Vermines

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Comme tous les jours depuis qu'il était sorti de l'hôpital, John faisait le même cauchemar. Lui marchant avec Nathan, traversant le passage piéton avant d'être fauché par ce chauffard d'Arabie saoudite ; avec la voix d'Olga répétant qu'un homme piégé dans la routine est un automate aux rouages mal huilé.

— Papa, papa, réveille-toi ! Aujourd'hui on doit travailler les mathématiques tu te souviens ?

Lorsqu'il entendit la voix de son fils , John émergea du cauchemar ; sortant alors de cette apnée comme un plongeur n'ayant pas respiré depuis des siècles. En sueur, il mit quelques secondes à reprendre ses esprits et s'adressa à Nathan :

— Oui, on va faire ça fiston...

Cela faisait maintenant un mois que John était sorti de l'hôpital. C'était maintenant l'été et Nathan était surexcité à l'idée de travailler ses mathématiques. « Comment faisait-il pour déborder autant d'énergie ? » Se demanda-t-il. À son âge, lui n'était pas du tout comme ça. Calme et observateur, déjà il aimait à séduire son auditoire par le récit d'aventures rocambolesques. Il adorait lire la surprise dans le regard de ses camarades quand il leurs racontait comment il était rentré une fois dans un immeuble en feu ; ou comment grâce à ses superpouvoirs il avait sauvé un chat qui manqua de se faire écraser sur la route. John se mit à sourire en se souvenant de ses âneries d'enfance.

— Papa ?
— Oui mon fils
— c'est quoi une vermine ?
— Hum ? Qui t'as appris ce mot là ?
— C'est le policier à l'hôpital qui a dit que ceux qui nous avait renversé ce sont des vermines...
— Hum...dans ce sens là, une vermine c'est quelqu'un de méchant en quelque sorte
— Papa, dit papa, pourquoi il y a tant de vermines dehors alors ?
— hum... c'est pas si facile que ça mon chéri.
— A l'école Jimmy il dit que son père il dit que les vermines c'est des gros cafards et qu'il faut les écraser et pis c'est tout.

Un court silence s'ensuivit durant lequel le père et le fils s'observaient mutuellement. Les mouvements de trotteuse de l'horloge semblaient faire un bruit assourdissant. Pendant quelques secondes ce brouhaha perturba John. Au point où il se demanda si ce n'était pas vrai finalement, si les vermines comme les appelait son fils ne devait pas purement et simplement disparaître...A peine eut il le temps de répondre à son fils que le téléphone se mit à sonner. C'était la police, le fils du diplomate qui était sorti de garde à vue avait décidé de porter plainte contre lui. Son sourire s'effaça de son être. « Oui, pensa-t-il, les vermines ne méritent-elles pas d'être écraser ? »

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