Nantis

Chapitre 14 : Demons

— Développe, insista la jeune fille, Qu'est-ce que vous avez fait ?

— J'ai mis ma fierté de côté et je suis retourné dans le trafic.

— Ruben a accepté ça ?

— Ruben n'a rien à dire, c'est ma vie.

Anna resta silencieuse. Elle reporta de nouveau son regard vers le sachet de drogues sur le bureau. Un paquet rempli de petites pilules blanches, étalées là, sans aucune gêne, comme s'il n'avait jamais vraiment cherché à le cacher.

— Écoute Jared, reprit-elle en se retournant vers lui alors que le garçon venait de s'allonger de tout son long sur son matelas, On m'a parlé de...

— De quoi ?

— Tes problèmes de drogue.

— Quels problèmes ? Interrogea-t-il en se relevant.

La jeune fille glissa sa main vers le paquet en question. Elle l'attrapa du bout des doigts de manière à le tenir devant elle et enchaina :

— Vendre ces merdes est une chose que tu ne considères peut-être pas comme un problème, mais en prendre, c'en est un par contre.

— Qu'est-ce que tu me fais ? L'interrogea le garçon en fronçant des sourcils, Tu penses que tu vas me faire une leçon de morale ?

— Jared c'est dangereux tout ça ! S'offusqua-t-elle, Tu joues avec ta vie !

Anna venait de se remettre debout, peut-être pour se donner plus de contenance, et Jared finit par suivre son mouvement.

— Qu'est-ce que ça peut te foutre ? Cingla-t-il.

— Putain ! Pourquoi vous jouez tous à ça ? On est amis tous les deux, toi aussi, tu vas prétendre le contraire ? Pourquoi tu ne veux pas m'écouter ?

— Parce que tu n'y connais rien Anna, tu n'y comprends rien. Je sais que ça te dépasse parce que tu vis dans ton monde bien propre et bien rangé de petite intello qui veut aller à la Sorbonne pour faire comme son connard de père mais ça ! S'écria-t-il en lui montrant le paquet qu'elle tenait toujours dans la main, Ce n'est pas si grave. C'est pour s'amuser, planer en soirée, j'ai aucune leçon à recevoir d'une gamine comme toi !

La jeune fille resta estomaquée l'espace d'une seconde. Jared n'avait jamais mâché ses mots et disait toujours ce qu'il avait sur le cœur, elle avait l'habitude. Mais quand ses mots étaient prononcés avec une telle colère et dirigés directement contre elle, ce n'était plus pareil.

— S'amuser ? Répéta-t-elle, tremblante, C'est super drôle de faire une overdose.

— Casse-toi, la coupa-t-il brusquement, Tu n'as rien à faire ici.

— Ouvre les yeux Jared, il ne faut pas que tu replonges !

— Replonger ? Répéta-t-il, Qui te dit que j'ai déjà arrêté ?

Anna resta de nouveau silencieuse. Elle ne savait pas quoi dire, elle ne savait pas quoi faire. Tout ça parce que, au fond, il avait raison. Ce n'était pas son rôle. Elle était qui, au juste, pour lui dire tout ça ?

A court d'idées, elle resserra dans sa poigne le sachet de drogues et Jared enchaina, blasé :

— Quoi ? Tu veux le jeter dans les toilettes ? Pour alourdir mes dettes ? C'est ça ton idée brillante pour m'aider ?

— Prouve-moi que ce n'est pas si grave, rétorqua Anna.

De ses doigts tremblants, elle ouvrit le sachet.