Jour 1 - Arrivée à La Havane

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La Havane, c'est d'abord une odeur, celle de l'essence. Elle se fait sentir dès la sortie de l'aéroport, insidieuse et enivrante. Le passage à la douane s'est révélé plutôt facile, sauf pour le couple de voyageurs à côté de nous qui avait oublié son visa de tourisme dans sa valise. Il a fallu par contre subir une attente interminable pour récupérer les bagages, attente qui pourrait s'expliquer par une probable inspection de ceux-ci entre l'avion et le tapis. Le rythme auquel ils arrivaient (un bagage toutes les trente secondes) était si lent que je ne vois pas d'autre explication. Cette théorie se confirme d'ailleurs par l'étiquette rouge aperçue sur la valise de l'un passager, un douanier procédant au contrôle ou non de cette étiquette sur nos bagages à la sortie.

Dans le hall de l'aéroport, nous sommes accueillis par le chauffeur de taxi envoyé par notre hôte Airbnb. Prévenu que nous devons changer de l'argent avant de nous mettre en route, il nous escorte jusqu'au bureau de change le plus proche, à droite en sortant de l'aéroport. Une formalité vite remplie, même si on recompte anxieusement ses billets avant de les enfouir au fond de sa poche, histoire de ne pas trop faire de jaloux. Le chauffeur de taxi nous emmène ensuite jusqu'à un parking, derrière la gare de bus, où est stationnée sa voiture, une vieille dame de Russie. L'odeur d'essence qui se dégage du coffre lorsqu'il y dépose nos valises prend à la gorge – odeur qui reste bien présente une fois à l'intérieur du véhicule, le moteur démarré, malgré les vitres ouvertes. Le chauffeur nous sort quelques tirades en espagnol, à partir desquelles nous comprenons que la voiture date de 1951. Le reste du trajet se fait dans le silence tout relatif de l'autoradio.

Il fait nuit à La Havane. Les quelques éclairages publics qui jalonnent notre route ne nous permettent pas vraiment de profiter du paysage. Après vingt minutes, nous arrivons à destination. Le prix moyen de la course de l'aéroport à la vieille Havane est habituellement de 25 CUC, mais le chauffeur nous en demande 30. Difficile de lui refuser car :

1) Il avait été réservé directement par notre hôte

2) Notre avion avait une heure de retard

3) Il a été bien aimable.

Mais du coup, nous ne laissons pas de pourboire. Nous rencontrons Osniel, notre hôte, qui nous conduit jusqu'à notre chambre, deux étages plus haut. A Cuba, s'il y a bien des hôtels, la plupart des voyageurs séjournent chez l'habitant, dans ces casas particulars qui s'apparentent un peu à des Bed & Breakfasts. Celle d'Osniel, nous l'avons donc trouvée sur Airbnb, solution que nous avons privilégiée par simplicité, l'ayant testée et approuvée dans d'autres pays. C'est la seule casa de notre séjour que nous avons réservée à l'avance, le reste devant s'improviser au fur et à mesure.

Nous déposons nos valises et Osniel nous demande de le suivre avec nos passeports pour effectuer les formalités d'enregistrement. Chaque locataire d'une casa particular est ainsi fiché auprès du gouvernement. Nous avons aussi droit à son briefing d'accueil, durant lequel il nous donne quelques conseils et recommandations, notamment sur les choses à faire et à voir à La Havane. Nous lui demandons de nous prévoir le petit-déjeuner pour le lendemain matin avant de lui souhaiter une bonne nuit.

Il est minuit à La Havane, 6h00 du matin en Belgique. Dans la chambre, l'air est chaud, presque étouffant. Le panneau de bois qui sert de fenêtre est ouvert mais la relative fraîcheur de la nuit ne semble pas vouloir entrer à l'intérieur. Je le ferme et allume la climatisation, pour sentir aussitôt revenir l'odeur d'essence. Est-elle dans l'air ou s'est-elle incrustée dans nos valises ? Mystère. Peut-être la nuit nous apportera-t-elle la réponse...

Looking for Fidel : un voyage à CubaWhere stories live. Discover now