Chapitre 4.

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-Mboutu réveil toi !

Quelque chose me secoue et quelqu'un me parle. On me secoue encore plus fortement avant que de l'eau froide me force à ouvrir les yeux. Je ne comprends pas ce qui se passe, ni pourquoi il y a plusieurs personnes qui me regarde, ni pourquoi j'ai aussi mal. J'ai tellement mal que j'ai l'impression qu'on m'a enlevé de la peau et qu'on déchire ma chair. J'ai tellement mal que je hurle, je ne peux pas m'en empêcher. Mon dos et mon torse me font souffrir le martyr. Je n'ai jamais eu aussi mal de toute ma vie, et quand je me rappelle pourquoi j'ai si mal, je deviens pithiatique. Tout est à cause de John. Il m'a fouetté jusqu'au sang, sans aucun remord. Je hurle et je ne peux pas m'en empêcher. Je veux juste que cette douleur parte et que ma vie redevienne comme avant. Je pleure, je crie et même si les gens essaient de me calmer, je n'y arrive pas. Une vieille femme apporte quelque chose de chaud à mes lèvres et me fais signe de boire. Je ne sais pas pourquoi je dois boire, mais je bois parce que j'espère que ça va faire partir la douleur. Je bois tout même si c'est amer. Malheureusement, cette boisson ne m'aide pas et je continue de hurler. J'ai mal à la gorge, j'ai mal à la tête, je me sens faible et mon dos me torture. Je n'en peux plus.

-Mboutu tu dois manger, dit une jeune fille, et je m'en rends compte que c'est Maïa.

-J'ai mal.

-Oui je sais.

-Fait en sorte que ça s'arrête.

-Ça va s'arrêter, tout va bien. Le docteur a pris soin de toi, maintenant il faut manger.

-Je n'ai pas faim.

-S'il te plaît mange Mboutu, si tu veux que ça s'arrête, mange.

Alors j'accepte, car je suis prêt à tout pour faire partir cette douleur. Je bois la soupe et le bouillon qu'on me donne. Je bois les médicaments bizarres qu'on me donne. Je prends tout pour que ça part, mais ça ne part pas. Je n'en peux plus.

-Dors maintenant, à ton réveil ça va se passer.

-Je ne peux pas dormir.

Les gens autour de moi me regardent avec inquiétude. Ils n'ont pas pitié, ils sont inquiets. Ils me parlent, mais je ne les comprends pas et ça me donne mal à la tête.

-Je veux être seul, s'il vous plaît, laissez-moi seul.

Maïa acquiesce et sort avec les autres. Je me retrouve donc seul. Je continue de pleurer, mais ce n'est plus à cause de la douleur, je pleure à cause la rage. Je suis en colère, j'ai honte et j'en veux à John. Il m'a humilié. À cause de lui, tout le monde m'a vu misérable. À cause de lui j'ai mal. J'ai tellement mal.

J'ai envie de savoir qui est le médecin qui m'as soigné, car visiblement, nous n'avons pas de médecin dans cette maison. Je veux savoir combien de temps j'ai dormi, alors je frappe contre le mur pour avertir quelqu'un. Heureusement, c'est Maïa qui rentre dans la cabane. Elle me sourit tristement et s'assoit près de moi en me caressant les cheveux. On dirait une grande sœur.

-J'ai dormis combien de temps ?

-Deux jours.

-C'est beaucoup, dis-je difficilement.

-Oui mais tu en avais besoin.

-Ce n'est pas faux, c'est qui le médecin qui m'as soigné ?

- T'es sûr que tu veux savoir ?

-Dit moi Maïa.

-C'est un médecin que John a fait venir. Il avait peur que tes blessures s'infectent.

-Je ne veux pas de son aide.

-Je sais.

-Alors pourquoi tu l'as laissé faire ?

-T'en avais besoin.

Ça m'énerve que John ait aidé. Je n'avais pas besoin de son aide et je ne lui ai rien demandé. C'est lui qui m'as mis dans cet état et maintenant il veut m'aider ? Qu'est- ce qui ne vas pas chez lui ?

- Les gens ne lui parle plus maintenant, les choses ne sont plus pareil depuis ce qu'il a fait. Il s'est excusé, mais les gens ne l'écoutent pas.

-Je doute qu'il soit sincère.

-Il l'est. Je sais que tu le déteste, mais il est vraiment sincère. Il a eu peur quand il t'a vu tomber par terre et il m'a supplié de bien prendre soin de toi. Il avait peur que tu ne te réveil jamais.

-Sors d'ici Maïa.

Elle ne dit rien et sort. Je n'ai pas besoin d'entendre ce qu'il a fait, ni de savoir comment il se sent. Je ne veux pas savoir qu'il a eu pitié de moi au point d'appeler un médecin pour me soigner. Je n'ai pas besoin de lui, je ne veux pas le voir, je ne veux rien savoir de lui. Cet homme me gâche la vie. Malheureusement, cette personne indésirable ne me laisse pas tranquille puisque je vois les chaussures brunes de cheveux dorés rentrer dans la cabane. Il me regarde et me contourne pour prendre une chaise, ensuite il s'assoit devant moi. Devant mon visage. Il me regarde, moi, couché sur le sol avec des bandages sur le dos et complètement vulnérable. Je ne supporte pas de le voir alors je lui hurle de sortir de la cabane. Je deviens hystérique tellement que j'ai envie qu'il parte, mais il reste assis. Il ne dit rien, il se contente de me regarder. Il n'a plus son sourire sur ses lèvres et tant mieux, je ne l'aurais pas supporté. Je ne peux plus le voir, mais je ne peux pas le faire sortir alors je tourne la tête. Je ne le regarde plus, je ne veux plus voir ses yeux. Je ne veux plus voir la pitié et le regret qui habite ce regard.

Alors on reste là, silencieux, lui il me regarde et moi je regarde le mur avec les larmes aux yeux. Je suis en colère, j'ai honte et je ne peux pas me libérer de ses sentiments. J'ai besoin de ma famille plus que tout maintenant. Ils m'auraient soigné, ils m'auraient supporté et ils m'auraient montré leur amour. Mais je n'ai pas tout ça et ça me tue. Ça me tue encore plus de sentir le regard de John sur moi, le regard de ce blanc, de mon maître. C'est avec ces pensées que je m'endors, honteux, fatigué et tétanisé par la douleur.

Let me break your chains... [bxb, terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant