À vos ordres colonel !

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J'étais fatiguée de marcher.
Nous l'étions tous.
Cela faisait des heures que l'on avançait sans savoir où, nous étions partis de cette espèce de gare au centre ville ; dévasté d'ailleurs. Nous n'avions croisé personne.

Nous étions maintenant dans une clairière, moi, une bonne cinquantaine de jeunes de tout âges  (bien que peu de jeunes enfants) ainsi qu'une demi-douzaine de militaires armés jusqu'aux dents pour nous guider.
Nous avions si faim et soif.

On s'arrêtait quelques instants, un petit ruisseau passait juste là.
- J'ai tellement faim que je pourrais bouffer ces feuilles, dis-je en désignant le buisson face à moi.
Quelques jeunes me regardèrent puis, d'une commune pensée comme télépathique, on se mit d'accord pour dire que ce n'était pas une si mauvaise idée. On se jetait alors sur ce pauvre buisson, arrachant ses feuilles et n'en faisant qu'une bouchée.

Il y avait ce colonel, le plus haut gradé et le plus anciens des militaires présents, sévère et toujours après nous. Mais c'était le seul à savoir où nous devions aller. Parker ? Ou Piker ? Quelque chose comme cela... Je ne retenais jamais son nom.
- On lève le camp mes feignasses, allez on se remue un peu, on n'a pas que ça à faire !
Sa voix rauque m'agaçait.
On s'exécutait en silence. Tout le monde savait qu'il valait mieux lui obéir.

Il se remit brusquement à crier (ce qui valut à tous de s'arrêter et de se retourner...)
- Je peux savoir ce que tu fous avec ça ? Où est-ce que tu l'as volé ? Ne me répond pas je ne veux pas savoir, en route Mademoiselle !
Il s'énervait après une pauvre jeune fille car elle avait du pain sur elle qu'elle était en train de déguster trop raisonnablement par rapport à l'appétit qu'elle devait avoir.
Oui, le colonel nous interdisait de manger.
Il jeta alors le tout à terre et on se remit en route.
Certains, qui avaient la chance de passer derrière, se jetèrent sur quelques morceaux de ce pain rassis.

Dommage.
C'était calme ici.
On avançait de manière lente et désordonnée, en petits groupes pour certains, seuls ou à deux pour d'autres. Et certains trouvaient même le moyen de rabaisser un pauvre garçon. Personne ne réagissait. Pas même moi.

On commença l'ascension d'une pente à la fois arborée et rocheuse.
Machinalement, je cherchais mon copain du regard. Il avait disparu.
Il était pourtant là au ruisseau tout à l'heure. Enfin je crois...
En fait il n'était pas le seul à manquer à l'appel. D'autres jeunes et trois des militaires étaient absents.

Je ne saurais dire au bout de combien de temps, mais nous arrivâmes finalement à ce qui semblait être un ancien avant-poste.

Une fois à l'intérieur on nous donnait des armes et expliquait comment s'en servir à ceux qui ne savaient pas.
Mon copain n'était toujours pas là.

D'étranges bruits nous parvinrent soudainement de l'extérieur, dont des coups de feu et des cris... des cris d'hommes. Ceux-ci pénétrèrent le bâtiment. C'étaient bien-sûr les hommes qui avaient "disparus".
Ils étaient partis en éclaireurs à notre insu ; enfin... le colonel, lui, était au courant.

Tous n'étaient pas revenus...
Je cherchais, le regard vif, scrutant le visage de chaque homme que je voyais passer.
Soudain d'autres cris. Un blessé !
Deux soldats courraient.
Je vis une civière avec un homme dessus, couvert d'un drap blanc maculé du sang de cet homme...
Mon copain !
C'était grave, c'était béant, ça saignait.
La technologie alien ne pardonne pas !
Mais il allait survivre de toute façon, j'en étais sûre !

Ce Ne Sont Que Des Rêves...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant