Chapitre 8.

550 65 19
                                    


Tadashi descendit du métro, son sac sur le dos et une éternelle expression neutre sur le visage. Autour de lui, des adultes en costumes et des civils, parfois accompagnés d'enfants, se pressaient vers la sortie, plusieurs se faisant parfois interpellés par les forces de l'ordre qui grouillaient parmi eux. Il lui fallut trois contrôles de sac et de carte pour que le garçon puisse enfin voir la lumière du soleil. Les rayons clairs du début d'après-midi le forcèrent à plisser des yeux, étant trop longtemps resté dans l'obscurité des souterrains, quatre heures environ.

Quand il fut habitué à la clarté, Tadashi pu enfin admirer l'architecture des tours de bétons qui s'élevaient autour de lui. Rares avaient été les fois où il s'était rendu en ville et cela lui donnait tout de même une étrange sensation de dépaysement. Là où il avait coutume de voir des petites maisons simples, entourées de jardins fleuris, s'étalaient de hautes bâtisses bordées de routes et de trottoirs bétonnés. Ce qui différait le plus de sa calme banlieue était le nombre démesuré de militaires qui arpentaient les boulevards, taser à la ceinture.

L'adolescent ne s'attarda pas plus à observer cet oppressant paysage et tourna rapidement les talons, ne voulant subir un quatrième contrôle. Toute personne restant immobile dans un lieu public aux heures de pointe était suspecte, même un gamin de quinze ans.

Ayant mémorisé son trajet par cœur, Tadashi empruntait les grandes allées grises d'un pas étonnement assuré. Les écouteurs vissés dans ses oreilles, il aurait été difficile de penser que le garçon ne s'était jamais aventuré seul dans la ville, tant il se fondait bien dans la maigre foule aux visages moroses.

Par moment, le garçon se permettait de laisser vagabonder son regard, dévisageant ces faces inconnues. L'heure de début d'après-midi lui fit croiser plusieurs femmes et hommes en costards, rentrant de leur pause déjeuner, des enfants aussi, accompagnés de leurs parents ou nourrices, retournant à l'école, léger spectacle d'un quotidien rempli d'innocence. Il aperçut également des adolescents sortant faire les boutiques, des couples se tenant amoureusement main dans la main, d'autres entamant une discussion houleuse, quelques personnes ayant commencé l'apéritif trop tôt, un clochard encapuchonné portant de lourds sacs d'objets récupérés... Ainsi que des dizaines de militaires fixant les passants de leurs regards froids et calculateurs.

Mais, plus il avançait sur son chemin, moins il croisait de monde, s'éloignant de l'épicentre de la ville tout en pénétrant dans son cœur. L'adolescent remarqua ce détail, mais n'en fit rien, se contentant de marcher tout en notant le nombre décroissant d'uniformes kaki, ce qui ne lui déplut guère.

Après une vingtaine de minutes de marche, Tadashi s'arrêta enfin devant un portail.

D'une taille exagérément immense, il donnait au garçon une sensation de minuscule, lui qui était posté face à ses grandes portes de fer solidement fermées. Le portail aurait pu aspirer admiration ou crainte, dû à son imposante stature et à son lourd alliage de métaux, mais il ne respirait rien d'autre qu'une fade grandeur appuyée par son triste état. Les intempéries des années commençaient à cailler la vieille peinture bleue de son cadre tandis que de la rouille se formait doucement sur le fer de ses portes. Même les murs de béton entourant ce dont il était la seule entrée se retrouvaient victimes du temps, couverts par endroit de crasse et ainsi que de tags insultants. Deux lettres à la couleur jaune usée surplombaient avec une maigre fierté le cadre du portail, un A et un U habilement emboités, formant le blason qui avait été imprimé sur sa lettre d'examen d'entrée.

Pas de doute, le garçon était bien arrivé à destination.

Tadashi ne trouva pas l'interphone qui lui aurait permis de passer ces portes blindées, seulement une pancarte de la taille d'une feuille A4 où était imprimé un simple « Pousser pour entrer ». Le garçon observa alors une ligne coupant l'un des lourds battants en une autre porte de taille plus raisonnable. Il posa alors ses deux mains sur cette partie du portail et appuya dessus. A son grand étonnement, la porte dérobée coulissa avec facilité, lui permettant de rentrer dans l'enceinte des murs de béton.

Après avoir refermé derrière lui, le garçon se retrouva sur une longue allée de ciment. Trop large pour une seule personne, elle était bordée de bancs salis par la pluie. De chaque côté s'étendaient deux petites plaines mal entretenues, couvertes d'herbes jaunes et de rares arbres défraichis, des troncs coupés sortaient parfois de la terre sèche ainsi que quelques souches à l'écorce brûlée.

En avançant seul sur cette allée déserte, le garçon observait avec curiosité le haut bâtiment qui se tenait devant lui.

Alors que les vieux journaux et magazines, qu'il collectionnait en cachette dans les tiroirs de sa chambre, lui avaient montré une immense bâtisse s'élevant jusqu'à une quinzaine de niveaux, Tadashi se trouvait face à quatre tours de cinq pauvres étages aux murs salis. Leurs toits semblaient avoir été arrachés, dévoilant les barres métalliques de leurs squelettes de fer qui montaient vers le ciel tels des bras implorants. L'une des tours, reliées entre elles par des passerelles impraticables, était dans un état plus déplorable que les autres. Presque totalement effondrée sur elle-même, elle était dénuée de toute vitre et porte, comme une bâtisse abandonnée. Une fine et inutile rubalise flottant au vent interdisait à quiconque d'y entrer. Les trois autres tours n'avaient pas non plus fière allure, couvertes de traces de suie et, par endroit, écroulées. Seule la première se présentant à la droite de l'allée semblaient encore stable, plus propre que les autres, possédant toutes ses vitres malgré son toit arraché.

Marchant encore sur la longue allée, Tadashi arriva au niveau d'une petite pancarte accrochée sur le dos d'une chaise. « Examen d'entrée, bâtiment 1, réfectoire » y était imprimé.

Les yeux du garçon passèrent rapidement sur la feuille pour revenir sur l'architecture des bâtiments. S'il ne savait où il était, il aurait sûrement pensé que cet endroit était abandonné, pauvre vestiges
de moult évènements tragiques. Chose étrange, les quelques hectares abritant la bâtisse et son maigre terrain défraichi était entouré de hauts immeubles en parfait état, presque neufs, appuyant sur l'aspect délabré de l'endroit.

Le regard encore accroché sur ces murs détruits et salis, le garçon se dirigea vers le bâtiment indiqué par la pancarte, le plus propre des quatre. Rabattant son attention sur son examen, Tadashi se décida à entrer à l'intérieur de cette étrange tour et poussa la porte d'entrée.

Alpha [My Hero Academia] (En Pause)Where stories live. Discover now