(UN)FORGETTABLE (EN PAUSE)

Chapitre 14 : Votre nom ?

AUPARAVANT

Une main sur chaque berceau, je soupire silencieusement. Ils dorment. Je ne mettais pas vraiment posé de question sur le retour à la maison. Bien sur, j'étais inquiète. Mais j'avais tellement de choses à penser. Comme, comment élever deux enfants ou la couleur des rideaux du salon. Notre nouvelle maison manque de finition mais elles nous ressemblent, et pour le peu de temps que nous avions, j'en suis ravie. Et les bébés vont bien. Nés au terme, Nora un peu plus légère que son frère, ils sont en pleine forme.

Je les regarde encore, sentant une boule se former au creux de ma gorge. Je suis heureuse, mais complètement exténuée. D'un revers de main, je frotte les larmes qui commencent à s'amasser sous mes yeux.

- Gabriella ?

Je me tourne doucement vers Pierre, qui pénètre à son tour dans la chambre. Il marche sur la pointe des pieds jusqu'à moi, m'enlaçant par la taille.

- Tout va bien ? Il chuchote.

Je hausse la tête de haut en bas, essayant de ne pas me mettre à pleurer.

- Ils sont beaux, nos bébés.

Je souris de toutes mes dents.

- Oui, je souffle.

À la seule lumière d'une petite veilleuse, ils dorment paisiblement depuis presque deux heures. Je sais que dans peu de temps, ils se réveilleront pour prendre leurs biberons. Bien entendu, je ne sais pas si ils les prendront en même temps ou non. Quoi qu'il en soit, il faudrait que j'aille m'allonger et essayer de fermer les yeux avant que je ne doive m'occuper d'eux. Mais je ne m'y résous pas. Je ne veux pas les laisser. Comme si Pierre m'entendait, il se penche au creux de mon oreille.

- Ils vont bien Gabi, viens te coucher.

Je hausse les épaules, en me pinçant les lèvres.

- Et si ils pleurent, si ils leurs arrivent quelque chose ?

- On a acheté des babyphones hors de prix et ils ne risquent rien, nous sommes dans la pièce d'à côté.

Je sais qu'il a raison mais je ne suis pas convaincue. J'ai cette peur, presque viscérale qu'il y ait un problème.

- Est-ce que ça va durer pendant toute ma vie ? Je demande.

- De quoi ?

- Cette inquiétude que j'ai pour eux, ce besoin de les protéger quoi qu'il arrive alors qu'ils n'ont que quelques jours.

Pierre pose son menton sur mon épaule, resserrant son étreinte.

- Je ne sais pas. Mais mon instinct paternel me dit que oui, tu t'inquièteras toujours pour eux. Même lorsqu'ils auront 30 ans. Et moi aussi.

Je souris les imaginant déjà grands avec d'autres frères et soeurs.

- Ça s'appelle l'amour Gabi. Et l'amour c'est épuisant, alors vient t'allonger, je vais rester les surveiller si tu veux.

Je laisse tomber mes mains des berceaux, pivotant vers le jeune homme. Je lui offre un chaste baiser sur les lèvres sur la pointe des pieds.

- Merci Pierre.

- Merci à toi de m'avoir offert ces deux enfants.

MAINTENANT

Je serre Nora contre moi, essayant de retenir mes larmes.

- Maman.. peux plus respirer.

Je ris en me détachant légèrement.