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La routine, c'était la routine.

Selon Jungkook, elle n'avait rien de bien particulier. Levé, douché, habillé, en retard pour manger et puis finalement, il courait pour attraper son train qu'il n'aurait jamais. Il attendrait le prochain en sautillant sur le quai, stressé, et devrait supporter l'odeur infecte des autres, le nez sous leurs aisselles pas très fraîches, une fois à l'intérieur, alors que la journée viendrait à peine de commencer. Il arriverait finalement en retard et en sueur au lycée aussi puant que les gens du train et, les professeurs, habitués, ne lui auraient rien dit.
Aucun changement, aucune aventure.

Mais aujourd'hui, rien ne se passait comme prévu.

Jungkook s'était réveillé de bonne humeur, avait eu le temps de mangerun petit déjeuner complet, sentait la rose, il se trouvait actuellement sur le chemin qui le menait à la gare. Jungkook se sentait détendu, le soleil commençait son ascension. Il marchait tranquillement, ses cheveux ébène dans le vent. Il écoutait le doux chant des oiseaux, auquel il n'avait jamais le temps de prêter attention, il regardait les quelques bouts de végétation qui s'étaient faufilés entre les immeubles, routes et commerce, et aussi le ciel, d'or. Cela lui faisait un bien fou de ne pas courir, pour une fois. Même si cette activité sportive non désirée lui avait taillé des jambes parfaites.

Aujourd'hui, Jungkook était en avance.

Il allait arriver dans l'ancien hall de gare. Ce hall était l'un des derniers bâtiments non modernes de la ville. Jungkook le trouvait magnifique avec ses grandes portes et fenêtres, la lumière inondait toujours l'endroit. Il n'enlevait jamais ses lunettes de soleil, lorsqu'il y rentrait, l'été. La luminosité était presque plus forte à l'intérieur qu'à l'extérieur, amplifiée par le verre régulièrement décrassé.

Mais ce n'était pas ce que Jungkook préférait regarder. Lui, il préférait observer les gens. Enfin, il ne le faisait que quand le temps qu'il lui restait le lui permettait.

Aujourd'hui, c'était le cas.

Les gens allaient et venaient, emportés par la marée humaine. Les personnes se faisaient ballotter, emportées par les autres. Le garçon voyait tout, les bousculades, les engueulades, les travailleurs, les touristes, les lycéens et collégiens. Tout et tout le monde.

Mais aujourd'hui était un jour particulier.

Quelque chose semblait étrange, inhabituel. Jungkook avait entendu la douce mélodie d'un piano. Il l'entendait de loin, comme un fond sonore tel que les autres, mais pourtant, il se sentait emporté, charmé par la musique. Elle l'attirait, Jungkook était hypnotisé. Il ne pensait plus, il ne pouvait plus penser. Ses questions étaient déjà parties bien loin.

Il y avait un piano dans la gare ? Pourquoi ne l'avait-il jamais remarqué ? Quel était ce morceau ? Pourquoi le jouer ici ? Qui le jouait ?
Ses pas le menaient à la source de la musique, quand, soudainement, il s'arrêta.

Une petite foule s'était entassée autour du pianiste, formant un petit public qui empêchait Jungkook de voir le fameux personnage. La lumière des vitraux se rejoignait en un seul point, le pianiste. Jungkook se mit à l'écouter attentivement.

Le temps passa, la dernière note fut frappée, et la bulle dans laquelle Jungkook était plongé éclata brutalement au son des applaudissements. Il imita la foule, frappant le plus fort possible dans ses mains.

Il était soufflé. Le temps de la chanson lui semblait si vite passé ! La musique l'avait vraiment emporté, il en était devenu fou. Il se demandait s'il entendrait encore un jour une musique pareille. Jamais Jungkook n'avait entendu de si beau morceau, il voulait rester toute la journée à écouter cette personne, quelle qu'elle soit.

Pourtant, la voix grésillante du haut parleur résonna dans la gare, annonçant son train qui allait arriver dans quelques minutes. Mais Jungkook voulait voir la personne, il en avait terriblement envie, en un instant, il était tombé amoureux de sa musique.

Alors, il se fraya un chemin à travers le public qui désemplissait peu à peu.

Et là, il le vit.

Une peau opaline, des yeux d'un noir profond, des cheveux d'un menthe rafraîchissant, un petit nez rond et des lèvres finement rosées, Jungkook le trouvait encore plus beau que sa musique, il avait affaire à une magnifique musique jouée par une magnifique personne, vraiment.

Il aurait aimé l'admirer plus longuement, mais le bruit strident du métal le fit grincer des dents. Son train était arrivé. Ainsi, il courut, ne faisant pas attention aux personnes autour de lui, les bousculant, et monta dans le train à temps, l'enchanteresse mélodie d'un piano dans la tête.

Piano | y.kookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant