Noël, quand la famille s'en mêle ... Tome 2

2 : Sidonie, Enora et les autres ...

Flora Miller attendait sa fille aînée avec impatience. Elle espérait que l'arrivée des jeunes gens allait lui permettre de retrouver un peu d'aplomb. Depuis qu'ils étaient arrivés avec son mari et sa fille, Flora se sentait dans ses petits souliers. Non pas que Louise ait été désagréable, loin de là. Ni qu'ils aient à souffrir d'un complexe d'infériorité devant le niveau de vie des Cohen. Les Miller étaient leurs propres patrons et dirigeaient la quincaillerie familiale à Colmar avec succès : c'était une affaire florissante. Ils avaient des revenus confortables et leurs trois filles n'avaient jamais manqué de rien.

Cependant, les Cohen ne faisaient pas partie du même monde. La mère de David était charmante et avenante mais elle dégageait une telle assurance ! Et de savoir qu'elle était une psychologue réputée, qui écrivait des livres et faisait des conférences aux quatre coins du pays était très intimidant. Et que dire de Marc Cohen, l'ex-mari et père de David. Professeur à l'université, il était titulaire d'un doctorat en histoire.

Même si elle connaissait les professions des parents de David, elle ne s'était pas préparée à ce premier contact avec les futurs beaux-parents de sa fille.

Avec Jean-Paul et Sidonie, ils étaient partis de bonne heure dans la matinée. Ils avaient roulé plusieurs heures, faisant une pause déjeuner dans un petit bistrot aux plats simples mais goûteux. Une heure plus tard, ils avaient repris la route, heureux de revoir enfin Emma, qui vivait à cinq cents kilomètres d'eux. De plus, cela faisait une éternité qu'ils n'étaient pas partis en vacances. Durant leur absence, ils laissaient la gestion de la quincaillerie à Malcolm, le jeune sous-directeur. Ils s'étaient réjouis à l'idée de passer cette semaine à la montagne et de partager un traditionnel Noël sous la neige. Quand le GPS les avait guidés jusqu'au chalet des Cohen, ils furent ébahis de voir apparaitre une magnifique maison de pierre et de bois s'élevant sur deux étages. Flora, qui avait appréhendé qu'ils ne soient un peu les uns sur les autres durant ces quelques jours, en avait été pour ses frais. Ils risquaient plus de se perdre que de se marcher dessus dans ce « chalet » !

Aidés de Sidonie, Jean-Paul et elle avaient pris leurs bagages et étaient montés jusqu'à la porte d'entrée en bois brut, décorée d'une énorme couronne de Noël. Après quelques secondes, la porte s'était ouverte sur une belle femme de son âge, mais à l'allure plus jeune et dynamique.

– Bonjour et bienvenue ! Vous devez être les parents d'Emma. Entrez vite, venez vous réchauffer à l'intérieur !

Encombrés de leurs valises, ils avaient découvert un vaste vestibule. Toute la décoration était dans le plus pur style chalet de montagne, mais façon magazine de décoration. Elle n'imaginait pas que les gens pouvaient vivre réellement dans ce genre de maison. Pour elle, ça n'existait que dans les films. Et dire que ce n'était que leur maison secondaire ! Heureusement, Louise les avait mis tout de suite à l'aise :

– On se tutoie, si vous êtes d'accord. On fait presque partie de la même famille, maintenant. Flora, donne-moi ton manteau. Jean-Paul, également. Je suis tellement contente de vous recevoir. Cette maison avait besoin de retrouver un peu de vie. Suivez-moi jusqu'au salon. Le père de David est déjà arrivé. Je vais l'appeler pour qu'il vienne se présenter.

Tout en parlant, Louise les avait menés jusqu'au salon où flambait un bon feu dans une immense cheminée de pierre. Trois grandes baies vitrées offraient une vue spectaculaire sur les montagnes enneigées.

– Oh, c'est magnifique, s'était extasiée Sidonie, irrésistiblement attirée par la vue.

– N'est-ce pas ? On ne s'en lasse pas.

Depuis la cuisine ouverte, la mère de David leur avait proposé de mettre à chauffer du vin aux épices de Noël. L'odeur piquante avait rapidement envahi le séjour et chacun s'était bientôt retrouvé avec une tasse de vin chaud parfumé entre les mains. Assis autour de la table basse du salon, ils avaient discuté amicalement tous les quatre.