Prologue. Il s'était battu pour l'Angleterre

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Il s'était battu pour l'Angleterre. Était mort bravement sous les yeux horrifiés de Lizzie.
Lizzie... Elle avait probablement épousé le colonel Darcy depuis. Qu'ils vivent heureux. Ils avaient leur bénédiction.
Nicolas ouvrit les yeux et soupira, heureux. Un couple était né grâce à lui –enfin presque, mais on n'allait pas chipoter. Il pouvait être fier de lui et continuer à être mort tranquillement.

Un mort le bouscula et lui jeta un regard noir avant de poursuivre sa route. Une minute, quelle route ?! Il se redressa brusquement, regarda autour de lui. Des files et des files de fantômes déambulaient vers un seul et unique point -lequel ? il était trop loin pour le voir-, mornes et silencieux, taciturnes comme pas deux. Il fronça les sourcils. Où était-il ? Depuis combien de temps ?

— Hey toi ! lança-t-il à un inconnu qui gémissait et agitait ses mains, terriblement convaincant. Où sommes-nous ?

L'autre s'arrêta net, le foudroya du regard et reprit sa complainte, ses chaînes cliquetant avec entrain. Nicolas soupira. Avant de faire un bond de trois mètres. Sur sa gauche, le Styx s'étirait voluptueusement, charriant avec lui des milliers d'âmes qui n'avaient pas pu payer leur passage. Au-dessus de l'eau morbide, sur une barque noire, Charon le regardait d'un œil sombre, appuyé sur son long bâton qui fendait les flots d'âmes. Nicolas recula de trois pas, effrayé, et heurta encore un autre fantôme. Il se retourna, prêt à présenter des excuses -ça n'avait pas l'air d'être le genre de la maison, mais qui sait ?... et hoqueta de surprise et de terreur mêlées.

Devant lui, l'ange de la mort le fixait, imperturbable, sa mantille noire recouvrant presque entièrement son visage décharné. C'était une femme, hideuse, effrayante, qui paraissait se délecter de la peur qu'elle inspirait aux pauvres créatures qu'elle dominait.

— Azraël. Viens là.

Sans un mot, la femme fit demi-tour et se dirigea d'un pas égal à lui-même vers un trône aussi noir que l'encre, situé sur les hauteurs, surplombant la cohorte de fantômes qui se pressaient là sans but. Nicolas déglutit. Là-haut, face à lui, le maître des Enfers dominait la scène sans un regard pour lui, pauvre mort supplémentaire. L'homme semblait bel et bien vivant, et son costume sombre le rendait énigmatique autant qu'inquiétant. Sourcils froncés, il balayait du regard le spectacle de désolation sur lequel il régnait depuis des siècles.

— Qu'est-ce que je viens faire là moi ? gémit Nicolas en se prenant la tête, accablé.

— Ah merci, c'est la question que je pose depuis dix ans ! rugit le fantôme près de lui en secouant de plus belle ses chaînes.


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Au Cœur des Enfers ~ Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant