Chapitre 33 : Les excuses

Depuis le début
                                    

Je porte ma main à mes cheveux rassemblés en chignon, échevelée et, dans un dernier espoir, sors une bobby pin qui maintient le tout en place.

Mon passé d'adolescente aux cheveux noués par des épingles refait surface et je reproduis rapidement, une vraie pratique due à des années d'entraînement à la Middle School puis à la High School, un trombone que je glisse dans son emplacement. Celui de mauvais goût se retrouve enfoncé dans le fond de mon sac tandis que je rejoins, avec le discours dans la main, Caleb qui s'impatiente comme un enfant. Il en viendrait à taper du pied contre le sol s'il le pouvait.

« Mais qu'est-ce que tu fabriquais ? Et pourquoi tes cheveux sont ainsi, en les indiquant du doigt, non pas que cela ne me plaise pas, mais tu n'es pas chez toi ici, autant que je sache. Son débit de parole est si rapide que je me sens presque agressée. Ici, c'est le lieu où tu travailles, pas un bar à chat ou d'autres conneries du genre ! Son laïus dure quelques secondes encore, mais je ne l'écoute plus, tant que je suis énervée. »

Je m'évente un instant avec les feuilles reliées et les dépose devant lui, avec colère.

« Quand Monsieur aura cessé de faire l'enfant, peut-être que je pourrais enfin en placer une ! Je sais que toute cette histoire te prend la tête, que j'ai été odieuse hier, mais je me suis excusée ! Il ouvre la bouche pour répondre, mais je lève la main pour l'arrêter. Nous sommes dans le même bateau à cause de toi, alors ne viens pas m'engueuler pour une coiffure, merde ! J'ai produit un trombone à partir de mes affaires pour toi, j'ai gentiment écrit deux discours, d'ailleurs celui-là est bien plus représentatif de ce que je pense, m'exclamé-je, en dirigeant mon corps vers cette fichue liasse de papier blanc, et tu viens me faire la morale sur un sujet si inutile que je me demande pourquoi on en parle encore maintenant ! Alors si c'est un moyen pour me déstabiliser ou de me faire payer les mots durs que j'ai employés hier, je trouve ça un peu gonflé que tu aies pu passer ta nuit à imaginer ce « stratagème » de dispute pour me faire du mal et me pourrir ma journée, tant mieux, c'est réussi. Donc, oui, j'ai les cheveux en pagaille, oui, je ne suis pas la petite amie idéale, oui, j'ai ouvertement dit ce que je pensais, mais au moins, je vis dans le monde réel, Caleb, et ça, ça n'a pas de prix. Donc, si tu veux bien, je vais me retirer, puis attendre que tu ailles faire cette stupide conférence pour nettoyer derrière toi. »

En finissant, je suis à bout de souffle, mais une dernière force m'accompagne pour claquer la porte au nez, sous un Caleb médusé.

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Je suis assise sur un bureau, bras croisés, tête pointée vers l'écran LCD accrochée au mur, dans l'open space. À ma droite, Dave, à ma gauche, un collègue X dont je ne connais que vaguement le nom. Je crois que c'est Harry, mais il n'y a aucune certitude. Quant à Merry, elle est la seule autorisée à rester avec Caleb, pour une raison qui m'échappe encore.

« Combien ?

— 43 personnes, une grande majorité use des dictaphones et il y a 13 caméras. Un sacré programme, examine Dave, en agitant le bras vers la télévision. Je me demande comment il fait pour être aussi calme. »

Caleb vient d'arriver dans le champ des caméras, il sourit et salue la foule de la main, ses papiers dans la main, mon faux trombone coincé maladroitement entre. Cela me fait sourire quand il s'installe et passe du bout des doigts ce dernier. Qu'est-ce qu'il peut être sexy n'empêche. On ne va pas se mentir, c'est un sacré homme qui se tient en face de plusieurs potentiels millions d'Américains, sans les voir. Il a une assurance incroyable, on ne verrait presque pas son stress.

« Bien, mesdames, messieurs, j'espère que l'attente ne fut pas excessivement longue, j'ai eu quelques affaires à régler avant de venir ici, fait-il, avec un flegme légendaire, mais non sans un sourire éclatant. »

Chocolat Chaud et Chantilly [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant