Partie I - 5)

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Driiiing !!! Driiiiing !!!

Le réveil sonne bien trop tôt. Je fronce les sourcils, porte une main à mon crâne endolori. Je n'ai pas envie de me lever. Ouvrir les yeux et me rendre compte que je ne suis pas chez moi, pas dans mon lit. Enfin c'est bien mon appareil qui vrille mes tympans. Comment suis-je rentrée chez moi ?! Cette pensée suffit à me sortir des bras de Morphée en une seconde. 

Coup d'œil à l'heure. Bordel de merde j'ai déjà loupé la première demi-heure d'amphithéâtre. Merd* ! Merd* ! Je bondis hors du confort de mes draps, vacille car la tête me tourne. Suis-je sur un grand-huit ? Je jette des habits sur mon corps sans changer les sous-vêtements dans lesquels j'ai dormi, marque un passage rapide dans la salle de bain, et retourne dans la pièce principale où je retrouve mon sac posé proprement sur la table. Étrange, même mes vêtements ont été rangés sur la commode. J'ai du mal à croire que dans mon état de non-sobriété j'ai été suffisamment logique pour agir ainsi. Que s'est-il passé ? 

Si seulement je n'avais pas bu comme une idiote ! Je saisis un pain au lait et l'engloutis en deux bouchées avant de sortir. Un papier tombe au sol. « A demain :) » Je le ramasse sans reconnaître l'écriture. Martin ? On doit travailler de nouveau ensemble aujourd'hui et c'est bien le genre écrire avec des smileys. 

Des flashs de la soirée m'apparaissent. Diane danse comme Beyonce, tandis qu'elle s'enroule autour d'un type inconnu comme un anaconda qui verrouille sa proie. Je l'observe faire avant de tourner la tête vers un homme dont je ne connais le visage qui s'approche de moi dans l'obscurité, un sourire pervers sur le visage. Pas ça, tout mais pas ça ! Trou noir intergalactique. Mes bras sont autour du cou d'un homme plus âgé que moi, il colle son corps sensuellement contre le mien sans que je ne le repousse. J'aurai préféré ne pas me souvenir de mes dérives. Je relâche mon étreinte et souris parfaitement à l'aise avec la situation. L'inconnu va reprendre, ses mains parcourant de nouveau mon corps sans aucune barrière et je vais le laisser faire alors qu'il ne vaut pas mieux que mon ex. Pathétique. Toutefois avant même que ce dernier ne pose son petit doigt sur moi une poigne ferme m'attrape le poignet et me tire en arrière. Mes yeux s'agrandissent à cause du choc de la surprise, je veux crier mais aucun son ne quitte mes lèvres. Je suis plaquée contre le mur de la boîte, dans le noir, à la merci de n'importe quel homme qui désirerait ôter toute dignité à mon corps. Terrifiée tout simplement. Je ne reconnais pas la silhouette qui se dresse devant moi. Qu'ai-je fait ?! Son visage s'approche du mien et bifurque au dernier instant pour venir se coller à mon oreille et m'annoncer dans un doux murmure.

-J'ai l'impression que tu es à surveiller lorsque tu as bu quelques verres.

L'angoisse redescend d'un coup ! Mais le devrait-elle ? Il me sourit d'un air qui m'effraierait presque si je n'étais pas aussi alcoolisée.

-Il faut vraiment te protéger de toi-même, souffle-t-il ses doigts glissant sur mon cou pour venir seulement quelques secondes plus tard se nicher sur mes hanches.

Comme un papillon pris au piège sur la toile d'une araignée, je suis bel et bien coincée dans ses bras, incapable de me dégager. Situation périlleuse.

-Je suis faible mais pas pour autant inoffensive, dis-je avec un regard malicieux, même s'il paraît vitreux au premier abord.

Il ne s'attend pas à ce que je réagisse si vite ! Mes lèvres trouvent la peau nue juste au-dessus de son col. Si on croit à un suçon de l'extérieur, mes dents s'enfoncent dans sa chaire. C'est moi le vampire ce soir ! Il se crispe, ses doigts s'agrippent plus fermement à moi avant de me relâcher. Mathieu recule d'un pas les yeux plein de surprise, mais cette expression ne demeure sur son visage qu'une demie seconde. Je crois que je n'ai pas agi de la façon la plus judicieuse. Ses lèvres se courbent dévoilant ses dents. Un frisson me parcoure le dos, glissant sur chaque vertèbre comme un serpent de l'ombre. L'homme se penche en avant et murmure quelques mots à mon oreille. Je rougis. J'ai appuyé sur un bouton et il m'est à présent impossible de rebrousser chemin. Son corps s'éloigne de nouveau du mien et je me sens une nouvelle transportée dans le monde de la nuit. Et plus rien, ma mémoire flanche, vacille, avant que la scène ne finisse. Je reste dubitative, planté devant la porte de mon appartement. J'ai du mal à croire que j'ai pu être si bête.

Je me retrouve seule, mon crâne me lance, mon corps entier me reproche d'avoir abusé des interdits hier soir. La douleur sera ma seule compagne dans cet océan de silence. Je dois me ressaisir. Me reprendre en main. Fuir. Je tourne la clé dans la serrure en espérant très fort que je laisse tous mes soucis derrière moi dans la petite pièce close, comme on enfouit au plus profond de ses entrailles ses secrets les plus intimes.

L'innocence attire le malWhere stories live. Discover now