Je te protègerais

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"Ces derniers temps, les meurtres ont augmenté. D'après la police scientifique, il s'agirait de la même personne. Beaucoup de gens se demandent comment les meurtres s'intensifient-ils d'un coup? Apparemment, personne n'est capable de nous fournir une quelconque preuve, mais il y'a d'éventuelles hypothèses : Un complice, une évolution du tueur en série au niveau de sa rapidité ou de sa force..."

Tout d'un coup, Keyla jeta le journal à terre après l'avoir froissé. Elle avait l'air énervée ce matin : elle n'a rien mangé et ne m'a pas encore adressé la parole. Il y a comme quelque chose...

-"Tu viens ? Il faut y aller !"

Je levais les yeux et je la retrouvais déjà loin. En plus de ça on dirait qu'elle est pressée de finir la journée. Je ne la comprends vraiment plus, la dernière fois, elle était sensible et émotive. Mais quelques jours après, elle s'est tout d'un coup renfermée sur elle même. Comme avant. Rajoutons aussi le fait qu'elle m'évite. Elle essaie de ne pas le montrer, mais je le ressens au plus profond de mon être !

Je la rejoignais après lui avoir lancé :

-"Hey ! Tu devrais m'attendre en tant que coéquipière. Tu..."

Avant que je ne finisse, elle se retourna vers moi et me lança un de ces regards noirs. Je baissais la tête, non pas de peur, un autre sentiment m'envahissait, je ne saurais l'expliquer. Tout à coup, je sentis la main de Keyla sur mon épaule pour me rassurer. Elle pense toujours que je suis faible et sans défense. Ce qui m'étonna, c'est que subitement, elle change de comportement et d'expression d'une minute à l'autre.

-"Désolée.. C'est que... Ces jours-là, je suis un peu tendue.. Le stress.. Et, toi..

- Ce n'est pas bien grave ! D'ailleurs, je réfléchissais si je pouvais nettoyer la scène de crime aussi bien que toi. Et sache que ton travail était impeccable.

- Tu y arriveras ! Ne t’inquiète pas ! Tâche juste de bien nettoyer les empreintes et tout ira bien...»

Attends voir, elle vient de dire que j'étais, en partie, la cause de sa mauvaise humeur. Je ne pensais pas que j'étais un tel poids. Me déteste-t-elle à ce point ? Je croyais vraiment qu'on était amis, qu'on se comprenait. Mais, apparemment, ce n'est pas le cas, c'est peut-être même le contraire... On dirait qu'elle ne veut pas s'approcher de l'être humain, en général, et ce ne sera pas moi qui arriverais à le faire.

Le soir, lors de notre retour, c'est comme si rien ne s'était passé, elle était normale, avec cette expression d'origine. Elle fixait le vide, comme toujours. Je me risquais en lui posant une question personnelle :

-" Dis, où vivais-tu avant ?"

Mais elle ne me répondit pas. On dirait même qu'elle ne m'écoutait pas. Quelque chose la préoccupait... Et je donnerais tout pour le savoir.

>Côté Keyla<

J'ai peur. Peur de quelque chose qui pourrait arriver, et mènerait à notre perte. Mon instinct ne me trompe pas, presque jamais. Mais lui, lui, il ne se doute de rien... Et j'en suis heureuse d'un côté. Toute cette innocence. Je n'ai jamais été innocente. On raconte que les bébés sont des anges, mais je doute que j'en sois un... Et dire qu'il est impliqué dans tous ces meurtres. C'est son choix, je ne pourrais l'en empêcher. Mais bientôt, je serai rongée par les remords. S'il lui arrive quelque chose, ça sera ma faute. Ma faute de ne pas l'en avoir empêché. Et si le tout retombe sur moi, et bien tant mieux. Au moins, il n'en souffrira pas.

Tôt le matin, comme d'habitude, je me réveille en avance. Je le regarde dormir et ne peux m'empêcher de pleurer. Pourquoi cette innocence, voudrait se mêler à ces crimes.. J'aurais tant voulu être à sa place, et fuir. Fuir loin de moi, loin de ce monstre. J'essuyai les quelques larmes d'un revers de main, c'est là qu'il se redressa, d'un coup. Un cauchemar... Je me demande de quoi il a rêvé. Il s'est réveillé haletant et en sueur. Je le tenais par ses épaules et lui parlait doucement de manière à le calmer. Mais tout d'un coup, il se jeta à mes bras et me serra très fort. Il tremblait. Je n'osais pas le rejeter, bien que je n’apprécie pas vraiment ça. Quelques secondes plus tard, il a repris ses esprits et a fini par me lâcher. Neass s'est excusé comme il pouvait...

Aujourd'hui, on trainait des les rues sans trouver aucune proie à "attaquer". Nous sommes passés par une de ces ruelles sombres, quand nous fîmes agressés par une sorte de junkies. Ils nous ont attrapés et ont attaché nos mains. Neass était complètement terrifié. J'essayais tant bien que mal d'atteindre mon poignard accroché à ma ceinture, mais je n'y arrivais pas.

-" Tiens, mais qu'avons nous là ? Deux mômes qui s'aventurent loin de chez eux. C'est hilarant, justement on a besoin de fric, et on a pensé que vous pouviez nous en prêter... Si vous tenez vraiment à votre survie."

C'était un homme affreux, entouré de plusieurs subordonnés. Ils riaient aux éclats tandis que leur maître parlait. Si je pouvais.. Seulement.. Atteindre ce fichu poignard ! Tout à coup, pris d'un élan de courage, Neass se jeta sur l'un de ces hommes. Cette distraction m'a permis, en me laissant assez de temps, de faire glisser mes mains de la corde qui les liait. J'attrapai mon arme prête à l'emploi et m'approchai dangereusement de nos agresseurs. En moins de deux, une partie d'entre eux était à terre, morts. L'autre partie s'était enfuie.

Je me dirigeais vers Neass, après avoir remis mon arme à sa place. Je le serrais dans mes bras, façon de le remercier. Je le lâchais et je le vis sourire. Ses yeux disaient : Tu vois, je suis capable de me défendre. Comme un enfant avec sa mère qui lui prouve qu'il a grandi.

Je lui fis un signe de tête, pour repartir et laisser derrière nous ce cauchemar qui fera de lui quelqu'un... Comme moi. Et ce sera loin d'être fini !

Journal d'une psychopatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant