Les Réparties de Nina

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    Au dessus de moi, le ciel était d'un bleu intense, si intense que ça m'en brûlait la rétine. Dans ma nuque, l'air frais passait et instinctivement, je caressai l'herbe grasse du bout des doigts. J'étais bien, là, allongée à même le sol. Je crois être dans une prairie. Un mouvement vers ma droite attira mon attention. Je tournai la tête pour tomber nez à nez avec Julian. Les premiers boutons de sa chemise blanche étaient déboutonnés et ses cheveux s'emmêlaient à cause du vent. Il prit place à mes côtés, s'allongeant à son tour sur l'herbe et scrutant le ciel aveuglant. Nous ne parlions pas, ni lui ni moi, mais ce silence comblait nos cœurs et me plongeait dans une béatitude absolue.

    Du coin de l'oeil, je le vis se relever et caler sa tête sur un bras, il m'observait. Je n'avais qu'à tourner la tête, et nos lèvres se toucheraient. Je n'avais pas peur, et c'est ce que je fis. Lentement, je rencontrai son regard, ces prunelles vertes, et mon regard descendit vers ses lèvres pleines. Nos corps s'attiraient mutuellement, comme des magnets. Et là...

- Tu vas te réveiller oui? dit-il en se reculant, les sourcils froncés, t'es à la bourre!

- Quoi? répondis-je, complètement perdue.

- Réveille toi!

J'ouvris les yeux. Un rêve. Ma mère était sur le seuil de ma chambre et me lançait un regard las, elle me répéta une nouvelle fois de sortir de mon lit et s'éclipsa. Je n'en reviens pas, je venais pour la première fois de rêver de Julian, mon professeur! Et si ma mère ne nous avait pas interrompus... stop, ce n'était qu'un rêve! Oui mais...

    Mon regard croisa mon reflet dans le miroir de ma chambre, je vois flou ou mes joues rougissent? En sortant de mon lit, je fais tomber quelque chose. Lorsque je me penche, je découvre les Poésies de Rimbaud. Je m'étais probablement endormie en le lisant. Je l'ouvre à la page cornée et découvre le post-it que j'avais collé sur les vers que j'avais bien appréciés la veille. Ils étaient tirés des Réparties de Nina :

Dix-sept ans! Tu seras heureuse!

Oh! les grands prés,

La grande campagne amoureuse!

- Dis, viens plus près! ...


Ta poitrine sur ma poitrine,

Mêlant nos voix,

Lents, nous gagnerions la ravine,

Puis les grands bois!


Rouge de honte, je refermai le recueil et le rangeai dans mon sac de cours. Je filai par la suite me préparer en vitesse. Matthew accepta de me déposer au lycée, et ça tombait à pic puisque j'étais déjà bien en retard. J'en profitai pour mener ma petite investigation. 

- Comment vous vous êtes connus, monsieur Wren et toi? demandai-je le plus naturellement possible.

- Monsieur Wren? répéta mon frère, à côté de la plaque.

- Julian, précisai-je.

Le simple fait de prononcer son nom à voix haute me procurait un agréable pincement au creux de l'estomac. Je tentai de l'ignorer et lançai un regard à Matthew.

- Oh, j'avais oublié que c'était ton professeur. Il est nouveau dans le coin et pas très calé en informatique, il est passé à la boutique il y a une quinzaine de jours, il avait un problème avec les câbles de son téléviseur.

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⏰ Last updated: May 03, 2020 ⏰

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