More Than Best Friends

Chapitre 2

Arriver au gala, nous avions manqué le discours et l'entrée. A nos places le plat principal se servait déjà. Nous installâmes l'air ailleurs. Mais cela ne sembla pas choquer les autres, malgré que nous soyons des moitiés l'un pour l'autre, nous étions souvent en désaccords et nous disputions souvent, mais jamais pour très longtemps. Nous mangeâmes sans nous regarder surement par crainte qu'en un seul regard tout le monde comprenne que les choses avaient changé entre nous, et nous n'étions pas prêts à assumer ça devant eux. Je veux dire le nombre de fois où nous avions eu à jurer qu'il n'y avait rien à part de l'amitié entre nous était mirobolant.

Après le plat auquel je n'avais presque pas touché, une fille vint à notre table une ancienne conquête de Ban', je l'avais toujours bien aimé mais en ce moment sa vue m'était insupportable. Surtout quand je la vis lancer des œillades à Ban' tout en lui touchant l'épaule, mes nerfs étaient à vif. Je croisai et décroisai mes jambes pour évacuer mon énervement, et Ban' posa sa main sur mes cuisses, comme toujours. Sauf que là il fit glisser sa main vers l'intérieur et remonta. Je fermai les jambes prestement pour l'empêcher de remonter plus, je n'avais pas très envie de me faire remarquer en plein gala. Je le vis faire un sourire peiné puis retirer sa main, c'était un avertissement.

Après le dessert, j'étais sur le point d'exploser, cette fille avait fait tout ce qu'elle pouvait pour attirer l'attention de Ban', et sans le savoir tout fait pour me rendre folle, même avec Ban' qui me caressait le dos de la main avec son pouce. Ce n'était pas choquant aux yeux des autres car il faisait souvent ce geste et je passais régulièrement ma main dans ses cheveux. Nous étions proches naturellement, mais j'aurais aimé que ce soir ce geste ne paraisse pas comme un geste commun que nous faisions par habitude mais comme un geste d'appartenance, de possessivité.

Je tirais sur les boucles dorées de Ban', les faisant passer entre mes doigts. Lorsque de la sauce lui restait sur le coin de la bouche, je lui retirai et la goutais et même cela ne semblait pas étrange aux autres. Pas même à la fille qui le regardait toujours avec autant d'insistance. Je commençais à me poser des questions : à quel point étions-nous proches Ban' et moi, pour que les autres trouvent ce nouveau comportement, à ce point intime, normale sans même réagir, ou tiquer ? Etait-il seulement nouveau ?

Je me mis alors à nous observer d'un nouvel œil : Naturellement et comme toujours nous étions à côté, sans nous en rendre compte nous avions rapproché nos chaises de sorte que la seule manière pour cette fille d'être plus proche de Ban' que moi était d'être sur ses genoux. Il caressait machinalement le dos de ma main avec son pouce et ne la retirait que pour passer le sel, ou la mettre dans mon dos ou sur ma nuque, et les courts instants où sa main n'était pas sur moi, en contact avec ma peau me paraissaient interminable, froid et vide comme s'il manquait quelque chose. Enfin nos corps étaient orientés l'un vers l'autre alors même que nous parlions à d'autres personnes. Avant, il y a des années, quand les gens nous demandaient si nous étions ensemble, cela me semblait incongru car pour moi c'était clair, et nous n'agissions pas de manière à le faire croire, du moins de mon point de vue. Je ne prêtais pas attention à ces petits détails, jusqu'à ce soir, mais maintenant que je nous regardais cela me paraissait évident de se poser la question.

Nous étions même plus proches et plus intimes que les autres couples de la soirée, ainsi que des couples mariés. J'en venais même à me demander si cela choquerait qui que soit si j'embrassais Ban' à pleine bouche maintenant. Parce qu'honnêtement et d'un point de vue objectif c'est tout ce qui nous manquait pour être un couple. Et comment avais-je fait pour ne pas remarquer la manière dont il me regardait, pendant tout ce temps. Et est-ce que je le regardais de la même manière ? Tout devenait confus dans ma tête, j'avais tellement l'habitude d'agir comme ça avec lui, que le constater maintenant me laissait perplexe.