Chapitre 3 - Travail ingrat

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Musique : Ashe — Girl Who Cried Wolf

Les yeux noirs devant moi sont aphrodisiaques. Un seul regard et mon bas-ventre répond à cet homme. Son corps est tellement proche que je sens la chaleur qu'il dégage me coller à la peau. Néanmoins, cette distance est toujours trop grande. J'avance d'un pas sans quitter ses pupilles des yeux. Je me mords la lèvre inférieure comme une invitation.

Il plaque sa main sur ma nuque pour faire disparaître les derniers millimètres qui nous séparent sans pour autant laisser sa bouche toucher la mienne. Son souffle caresse mon visage. Il descend sa main le long de mon dos et cale son menton dans mon cou. Ce simple contact me fait frissonner. Sans arrêter sa descente, il arrive à mes fesses. Il glisse un peu plus bas, et je me laisse soulever. J'encercle sa taille avec mes jambes, et il dépose enfin ses lèvres sur la peau fiévreuse de ma gorge. À sa merci, je le laisse embrasser ma mâchoire et en découvrir les traits avec sa langue.

Impossible de résister plus longtemps, je fais descendre mes mains sur son buste et...

Un son plaintif sort de ma bouche pendant que je comprends que mon corps a douloureusement touché le sol. Je lève les yeux et je réalise mieux qui m'a dérangé. Je la déteste ! Ses yeux bleus brillent de malice.

— On se lève ! Tu n'as plus mal, il est temps de reprendre le boulot.

Je m'assois à même le sol et croise les jambes en tenant mes chevilles. Je la fusille du regard. Est-ce qu'elle sait ce que c'est de s'arrêter au meilleur moment ? Un véritable supplice !

— Dégage de ma chambre ! pesté-je.

Elle pose une main sur son cœur et prend une voix outrée :

— Depuis quand parles-tu de cette manière à ta propre sœur ?

Je l'observe un moment. Je lève les sourcils en arc de cercle. Ioana ressemble comme deux gouttes d'eau à Momo. Une vraie copie conforme de notre mère, mais en plus jeune. C'est à se demander si l'on partage les mêmes gênes. Autant dire, on ne se ressemble pas le moins du monde ! Une blonde face à une brune, yeux bleus contre yeux violets, petite princesse parfaite face à une rebelle tatouée... Oh, sans oublier qu'elle a déjà trouvé l'homme de ses rêves, et sans mauvais jeu de mots !

— Tu trouveras bien ton âme sœur un jour, arrêtes de râler ! reprend-elle, sans une once de compassion.

— Moi avec Éros... et bla-bla-bla... je marmonne pour imiter ma sœur.

Je ne sais quelle stupide divinité a décidé de nous accorder une âme sœur, une seule et unique personne dont nous pouvons tomber amoureux. Plutôt sympathique si l'on y pense : pas de peine de cœur, pas d'hésitation, une confiance absolue en l'autre. Le bonheur ! Sauf un petit détail : rêver de cette âme sœur chaque nuit depuis sa majorité jusqu'à l'avoir retrouvé et être enfin réunis. Une véritable torture et source de frustration ! Faites rapidement le calcul, j'ai vingt-deux ans. Quatre ans à raison de trois cent soixante-cinq jours donc un total de... combien de rêves érotiques déjà ? Les mathématiques, ce n'est pas mon fort ! Vous voyez le genre...

Ioana me balance un coup de pied dans le tibia pour me sortir de mes pensées.

— Depuis quand une grande sœur frappe sa cadette blessée ? répliqué-je, faussement scandalisée.

Elle tapote ma jambe du bout du pied.

— Tu es déjà guérie ! rétorque-t-elle.

Je hausse nonchalamment les épaules. Un avantage de notre nature, c'est qu'en vingt-quatre heures maximum, nos plus graves blessures se régénèrent sans aide médicale particulière alors qu'un simple humain aurait déjà perdu sa jambe à l'heure actuelle.

Les Noctambules T.1 - Désirs NocturnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant