11- Confession II

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Pierre commençait sérieusement à perdre patience. L'un des trois se foutait de sa gueule. L'un des trois jouait la comédie. Et de manière parfaite. Sans fausse note.

Il fallait qu'il le démasque. Quitte à employer la manière forte. Il se redressa, choisit sa proie, et tonna de sa voix la plus menaçante.

-Lequel de vous est le salopard!? Lequel de vous cherche à nous buter les uns après les autres?

Il fixait méchamment Alex.

-Oh! Du calme Pierre. Je te signale qu'à mes yeux tu es autant coupable que les autres... Sinon plus!

-Que veux-tu dire par là?

-Tu te souviens m'avoir affirmé que Jack avait été retrouvé mort, une balle dans la tête?

-Parfaitement.

Alex sortit de sa poche une page de journal pliée en deux.

-J'ai découpé l'article paru dans la presse.

Il lut le bref compte rendu à haute voix.

-A aucun moment il n'est fait mention  d'une quelconque balle de révolver. Alors comment pouvais-tu savoir TOI !? A moins que tu ne sois le...

-C'est ridicule!

-Et cet appel anonyme aux flics. Ce ne serait pas toi, par hasard?

Pierre sentait l'étau se resserrer sur lui. Il ne souhaitait pas avouer les pratiques peu recommandables auxquelles il recourait de temps à autres.

-Tu divagues, Alex. Oui je sais que Jack a été tué par balle. Je peux même te dire qu'il avait un volant entre les mains.

Chacun retint son souffle. Pétrifiés par cette nouvelle révélation.


-ça c'est le bouquet! Ma parole, à t'entendre on croirait que tu y étais...

Luc coupa la parole à Alex. Il ne comprenait pas. 

-Mais enfin Pierre, comment peux-tu savoir tout cela?! Tu me fais peur, tout à coup!

Pierre tenta de le rassurer.

-Je dois préserver mes sources, je ne peux pas vous en dire plus. Mais je jure que je ne suis pour rien dans cette affaire.

Alex n'était pas décidé à se laisser convaincre aussi facilement. C'était son tour de contre attaquer. Il soutenait le regard de Pierre, une lueur mauvaise dans les yeux.

-Et ce volant? Tu peux m'expliquer ce qu'il faisait là, dans les mains de Jack, monsieur "je sais tout"? 

-Comment le saurais-je?! Après tout, c'est lui qui conduisait. L'assassin  aura voulu l'éliminer en premier, le jugeant plus coupable que nous. Qu'est- ce que j'en sais, moi? 

-Des sornettes tout ça. Ah, tu nous a bien roulé dans la farine!

Pierre perdit alors son sang-froid. Il saisit Alex par le col de sa chemise, poing levé, prêt à frapper.

-Abruti ! Tu crois que si j'étais coupable je vous aurais révélé tout ça!? Je ne suis quand même pas idiot à ce point.

Charlène s'était précipitée afin de séparer les deux hommes. Elle força Pierre à se rasseoir.

C'est Jack qui m'a contacté par téléphone, tu le sais. Il venait de recevoir la première lettre. Il désirait me voir pour en parler. Il ne comprenait pas. Il n'a pas eu le temps de monter à Paris. Il est mort avant.

Et après Jack, il y a eu Baptiste!...

    

                                                                               *

                                                                       *                    *


Ce fut au tour d'Alexandre de se raconter.

-Oui, il y a eu Baptiste. Je l'ai retrouvé baignant dans son sang au pied d'un grenadier. Dans son jardin.

-ça c'est ce que tu cherches à nous faire croire. Qui nous dit que tu ne l'a pas tué pour ensuite maquiller le crime. En plus lui mettre une grenade dans chaque main, c'était d'un ridicule... Tu manques vraiment d'imagination mon pauvre Alex.

-Je ne te permets pas!!!

C'était au tour d'Alex d'être debout. Prêt à bondir sur Pierre.

-J'ai paniqué quand je l'ai vu. Vous auriez fait comme moi. Je me suis enfui. C'est Véra qui l'a découvert et qui a donné l'alerte.

-Véra?

_Oui. Sa compagne. Elle s'inquiétait de ne pas le voir revenir. Qu'est-ce que j'aurais pu faire? Dites-le moi. Aller tout raconter à la police? 

Je ne veux pas être mêlé à ça. Je ne l'ai pas tué. C'était mon meilleur pote. 

-C'est vrai, approuva Luc. Baptiste et toi sembliez très proche. Même après...


Alexandre était sincère. Revivre tous ces souvenirs lui chamboulait le coeur. Il était à deux doigts de fondre en larme.

-On était les deux guitaristes du groupe, alors ça créé des liens. Forcément. Vous le savez bien. 

Il sécha une larme.

On faisait souvent des "boeufs" ensemble. On a même monté un groupe, peu après. Mais le coeur n'y était plus.

Et puis Baptiste a rencontré Véra et il a tourné la page. Il a tout laissé tomber. Seul son jardin l'intéressait.


Un long silence s'ensuivit. Manifestement, Alex ne souhaitait pas en dire d'avantage.
















SIX PETITS BLANCSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant