Prologue : Victoria

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Attention: On m'a signalé que certaines phrases avaient été coupées... Je m'occupe très vite de ce problème. Je vous prie de m'excuser pour la gêne occasionnée.

13 août 29 av J.C.

- Arria !

La fillette avait lâché la main de sa mère pour se faufiler parmi la foule en liesse agglutinée le long de la Via Sacra.

Les multiples appels de la mère d'Arria furent étouffés par les trompettes qui retentissaient dans la cité antique. La jeune romaine se fraya un chemin vers le Forum en bousculant les citoyens acclamant le cortège du butin.

Elle ne voulait pas manquer l'arrivée des victorieux légionnaires , surtout celui de son père qu'elle n'avait pas vu depuis près de deux ans . Ressemblera-t-il à l'homme de ses souvenirs ? La reconnaîtra-t-il ?

Arria parvînt à hisser au premier rang, subjuguée par la ferveur ambiante. Les habitants de la cité romaine brandissaient des étendards , ceux qui célébraient l'événement de leur fenêtre des immeubles jetaient des pétales de fleurs.

La clameur de la foule était assourdissante presque indescriptible lorsque les prisonniers se dirigèrent vers le Capitole. Trois enfants fiers et nobles étaient attachés les uns aux autres par une corde .

- Regardez ! Les enfants de la reine catin, murmura une citoyenne moqueuse à gauche d'Arria.

- Ça aurait dû être elle, maugréa un Romain à sa droite.

La fillette aux nattes blond vénitien croisa les yeux de braise du premier garçon. Arria eût du mal à ne pas détacher son regard vert de cette parfaite représentation d'un jeune Phébus. Son cœur se serra quand elle découvrit l'état de ses habits ternis par la terre.

Il n'avait pas l'air apeuré ou effrayé comme le troisième, il avait même quelque chose d'attirant et de fascinant. Ses cheveux courts, bouclés et blond sublimait son teint halé. Son visage rond aux lèvres fines et son port de tête altier dénotait qu'il appartenait à une lignée royale. Arria lui adressa un petit sourire qui le lui rendit discrètement.

Puis quatre chevaux blancs tirèrent un monumental char tout or et décoré des étendards rouge du haut duquel un homme couronné de laurier salua les Romains. Sous les acclamations, le conquérant à la toge pourpre brodée d'or savourait sa gloire . Cependant une ombre planait sur son visage; il serra sa mâchoire et ses yeux si bleus étaient devenus noirs par l'éclat de la détermination. Avec rage, il empoigna fermement le sceptre surmonté d'un aigle et d'une branche de laurier.

Près du char , Arria admira l'homme à l'allure auguste dont la moitié du visage était cachée par le casque attique aux motifs estampées. Couvert d'un manteau écarlate à l'épaule droite, le tribun militaire tenait fièrement la bride du cheval d'une main.

- Papa ! Papa ! cria-t-elle en sautillant parmi les autres citoyens.

Le tribun parcourut la foule des yeux puis remarqua la gamine à la peau diaphane aux grands yeux verts agitant ses bras. Le temps s'arrêta pendant quelques minutes.

Par Jupiter, qu'elle avait bien grandi! Le portrait de sa mère! pensa-t-il en couvant la fillette du regard avant de chercher son épouse dans le peuple scandant le nom du triomphateur.

Bouché bée, Arria était éblouie par la posture majestueuse de son père. Ce dernier lui fit un clin d'œil en continuant sa course vers le temple de Jupiter près du Capitole où le char d'Octavien s'était arrêté.

Le plèbe retint son souffle lorsque le vainqueur monta les marches du temple de Jupiter. Les prêtres en simple toge commencèrent à jouer de la flûte, d'autres à louer gloire au Dieu des Dieux. Tout s'arrêta quand l'un d'eux conduit le taureau adulte enrubanné vers l'autel où attendait le conquérant.

Calmement, celui-ci versa le vin sur l'animal puis d'un geste vif, il projeta son glaive avec une précision extraordinaire sur le flanc droit de l'animal. Un flot ensanglanté éclaboussa le visage glorieux du triomphateur.

Le taureau beugla surpris puis tomba sous le coup mortel. Sans laisser le moindre répit à l'animal, l'homme asséna de coups violents le cou de la victime pour le décapiter. Alors, l'homme s'empara de la tête de l'animal puis la brandit sous l'ovation de la cité romaine marquant le début du banquet de célébration.

- Arria , gronda sa mère soulagée en prenant la main de son enfant.

- Oh maman ! J'ai vu papa ! Tu aurais dû le voir, maman ! Il était si grand, si magnifique....

*** ***

Le conquérant entra dans une maison s'élevant sur le mont Palatin près de la via Appia. Puis il pénétra dans son bureau près de l'atrium puis observa froidement le buste de Jules César qui se situait à l'entrée. Sa victoire avait un goût de défaite. Il était prêt à tout pour trouver celui qui se mettrait sur son chemin.

Il se revit poignarder Césarion après avoir appris le suicide de la Reine d'Egypte. Ses yeux froids et glacés s'était posé sur l'enfant de Rome et d'Alexandrie, sa menace directe qui expirait dans ses bras. Avec un sourire imperceptible, Octavien tenta d'adoucir la peine de l'héritier de Jules César qui s'accrochait à la vie, en chuchotant des prières romaines. Il implora la clémence des Dieux lorsque Césarion se mit à rire, éclaboussant la toge d'un blanc immaculé d'Octave de son sang. Le victorieux tacticien y vût le signe de la mort n'était pas loin. Violemment, Césarion, livide, aggrippa le tissu blanc, regarda droit dans les yeux son meurtrier. La lueur de défi y dansait puis l'enfant légitime de Rome prononça faiblement mais avec défi :

- Crois-tu que ma mère, la grande Reine d'Egypte, te laissera son royaume, à toi, Octavien ? Sans se battre ? Par la barbe d'Osiris, la penses-tu aussi mauvaise stratège?

Octavien prit la mâchoire ensanglanté de Ptolémée XV en essayant de déchiffrer ce que ce sourire narquois signifiait.

- Je ne suis pas le petit César que tu recherches... Mon petit frère... réclamera son dû... un jour, son héritage...

- N-N-

- Il viendra se venger....il régnera sur Rome et sur l'Egypte, comme les Dieux l'ont prédit. N'est-il pas désigné comme l'héritier de ton père adoptif ? As-tu cru que j'étais Julius Philator Caesar ? Je t'ai surestimé, Octavien. Et toi, dit-il d'une voix sifflitante, tu as sous-estimé la finesse d'esprit d'une femme aussi intelligente que..Cléopâtre... Vive l'Egypte...

- Où est-il ? vociféra Octavien en secouant violemment le corps inerte de Césarion. Où est Césarion ?

Dans cette salle marbrée et tapie d'or, seule la voix du trentenaire résonnait en écho.

Au même moment, un éclair transperça le ciel et le tonnerre gronda brusquement.

Horrifié, Octavien tituba dans la chambre royale du pharaon. Dans son dernier souffle , celui-ci avait emporté avec lui le dernier secret d'Egypte. Celui qui terrifiait l'héritier désigné de Rome; celui qui menaçait l'ordre et ses ambitions.

Le futur Empereur romain s'accrocha au mur observant le corps gisant dans une mare de sang.

Cléopâtre VII l'avait nargué jusqu'à la mort. Et, la glorieuse et puissante femme continuerait à le hanter bien après.

Fin du prologue ~

J'espère que ça vous a plu et que vous laisserez une chance à ce livre !

En média: La scène de la série Rome dans laquelle Octavien retourne triomphant à Rome

L' Esclave de RomeWo Geschichten leben. Entdecke jetzt