Chapitre VI : J'suis pas comme eux

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Précédemment :

"-Si vous me ramenez,..je..ils vont..vous faites une grave erreur en me ramenant...connard..

-Chuuut...

-..connard..."

Elle s'évanouit juste avant qu'ils sortissent de la forêt.

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Une fois arrivé, Mathieu alla voir M. Thorel-Kost.

"-C'est bon Monsieur, je l'ai retrouvée..

-Comment ? Mais..vous avez réussi à l'attraper sans protection..mais comment ?

-Elle semble en hypoglycémie...elle s'est évanouie je crois.

-Bien bien..donnez-la moi, je vais m'en occuper !

-À vrai dire je..

-Très bien, Dr Park ? Venez avec moi. Nous allons punir la fugitive comme il se doit.

-Quoi ? Comment ça la puni.."

L'interne n'eu pas le temps de finir sa phrase que le directeur et un médecin partirent avec Hanna. Il allait protester quand une main se posa sur son épaule. Il se retourna et vit :

"-Marina ?

-Re-coucou Math'..laisse donc Papa et Conrad s'occuper de la cinglée, et viens, on va reprendre là où on s'est arrêté !" Dit-elle d'une voix suave.

Mathieu soupira, désespéré. Ils continuèrent leur soirée autour de la machine à café. Il réussit à partir au bout de deux heures horripilantes. Il se dirigea vers sa chambre. Mais il voulait quand même s'assurer qu'Hanna allait bien. Il partir donc vers la cellule 222. En s'approchant, il entendit des bruits bizarres, comme... des cris. Il ouvrit la porte prudemment, entra dans la cellule et s'arrêta net.
Ce qu'il découvrit était d'une horreur sans nom : Hanna était bâillonnée, les bras croisés dans le dos suspendus par des chaînes au plafond. Elle était à genoux mais ces derniers ne touchaient pas réellement le sol. Elle était nue, la peau criblée d'hématomes, de lacérations, de brûlures. Certaines de ces mutilations étaient anciennes mais d'autres venaient d'apparaître. Du sang en sointait d'ailleurs.
Elle avait sorte de muselière en métal avec une espèce poire qui rentrait dans sa bouche. On voyait une légère fumée s'échapper de ce métal ainsi que des brûlures autour de la bouche de cette dernière, signifiant que le fer avait préalablement été chauffé.
La jeune fille releva difficilement la tête vers celui qui venait d'entrer. Ses yeux étaient entièrement rouges, de grosses larmes coulaient le long de ses joues et un mélange de sang et de salive s'écoulait hideusement de sa bouche. Elle le regardait avec une rage, une douleur et une tristesse accablante. Il n'eut pas tellement de mal à décrypter le message; en cinq mots : "C'est de votre faute, connard !" La bouche grande ouverte, les yeux exorbités et humides, la respiration coupée, Mathieu était figé, paralysé par cet affreux spectacle. Soudain, BTK le sortit de son tétanisme:

"Oh, l'interne, je ne m'attendais pas à vous voir... mais bon peu importe, que puis-je pour vous ?"

Choqué, il ne put que bafouiller:

"-..m-mais..Qu..qu..que faîtes vous..à-à Haann-na..

-Et bien c'est sa punition pour s'être enfuie ! Cette détraquée n'a apparemment pas encore compris comment ça fonctionnent ici ! Hein ! Hein le monstre !" Déclama-t-il en frappant violemment le ventre de la patiente à l'aide de son pied.

"MAIS ARRÊTEZ !! VOUS ÊTES FOU !" cria le blond en s'élançant vers eux pour l'arrêter.

"-Eh ho !" Il siffla les sourcils foncés" Baissez d'un ton Zuckerberg ! C'est comme ça qu'on procède ici !

-Quoi ?! Mais c'est une blague !

-Pas du tout, et si ça ne vous convient pas, je ne vous retiendrez pas !"

Mathieu se tut, toujours aussi choqué : il avait enfin sa réponse. Voilà ce qu'il se passait dans cet HP. Les patients étaient maltraités, battus, torturés. Tout devenait clair à présent : les réflexions et l'attitude d'Hanna depuis le début, la peur de Maëva face aux médecins et le monologue d'Anaïs, où elle parlait d'une pièce où les médecins faisaient des choses. Maintenant, c'était évident. Mais.. Mathieu ne pouvait démissionner, il l'avait compris; s'il partait, il pouvait dire adieu à sa carrière de psychiatre. Il n'avait pas d'autre choix que de se soumettre et de suivre le groupe.

"J...j-j'aimerais vous aidez..à..l-la.. punir." Dit-il d'une voix blanche.

"Ah ! Très bien ! Je vous en pris, je vous en pris, tenez ! Ça va vous plaire ! Attention, c'est chaud." S'exclama l'autre médecin en lui tendant un long martinet apparemment brûlant avec un large sourire.
Mathieu prit cet objet en main. Pourtant, il ne bougea pas d'un pouce. Il ne faisait que fixer ce fouet. Il lâcha finalement d'une voix faible et tremblante :

"J'aimerai être seul..."

Les deux médecins sortirent alors de la cellule avec de grands sourires satisfaits, les laissant seuls.

Mathieu avait le regard dans le vide, les yeux ternes. Il tenait encore le fouet brûlant entre les mains. On entendait rien, si ce n'est les gémissements plaintifs et les sanglots étouffés de la cannibale bâillonnée. Elle le regardait avec haine bien sûr mais surtout avec peur. Bien qu'elle n'eut jamais confiance en cet interne, elle pensait qu'il ne lui ferait pas de mal. Encore une fois, elle avait tort. Elle ferma les yeux et attendait sa punition. Elle espéra seulement qu'elle mourût de ses blessures. La douleur était insupportable.

"J'ai toujours pensé que la majorité des gens était bonne. Qu'à part quelques exceptions, le monde était constitué de gens bons..de gentils. Je croyais que les exceptions venaient en grande partie des psychotiques, des psychopathes, des détenus, tout ça.. C'est pour ça que je voulais être psychiatre..Pour soigner les personnes dangereuses et faire en sorte que le monde soit plus sûr. Les méchants sont derrières les barreaux et nous, les gentil, nous sommes devant; du bon côté. Voilà comment je voyais le monde.
Et là..
Et là je me rends compte que les plus dangereux et ignobles sont du même côté que moi...qu'il y a des gens comme Maëva Blistane, Anaïs et Charlie de Pailcipoce derrière les barreaux...
Je suis...y a pas de mot pour décrire ce que je ressens. J-je sais plus en quoi je dois croire..ni même ce que je dois faire...ni même de quel côté de la barrière je suis au final..
Je sais plus..."

Pendant toute cette tirade, Hanna avait gardé les yeux clos et appréhendait le moment fatidique.

Soudain elle entendit le fouet claquer bruyamment ainsi qu'un cris de colère et de frustration de la part du blond. Pourtant, elle ne sentit rien. Pas de douleur. Pas même un contact. Rien.
Elle équarquilla les yeux, stupéfaite. Elle leva les yeux vers Mathieu, perdue, et le questionna du regard.

"Mais je sais que j'suis pas comme eux.." dit-il dans un souffle.

Il avait frappé de toutes ses force sur le lit.. si on pouvait appeller cela un lit ; cela ressemblait plus à une plaque de métal froid et sale supportée par quatre piliers rouillés. Il avait donc frappé ce lit au lieu d'Hanna.
Le silence était extrêmement pesant. Seule la respiration saccadée et lourde des deux protagonistes retentissait dans cette sombre cage insalubre.

"J'suis pas comme eux....j'suis pas comme eux..." répétait inlassablement le blond dans une rage indescriptible. Et, tout en répétant en boucle ces cinq mots, il frappait ce lit en hurlant pour extérioriser toute sa rancoeur, son amertume et sa colère.
Il le frappait, encore et encore. Il le frappait jusqu'à ce qu'il s'écroula sur le sol, à bout de souffle, de force et de nerf.
Il éclata finalement en sanglot, toujours sous les yeux ébahis de la cannibale. Il leva enfin son regard vers elle : il était rempli d'une détermination si forte qu'elle était visible au fond de ses yeux. Il se leva prestement, jeta le martinet à l'autre bout de la chambre et se jeta sur Hanna. Il fit tout son possible pour la détacher rapidement et lui enleva avec précaution sa poire d'angoisse, le tout sous les gémissement de douleurs de la patiente. Ils pleurèrent encore et encore. Mathieu l'attrapa de ses mains puissantes pour la serrer contre lui. Elle le repoussa violemment mais il la retenait encore plus. Elle se laissa faire au bout de cinq bonnes minutes. Il passa ses mains dans sa chevelure neige. Ce câlin était violent mais pourtant si..vital. Un besoin mutuel d'affection et de consolation. Il restèrent ansi plus d'une heure.
Mathieu lui murmura, la respiration entrecoupée de forts spames : "J'te ~hnn~ ferai sortir d'ici ! J'te le ~hnn~ promet !!"

La Mort Est La Seule Issue..[En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant