Chapitre 31 : 7 fois ! 7 fois !

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Il y a des fois dans la vie, où il faut apprendre à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. C'est la phrase qui convient parfaitement à la situation dans laquelle je suis actrice. De toute sa hauteur, il m'examine, les sourcils froncés, les poings serrés et une espèce de rictus désagréable qui finit par orner son visage. Caleb me regarde exactement comme lors de la première réunion, inquisiteur. Une boule rêche se forme dans ma trachée et j'ai l'impression qu'à tout moment je vais défaillir ou qu'il va me tuer avec ses yeux laser ! Bon dieu, mon cerveau commence à s'activer comme un train à vapeur ! Je vous jure, j'ai l'impression d'être une vraie locomotive !

« Je... Euh.. C'est... bafouillé-je, complètement dépassée par ce que je dois faire et dire.

— Calme-toi et reprends, tu me fais perdre du temps. Il se décrispe un instant et change d'appui sur ses grandes jambes. »

Ah. Plus facile à dire qu'à faire mon vieux ! Tout me paraissait plus facile derrière la porte. J'aurais peut-être dû rester ainsi, j'aurais su quoi dire au moins. Je lève la bouteille et la lui tends, tremblante.

« Bon déjà, cadeau. Une vraie petite merveille, tu m'en diras des nouvelles, je m'agite follement devant lui, et je suis venue pour m'excuser, j'ai parlé trop vite, je n'ai pas vraiment réfléchi et je regrette de t'avoir mis dans cette situation, débité-je, si rapidement que je m'étonne de ne pas avoir buté sur des mots. Mon attention n'était pas de te blesser, mais de te faire réagir, je déteste jouer un rôle qui n'est pas le mien, mes amis non plus et je pense que c'est la même chose pour toi. »

Il tient le précieux cadeau en plastique dans sa main, mais reste impassible. C'est comme parler à un mur sauf que là, c'est un homme avec des oreilles, des yeux et une bouche – et quelle bouche de surcroît – viables. Je le dévisage en cherchant une once de réaction.

« Caleb, s'il te plaît, j'ai besoin que tu me répondes, je me rapproche dangereusement de son corps, mais il recule violemment, se retrouvant derrière la porte ouverte à présent, ne cherche pas à me fuir...

— Le problème Olivia, c'est que tu ne sais pas te la fermer quand il le faut. Tu en dis toujours trop et ça commence sincèrement à me donner de l'urticaire ! Ce que tu as dit ce soir, c'est insultant ! Et tu crois que tu vas t'en sortir aussi facilement ? Il ricane méchamment. Ce n'est pas avec de l'alcool bas de gamme, aussi français soit-il, que l'on m'amadoue ! Ce ne sont que des paroles en l'air de toute façon. Comment pourrais-je te croire que cela n'arrivera plus ? Je ne peux pas te sceller les lèvres et sans te mentir, je regrette de m'être confié à une personne qui se sert de mes faiblesses pour m'enfoncer six pieds sous terre. Alors s'il te plaît, arrête. »

Je reste souffler, les yeux écarquillés. Il attrape la tranche de la porte et commence à la refermer en me tendant mon « cadeau ». Il faut que je reprenne immédiatement ! Je le repousse de la main, dans un dernier geste presque énergique puis bloque avec mon flanc droit tout le pan de la porte qui se referme derrière moi. Elle est lourde celle-là !

« Un cadeau est un cadeau, même empoisonné, alors garde-le... Si tu ne me fais plus confiance, soit, mais n'agis pas ainsi, laisse-moi m'excuser ! Je n'aurais pas dû dire ça, malgré toute la force que je mets, elle se ferme de plus en plus, argh ! Ton père est complètement taré, je le sais, tu le sais, nous le savons et je n'aurais pas dû, c'est clair, mais tu sais quoi, ma voix se fait plus forte, au moins tu as vu la vérité en face ! »

Soudain, toute la force opposée qui pressait sur la porte est largement diminuée alors que je m'appuie comme une folle furieuse dessus. Je me cogne très rapidement contre le mur, ce qui me surprend, tandis que je manque de m'éclater au sol. Je retiens un hurlement de surprise.

Chocolat Chaud et Chantilly [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant