Il louche : 8 ans de prison

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– Mais vous louchez ! Vous louchez, monsieur.

Qu'est-ce qu'il a à m'emmerder ? Est-ce que je lui demande s'il boite cet abruti ?

– Vous boitez ?

Ah tiens ! Si, je lui demande.

– Oui je boite ! Mais est-ce une question à poser à un boiteux ?

– C'est pas plus con que de demander à un loucheur s'il louche.

Il a une vraie sale trogne. Comme s'il boitait de la gueule. Oui, c'est ça il a la gueule boiteuse. Je vais lui dire.

– Dites, y a pas que de la guibole que vous boitez.

– Pardon ?

– Vous boitez aussi de la gueule.

Ahahaha, j'ai dû viser juste vu son air horrifié. Vieux con va. Ça t'apprendra.

– J'aimerais bien savoir comment vous pouvez juger que j'ai la gueule boiteuse vu que votre œil droit dit merde au gauche. Moi je crois que vous avez la vision qui claudique. Vous êtes presque aveugle alors comme tous les aveugles, vous êtes méchant et vous vous vengez contre le monde entier.

Il commence à me courir. D'où il sort ce vieil enculé ? Je suis là, à la cool, je mange ma glace dans le parc, j'emmerde personne, posé sur mon banc et ce vieux con me harcèle.

– Papi, vous allez me chercher longtemps ? Vous pouvez pas bancaler plus loin. Là où je vous verrai plus.

– Je veux bien.

À la bonne heure. Bon débarras. Pourquoi il bouge pas ?

– OK, merci, au revoir papi. Vous pouvez y aller.

– Par où ?

– Mais où vous voulez, que je vous vois plus, c'est tout.

– Oui, mais faut me dire, parce que là j'ai l'impression que je vais devoir me dédoubler. Avec vos loucheries, comment je sais si je dois partir à gauche ou à droite ? Faudrait que je parte dans les deux directions en même temps. Pas trop envie de me couper en deux pour vous faire plaisir.

Le vieux a l'air d'être là pour longtemps. Je ferme les yeux. Je me pose. Je réfléchis. Je conclus. Je vais lui péter la gueule.

– Monsieur, il faut toujours laisser le choix aux gens dans la vie. Alors voilà, soit vous partez, maintenant, soit je vous explose la rotule.

Quoique, vu comme il boite, ça le changera pas trop. Non, la rotule c'est une menace blanche. D'ailleurs il se marre l'enculé.

– Vazy mon gars, explose.

– Je vous défonce l'autre !

Ah, le sourire a disparu. Boiter d'une jambe, c'est une chose, tu claudiques haut bas, haut bas, mais si je lui casse l'autre rotule, il va clauclaudiquer, ce sera encore plus ridicule : bas très bas, un peu haut, haut, bas, très bas, plic-ploc.

– Alors, on fait moins le malin papi.

– Le problème des jeunes, c'est qu'ils prennent la mouche pour un oui ou pour un non. On peut plus leur parler sans qu'ils interprètent tout mal, qu'ils trouvent tout louche. Les jeunes et les vieux, y a pas, ça diverge. Ils regardent à droite ou à gauche et nous plutôt derrière et...

Mais, c'est la journée des fous ou bien ? Y a Halloween et on m'a rien dit ? Pourtant, jusqu'ici, tout était normal.

Peut-être que je suis assis sur un banc qui attire les cons ? Doit être ça. Je me lève et je bouge.

Les refaits diversOù les histoires vivent. Découvrez maintenant