux dans le dédalle de couloirs se fit rapidement long.

Enfin, ils arrivèrent devant une salle de classe, probablement celle vidée de ses bureaux à l'occasion de l'examen. Il n'y restait plus qu'une table, plantée en plein milieu de la grande pièce, où deux chaises se faisaient face. Monsieur Iida invita Tadashi à entrer et à s'asseoir sur l'un des sièges avant de prendre lui-même place sur l'autre. Le garçon fronça les sourcils, ses poumons venaient de se remplir d'un air nauséabond et très désagréable alors qu'il venait à peine de franchir le pas de la porte.

« Excusez-moi pour l'odeur, lui dit alors l'homme en remarquant sa moue dérangée, le candidat précédent ne m'avait pas prévenu de la nature de son alter. Vous pouvez ouvrir les fenêtres, s'il-vous-plait ? »

Sans même un autre regard, il se saisit d'un dossier, qui s'avérait être la paperasse préalablement remplie il y avait deux heures, et le parcourut du regard, sans un mot. L'adolescent exécuta la demande et vint tirer les battants d'une des immenses baies vitrées, laissant l'air frais remplacer la forte puanteur, et permettant à son regard d'admirer le paysage.

Paysage peu envieux puisque, s'étendait devant lui, un bout de jardin, aux plantes légèrement verdoyantes et bloqué, une cinquantaine de mètres plus loin, par les murs de béton entourant les tours, suivi de ceux d'un autre bâtiment, visiblement plus moderne. Malgré la distance, le jeune garçon n'eut du mal à y deviner des bureaux remplis d'animation et de mouvements. Il observa encore un moment ce panorama qui s'offrait à lui avant de venir s'assoir sur la chaise de métal qui lui était destinée.