1/ C'est mon amoureux...

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- Vous avez bien compris ? Pour demain, merci de bien recopier les mots qu'on a notés ce matin.

- Oui, Madame Lafargue.

Alors que la sonnerie retentit, je mets mes affaires, me dépêche de quitter la classe et de me ranger dans le couloir. Madame Lafargue nous crie de ne pas courir et de bien nous mettre deux par deux. J'attends en tapant du pied. Que les autres sont lents ! Ma copine Sabrina me rejoint en me parlant de son cours de danse. Au début, moi aussi je voulais faire de la danse. Mais plus maintenant.

Enfin on sort dans la cour, il fait froid et de plus en plus gris dehors. Je trouve que ça sent la neige. J'adore la neige. Je peux mettre mes grosses bottes roses à pompon, mon bonnet arc-en-ciel et mon écharpe beige toute douce. Et puis on fait des bonshommes de neige. C'est cool les bonhommes de neige.

Quand j'écoute les conversations des grands, beaucoup disent que le temps est « morose ». J'ai demandé à Papa ce que voulait dire « morose » et je trouve pas que décembre soit un mois morose. Tous les magasins de la grande avenue sont décorés, même les poteaux électriques. Ça clignote de partout et tout le monde écoute des chants de Noël.

Monsieur Pinson prend le relais de la maîtresse pour nous emmener jusqu'au portail. Je dis au revoir à ma copine Sabrina et je cours en direction du meilleur endroit du monde, après mon lit bien sûr.

Ce que je préfère en sortant de l'école, c'est attendre Papa à la pâtisserie du coin de la rue. Il y fait chaud et l'odeur sucrée des gâteaux donne trop envie. Sans parler de Quentin. Quentin, c'est mon amoureux. Mais faut pas le dire trop fort, sinon tout le monde voudra me le voler. Parce que Quentin, il fait des gâteaux trop bons, surtout les biscuits de Noël à la cannelle. Et en ce moment, il en fait beaucoup.

Je pousse la porte et entre. La clochette tinte et je salue Louisa. Louisa, c'est la sœur de Quentin, elle travaille avec lui. C'est elle qui prend l'argent aux gens et qui donne les pâtisseries ensuite. J'aime bien Louisa, elle est jolie avec ses nattes blondes et son sourire chaleureux. Madame Marchal le dit toujours quand elle vient chercher son éclair double chocolat. Louisa, c'est un rayon de soleil.

- Bonjour Noëlie. Tu es pile à l'heure.

Je pose mon cartable et m'assieds sur une des petites chaises du coin salon. Louisa m'apporte une assiette de gâteaux tout chauds.

- Tout juste sortis du four, ma belle.

- Merchi.

Elle rit de me voir déjà mettre un biscuit dans la bouche. J'aime la cannelle et le pain d'épice.

- Tu sais quand ton papa va arriver ?

Je secoue négativement la tête. Papa est souvent en retard. Il travaille beaucoup. C'est un bon papa. Je l'aime beaucoup. Mais il travaille quand même beaucoup trop.

- Mais ne serait-ce pas notre petite Noëlie ? Pile à l'heure.

- Quentin !

Il me dépose un chocolat chaud en me souriant.

- Alors comment c'était, l'école ?

Louisa retourne à la caisse, il y a des gens qui entrent et sortent. La clochette ne cesse de tinter. Je raconte ma journée à Quentin. Il me regarde toujours en souriant et il écoute ce que je lui dis.

- Et c'est quoi, les mots que vous avez à recopier ?

Je glisse de la chaise et sors mon cahier de mon cartable. Je pousse l'assiette de gâteaux et lui montre.

L'amoureux de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant