05-1 Weddy Partie 1

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En ce jour de Moisson, le temps était idéal. Weddy se promenait seule dans la forêt en faisant attention à ne pas abîmer sa nouvelle robe. C'était une fille curieuse et intelligente, sa soif d'aventure la conduisait souvent à échapper aux règles. Dès qu'elle en avait l'occasion, elle s'en allait explorer les environs dans le plus grand secret. Ses amis en étaient les seuls informés même s'ils n'approuvaient pas toujours les agissements de la jeune fille qui avait été maintes fois la cause de leurs plus grandes inquiétudes. Avec les années, ils avaient appris qu'il était impossible de la canaliser.

Aujourd'hui, Weddy s'était dirigée vers le nord-est. Elle était partie plus loin que jamais et s'était retrouvée sur une colline qui surplombait les bois. Ce point de vue lui offrait une image qu'elle ne connaissait pas.

Un haut plateau aux contours abrupts s'élevait, seul à l'horizon. Il était dépourvu de végétation et malgré l'éloignement, elle estima qu'il s'élevait à trois milles mètres d'altitude. Une ville semblait occuper l'étendue plate, à moins que ses yeux ne lui jouaient des tours. Fascinée, elle ne se rendit pas compte que l'astre du jour avait déjà bien entamé sa descente.

Revenant à elle, la jeune fille fit un bond, il était déjà tard. Elle se mit à courir aussi vite que ses jambes le pouvaient en direction du village mais la réalité la rattrapa, c'était peine perdue. Elle prit alors conscience qu'elle était allée trop loin. Rien ne pouvait arrêter la course du soleil, elle eut une dernière pensée pour ses amis quand elle sentit le dernier rayon de lumière disparaître. Weddy tomba endormie, entraînant tout son corps au sol.


Quelques heures passèrent avant qu'elle ne fut réveillée par une lueur. Elle reprit ses esprits et commença à saisir les sons environnants. Son pouls et sa respiration s'accélérèrent. La forêt était loin d'être calme, de violents grognements se faisaient entendre, trop près d'elle à son goût. Elle lorgna les hautes branches au-dessus d'elle et envisagea d'y grimper pour se mettre à l'abri mais la peur la paralysait. Après tout, peut-être valait-il mieux rester inerte au sol et ne surtout pas bouger. Au milieu des cris bestiaux, elle crût percevoir ce qui ressemblait à des voix humaines.

La lumière qui l'avait réveillée perçait au travers des arbres. Effrayée par sa situation, elle décida tout de même d'avancer jusqu'à ce seul point de repère. Elle tâchait d'être silencieuse, bien que le brouhaha environnant aurait pu recouvrir les bruits les plus forts. C'est ainsi qu'elle se faufila jusqu'aux abords d'une clairière au milieu de laquelle un feu de camp était allumé. La scène qu'elle y vit la bouleversa.

Deux molosses se battaient ardemment. Une dizaine de soldats, tous vêtus d'une tenue sombre,étaient assis sur des rondins de bois. Ils criaient et s'échangeaient des paris entre eux.

– Trois griffes d'argent que c'est le mien qui gagne !

– Radin, j'en parie trente sur celui d'Antony.

Le plus petit des deux pitbulls attrapa l'autre à la patte et y agrippa sa gueule. Le sang de sa prise dégoulinait entre ses crocs. Un homme fluet s'interposa.

– Assez Gomeisa ! Tu peux le lâcher.

Sous les cris de joie et sans un regard pour l'animal, il empocha les paris.

Weddy n'en revenait pas. Les gardes nocturnes organisaient des combats de chiens. Elle en oublia sa peur de l'obscurité, mille questions se bousculaient dans sa tête. Pourquoi n'étaient-ils pas en train de surveiller le village ? Est-ce qu'elle devait se montrer ? Est-ce qu'elle serait en sécurité avec eux ? Ou alors, valait-il mieux affronter les bois ? Devait-elle tenter sa chance et risquer de se perdre ou pire, de se faire dévorer ?

Un grand dogue allemand, sombre et bleu comme la nuit, apparut devant elle et coupa court à ses interrogations.

– Hé c'est à toi ! Où tu vas ? Qu'est ce que t'as trouvé là ?

Le maître du molosse trouva Weddy à son tour. La jeune fille fut soulagée en découvrant le visage du gaillard, il s'agissait de Wen, il était venu la sauver.

– Oh je vois...

Il reluqua la blondinette encore tétanisée et s'écria :

– Les gars ! La fête est finie, on rentre.

Les autres protestèrent :

– Dis plutôt que ton clébard a eu la frousse.

– C'est vrai quoi, il nous reste la moitié de la nuit.

Weddy ne prêtait pas attention aux contestations, elle n'avait d'yeux que pour le chef. De nombreuses fois elle avait rêvé qu'elle se trouvait en grand danger et que l'auguste garde venait à son secours, voilà qu'aujourd'hui sa chimère se réalisait. Si elle avait un instant paniqué, c'était fini désormais. Wen allait la ramener au village et tout irait merveilleusement bien. L'imagination de la jeune fille s'emballait quand, sans prévenir, Wen l'attrapa brutalement par les cheveux et la traîna dans la clairière devant tous. Il répéta :

– On a un problème. Allez on fout le camp.


Les éférides Tome 1 L'aube d'une destinéeDonde viven las historias. Descúbrelo ahora