Tea & Coffee : La Créature de Blackstone Abbey (livre II)

Épilogue

Il avait envie de s'enfuir, car il était vert de honte de ne pas pouvoir en dire plus et encore plus gêné par la tristesse de son amie. Oscar se leva donc un tout petit peu mais Célia lui agrippa la manche de sa veste brune ce qui retint son mouvement.

« Puis-je te demander quelque-chose ?

- Bien sûr, répondit-il.

- Cela te dérangerait-il de t'allonger à côté de moi mais sans être ton toi habituel. »

Il sourit.

« Tu veux dire que tu désires un câlin ?

- Mais sans arrières pensées, si possible. »

Il retira son manteau et recula son dos contre la tête de lit en ouvrant le bras. Là, Célia se positionna entre ses jambes et appuya son crâne contre la chemise froissée de son ami. Il noua ses bras autour d'elle et à peine eut-il finit d'encercler son petit corps que Célia fondit en larme à nouveau et chouina sans retenue en déversant les litres d'eau salées jusqu'à ce que ses glandes lacrymales soient vidées. Elle devait encore lui dire tout ce qu'elle avait découvert sur Svetlana, son baiser avec Emma, la pièce tombant sur le sol… mais pour le moment, tout cela allait attendre, le temps quelle se remette de son effroyable nuit. Et ce ne sera certainement pas dans les minutes ni les heures qui suivirent.

Pourtant, le temps ne s'arrêta pas pour autant. Quelques jours plus tard, Célia sortit de l'hôpital et se remit immédiatement à travailler, encore plus que d'habitude, certainement pour éviter de repenser aux fameux événements. Gordy mit un peu plus de temps en revanche à se soigner. Sa tête allait parfaitement bien comparée à sa patronne, mais se remettre d'un coup de couteau dans le ventre n'était pas un processus rapide. Célia l'envoya donc en convalescence pendant deux mois dans un bel hôtel du sud de la France et elle revint sur pied et fraîche, prête à servir les clients et toujours souriante. On comprit alors que sa mésaventure en compagnie de Célia n'était pas la pire des choses qui lui était arrivée. Ayant été une prostituée quasiment toute sa vie, on pouvait le comprendre, mais la jeune femme ne pu s'empêcher d'être jalouse de sa bonne humeur. De son côté, elle le savait, elle était devenue extrêmement méfiante.

Dès le retour de Gordy, une nouvelle vie commença pour le café qui allait bientôt s'agrandir, pour bien des raisons : les clients faisaient trop souvent la queue à l'extérieur, malgré l'hiver, et Catherine attendait encore un heureux événement. Il était encore trop tôt pour dire que sa nouvelle grossesse arriverait à terme, néanmoins ce fut le coup de pouce que Célia attendait afin qu'elle commence à se faire violence et prospecte les différents lieux qu'elle pouvait acheter.

De leur côté, les Bradford récupérèrent l'acte de propriété de l'abbaye de Blackstone et se répartirent l'argent équitablement. Grace, Jeremy, Jane et Nigel gardèrent la demeure et rachetèrent à crédit les parts de Ian et de Walter pour la transformer en hôtel. Ils accueillirent ensuite le bébé d'Emma et elle fut pendue quelques jours plus tard, en enterrant ses secrets avec elle. Seul l'avenir pouvait leur dire, mais les histoires de créatures fantastiques qui hantaient maintenant les lieux attirèrent un certain nombre de visiteurs curieux pendant de nombreuses années et aucun d'entre eux n'eut à s'occuper de l'argent après cela. Ian retourna bientôt à Dover et s'installa confortablement dans son petit manoir avec Georges où ils vécurent une vie sereine et sans surprise, sans que cela ne les gêne. Même Walter connu son heure de gloire. L'histoire de Blackstone lui inspira une fiction qu'il nomma simplement « Svetlana », où il était question de vampires, de loup-garou et d'autres créatures fantastiques se livrant une guerre sans fin les un contre les autres pour maintenir leur royaume en place. Il y avait de tout : de la romance, des meurtres, de l'action et même du mystère. Mauvais poète, Walter se révéla donc être un fin auteur de fantastique qui remporta un franc succès envers les jeunes femmes. On le retrouva néanmoins mort, allongé dans un bar à opium quelques cinq ans plus tard. Ses funérailles furent nationales.