Tea & Coffee : La Créature de Blackstone Abbey (livre II)

Chapitre 3

19 avril 1894

Célia passa toute la nuit dans la chambre de Svetlana pour la surveiller pendant qu'Oscar inspecta point par point la bibliothèque, sans trouver le passage secret. S'il avait intriguée la jeune femme au départ, c'était parce qu'elle avait remarqué qu'il passait sous le jardin et qu'il s'avançait beaucoup dans le parc, ce qui permettait une fuite rapide. Cela avait été certainement le cas la veille pour la chose qui s'en était pris à son oncle. De plus, puisque la créature avait disparu depuis la chambre, ils avaient même tentés d'en trouver un dans cette pièce, sans succès non plus. Ils étaient dans une impasse.

Aux premières lueurs du jour, Oscar finit par se rendre en ville afin d'aller faire des recherches au commissariat de Gillingham. Là-bas, il en apprendrait peut-être d'avantage sur la famille et il devait de toute façon récupérer le portrait que Svetlana avait fait de la créature. Cette fois, la chose s'en était pris de manière évidente au père Bradford, ils seraient certainement moins réticents à leur venir en aide. Quoi que ce soit, elle était mesquine et dangereuse, si Sally n'était pas arrivée, elle aurait certainement tué Jeremy Bradford.

La petite Sally était encore sous le choc lorsque le matin pointa le bout de son nez et Miss Winters s'occupait de Jeremy senior dans sa chambre. Comme personne n'aimait Svetlana, ce fut Célia qui se retrouva à la surveiller. Ainsi, elle se fera bien voir auprès d'elle, comme Oscar voulait. Néanmoins, s'occuper de gens qui dorment n'était pas stimulant. Alors, dans la chambre de la jeune femme russe, Célia désirait plus que tout s'assoupir. Elle se sentait particulièrement faible et fatiguée, elle ne pourrait plus rester éveiller très longtemps, surtout qu'elle n'avait pas ingurgité de café pour l'aider. Tous le personnel, à part Sally et Miss Winters, avait décidé de partir dans la nuit, par peur et surtout parce qu'on ne les avait plus payés depuis des lustres. L'agression de la nuit leur avait fait prendre conscience que le jeu n'en valait pas la chandelle et, d'un commun accord, ils s'étaient mis à la recherche d'une herbe plus verte.

Le sommeil gagna Célia à nouveau. Elle avait tenu toute la nuit, mais là, s'en était trop, elle avait besoin de dormir. Se pliant en boule sur son siège en velours aux motifs végétaux, elle reposa sa tête contre le dossier. Elle resta ainsi pendant quelques minutes, mais ne trouva pas le sommeil.

« C'est trop brillant ! » dit-elle.

Elle se leva de son fauteuil et ﱟs'en alla vers la fenêtre pour tirer les rideaux. Dehors, tout avait pris une couleur dorée qui illuminait le sommet des arbres et aveuglait les yeux fatigués de la pauvre Célia. Ce fut d'ailleurs cette couleur or qui vint lui percuter les cellules grises comme un coup de marteau.

« Le bouton de manchette, je suis certaine que c'est celui de Greg Shepherd. »

Elle tira les rideaux et se retourna vers son siège, longeant sur quelques centimètres le mur à sa droite et sentit alors comme un courant d'air sur sa nuque. D'un coup sec, elle tourna la tête vers ce froid et s'approcha du mur. Lentement, elle passa sa main par-dessusles panneaux en bois qui le recouvrait de haut en bas et, sur l'interstice entre deux, sa main se glaça. Il y avait un passage derrière ces murs.

Son sang ne fit qu'un tour. Elle jeta sur le sol le plaid qu'elle avait mis sur ses épaules et planta ses ongles dans la fente pour tirer. Le mur résista un instant, puis, il y eu comme un déclic et le panneau s'ouvrit comme une porte.

Célia c'était donc trompé, le passage n'était pas dans la bibliothèque, il était dans la chambre de Svetlana et elle venait enfin de le découvrir. En fait, en descendant quelques marches qui lui étaient apparues, elle se rendit compte que, ce qu'elle pensait être l'entrée, était en fait un sas tout bête qui se trouvait juste en dessous de la bibliothèque.