2/ ...et aussi le mien.

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Après la mort de Maribel, il y a maintenant deux ans, la vie n'a pas été simple. Nous avons déménagé trois fois, j'ai changé de travail quatre fois et Noëlie est toujours Noëlie. Malgré les hauts et les bas, elle reste ma petite chipie aux cheveux sombres et aux yeux verts malicieux. Lorsque je la vois tous les matins, mon cœur se réchauffe de bonheur et je me dis que tout ce que je fais, je le fais pour elle.

L'appartement que j'ai trouvé, dans cette petite ville des Vosges, est bien pour nous deux. Il se situe à côté de l'école et des commerces, presque en plein centre-ville. Il est spacieux, comporte deux chambres et a un espace de vie assez grand. Noëlie était si heureuse d'avoir enfin sa propre chambre. On a passé deux jours à l'aménager comme elle le souhaitait. Le travail, lui, est intéressant, avec des horaires parfaits pour récupérer Noëlie à l'école... enfin ça, c'était sur le papier. En juillet, j'espérais que l'on allait enfin pouvoir se poser et reconstruire quelque chose de durable. Sauf que, depuis la rentrée, je n'arrive pas à être à l'heure pour la récupérer à la sortie de l'école. Il y a toujours un appel téléphonique de dernière minute, un rapport à rendre, une réunion qui s'éternise, un collègue qui a besoin d'aide ou tout simplement moi, qui ne sais pas être à l'heure...

Le premier jour, Noëlie m'a attendu sagement dans la cours assise sur un banc, puis le second, puis le troisième... Je me suis fait gronder comme un enfant par Monsieur Pinson et sa maîtresse, Madame Lafargue, qui m'ont gentiment dit de prendre une nounou si je n'étais pas capable de venir chercher ma fille à l'heure. Je me suis senti si misérable, mais Noëlie m'a dit :

— Tu sais Papa, c'est pas grave, j'aime bien l'air de la montagne.

Les parents de Sabrina, sa nouvelle meilleure amie, m'ont proposé de la récupérer et de l'inscrire au cours de danse avec leur fille. Une bonne idée. Noëlie semblait avoir très envie d'apprendre la danse classique. Mais avant que je ne puisse décider de la meilleure solution, Noëlie en a trouvée une autre.

La première fois que je suis arrivé à l'école et que Monsieur Pinson m'a dit que Madame Claudel avait récupéré ma fille comme d'habitude, j'ai été surpris. J'ai décroché mon téléphone pour l'appeler. Nous n'avions pas prévu que Noëlie irait chez eux ce jour-là. Elle m'a confirmé qu'elle n'était pas avec Sabrina et qu'elle devait juste la déposer devant chez elle, car j'étais à l'appartement en train de travailler. Pris de panique, j'ai remercié Eugénie et j'ai couru à l'appartement, sauf qu'en arrivant devant la pâtisserie en bas de chez nous, je l'ai vue : assise à une des petites tables du salon en train de boire un grand verre de lait. Je suis rentré, essoufflé de ma course, et Noëlie m'a accueilli avec son grand sourire.

— Papa !!

J'ai alors rencontré Louisa. Une jeune femme magnifique aux longs cheveux blonds attachés en chignon et aux yeux bleu translucide. Elle m'a dit s'occuper avec son frère de la pâtisserie et qu'elle avait été surprise de voir rentrer Noëlie seule. Mais la petite demoiselle lui avait certifié qu'elle devait attendre ici que son papa vienne la chercher. Comme elle était si sûre d'elle, Louisa lui a donné un verre de lait et quelques biscuits aux amandes. J'ai récupéré ma fille en remerciant chaleureusement Louisa et j'ai payé avant de partir.

Une fois à la maison, j'ai grondé Noëlie, mais elle m'a certifié que le plus simple maintenant, ce serait qu'elle ait un double des clés pour que la maman de Sabrina la dépose et qu'elle m'attende à la maison. Devant tant de maturité, j'ai été désarmé, puis j'ai dit non.

— Tu ne peux pas rester toute seule à la maison.

— Pourquoi ?

— Parce que tu dois être constamment en présence d'un adulte.

L'amoureux de NoëlWhere stories live. Discover now