chapitre 25.

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La Barbade. Je n'avais jamais entendu parler de cet endroit, mais je suppose que c'est dans les îles puisque c'est là qu'on avait envisagé de vivre.

-C'est comment là-bas, demandais-je tout en regardant le blond s'habiller.

-C'est une petite île, avec moins d'un million d'habitant. Il y fait toujours chaud, et d'après le capitaine, les gens sont aussi chaleureux que la température. C'est une colonie anglaise, alors il y a des européens et des Africains sur l'île. Ce sont des esclaves qui ont été déporté là-bas. Il y a encore de l'esclavage sur l'île, mais c'est sur le point d'être aboli.

L'idée de vivre dans cet endroit me plaît bien. Je pense que les gens nous accepterons, parce que comme eux, nous avons la racine et le sang africain qui coule en nous. En sachant ce que John à fait pour nous, les gens le respecteront. Ils verront que c'est un homme bon, et il aura lui aussi sa place.

-Tu pourra quand même faire du commerce ?

-Oui, je vais continuer la production de coton, mais je veux aussi me lancer dans la production de boisson alcoolisé.

-C'est bien.

L'idée que John puisse continuer ses commerces me ravit. Je sais qu'il aime ça, mais je doute que ce sera facile. Il devra se faire accepter par les gens qui vivent là-bas, se faire de nouveau clients, et faire des boissons satisfaisantes. J'espère que les gens ne seront pas offensés de voir un caucasien leur faire de la concurrence.

-Et pour ma famille, comment je vais faire pour les voir ?

-C'est le seul problème. Le capitaine va bientôt partir en Afrique pour faire du commerce. Il va accoster pendant quelque semaine au Sénégal, mais il n'y restera pas longtemps. Tu pourrais l'accompagner, mais c'est un voyage qui dure trois mois au total.

Ça l'air long. John ne sera pas avec moi, et je serais probablement tout seul. Il faudra que je me débrouille en arrivant au Sénégal. Il va falloir que je retrouve mon village, passer du temps avec ma famille et revenir à temps pour ne pas manquer le départ du capitaine.

-J'ai quand même envie d'y aller.

-Je ne te retiens pas chéri, mais sache que ce sera le dernier voyage du capitaine en Afrique. Alors...

-C'est soit la dernière fois que je vois ma famille ou...

J'ai du mal à dire les mots à voix haute, et John aussi. Ce sera la dernière fois que je verrais ma famille, et qui sait si je pourrais le supporter ? Si je reste avec eux, John aurait fait tout ce sacrifice pour rien. Il serait dans un nouveau pays, loin de son habitude et il va devoir s'adapter, et ce serait sans moi. Je trouve ça égotiste, mais n'est-ce pas aussi le cas envers ma famille ? Ils me verront pour la dernière fois et ils vont devoir vivre avec ça. Ils vont me perdre eux aussi. Comment vont-ils accepter la situation ? Ils vont savoir que leur fils est en vie, mais qu'il va vivre loin d'eux et qu'il va refaire sa vie. Ce sentiront ils abandonné, rejeté ? Maintenant j'ai peur de leur réaction.

-Je ne sais plus quoi faire John. Je crois vraiment qu'on sera bien à la Barbade, mais... ma famille...

-Je ne t'en voudrais pas si tu restes avec eux. Tu les aimes, et même si tu m'aimes aussi, une famille ne se remplace pas.

-Toi non plus tu n'es pas remplaçable.

-Ne te tracasse pas chéri, reprend le blond, allons plutôt annoncer la bonne nouvelle aux autres.

John quitte la chambre et fait rassembler tout le monde. On est tous assis dans la cour arrière, et je peux clairement voir de l'incompréhension sur le visage des gens. On ne s'est jamais réuni pour quelque chose d'aussi sérieux depuis mon arrivé, et d'après ce que je sais, la dernière fois que c'est arrivé, c'était pour l'assassinat de l'ex-amant de John.

John commence à parler et plus il parle, plus je vois le soulagement sur leurs visages. À la fin de son discours, certains pleure, et d'autre prie. Plusieurs chantent et d'autre danse. Leurs sentiments sont palpables à travers la cours, et c'est une soirée que je n'oublierais jamais. Ces gens sont enfin libres, ils peuvent enfin recommencer une vie ailleurs, avec leur famille et des amis. Ils pourront avoir des enfants sans se soucier qu'ils soient eux aussi esclave. Même si John était un bon maître et qu'il prenait soin de nous, ce n'était pas une vie. Personne ne désire vivre dans ses conditions. On n'aimait pas être entassé dans une cabane, sans intimité, avec le froid la nuit et la chaleur suffocante en pleine jour. C'était épuisant de travailler dans le champ malgré que John ait mis le nécessaire pour nous soulager de la chaleur. Et quand John était parti et qu'on vivait avec son père, personne n'aimait vivre dans la peur de se faire battre ou tuer. Maintenant, c'est fini tout ça. On est libre.

Il y a de la danse, des chants, des cris de joie, des larmes de joie et des mots de reconnaissance. À ma grande surprise, John précise le fait que c'est grâce à moi qu'on va vire ailleurs. Que c'est parce qu'il m'aime et qu'il veut nous offrir une seconde chance qu'il est prêt à tout abandonner ici pour aller vivre sur l'île. En disant ces mots, il vient de dire clairement que lui et moi avons une relation. Il précise même que je suis son amoureux, et qu'il aimerait que je sois son mari. Je ne peux retenir mes larmes en entendant ces mots, et mon cœur se remplit de joie et de reconnaissance.

Les gens remercient John et lui exprime leur gratitude. Ayat est même parti faire ses valises, ce qui nous fait tous rire. Notre départ est prévu pour deux mois. John doit mettre la maison en ordre pour sa mère. Elle veut rester vivre ici même si elle à sa propre maison à New York. Mon blond trouve que c'est une excellente idée, il pourra toujours revenir ici s'il revient aux États-Unis. Il doit finir de vendre ses cotons et finaliser l'achat d'une terre à la Barbade. Grâce aux contacts du capitaine et à ses amis sur l'île, il nous assure une grande terre où John pourra cultiver ce qu'il voudra. Étonnement, le blond lui fait confiance.

La fête continue tard le soir. John est tellement heureux qu'il donne de l'eau de vie pour fêter l'événement. Moi je suis heureux, mais mitigé. Ces gens aussi sont loin de leur famille. La plupart des hommes ont dû quitter leur femme et leur enfant. La plupart des femmes ont tout simplement jeté leur nouveau-né pour leur éviter cette vie. Elles ont dû commettre ce crime pour le bien de leur enfant. Je me demande si elles regrettent. Si elles savaient, elles auraient surement gardé leur enfant. J'ai mal pour eux. Je me demande aussi comment mes parents vont réagir en me voyant. Je sais qu'ils seraient heureux, mais ils vont perdre leur fils. Ils ont déjà perdu mon frère jumeau, ils ne peuvent pas me perdre moi aussi. Je serais vivant, mais loin, très loin. Et ce serait aussi douloureux pour eux que pour moi. Serais-je prêt à les quitter quand je les verrais ?

Let me break your chains... [bxb, terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant