Chapitre 13 : C'est lui.

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AUPARAVANT

- Tu n'es pas trop déçue, Maman ?

Je pivote vers elle, en déplissant nerveusement le bas de ma robe. Elle ne répond pas immédiatement, prenant le temps de sourire, les larmes aux yeux, avant de s'approcher de moi pour me prendre le visage en coupe.

- J'aurais été déçue si tu avais fait comme tout le monde Gabriella, prenant une robe longue et bouffante qui ne te conviendrais pas.

Elle sourit encore, pendant que je sens le stress monter encore un peu plus à l'approche de la cérémonie.

Je n'ai pas essayé ma robe de mariée comme la plupart des filles avec leur mère. Non, moi je l'ai trouvé dans une brocante, pendant mon voyage au Brésil avec Judith. Elle est simplement blanche, sans manches et courte.

J'ai eu un coup de coeur, pour une poignée de pain.

Notre mariage s'est décidé en une matinée, programmé 1 mois et demi après.

- Bon, tu es prêtes ?

Je secoue nerveusement la tête de droite à gauche.

- Non, une seconde encore.

Elle se retire un peu, pendant que je prend de grandes et profondes inspiration. Je n'ai pas un seul doute concernant ma réponse et mon amour pour Pierre. C'est simplement que j'ai peur. Sans aucune raison d'ailleurs. Il n'y a que très peu de membres de ma famille et tout autant de mes amis. C'est la même chose du côté de Pierre. Nous voulions quelque chose d'intime, dans le jardin de mes parents. Ça peu paraitre atypique mais c'est nous. Et c'est le plus important, non ?

- Avant d'y aller, une photo.

Je prend facilement la pose, souriant en direction de l'objectif. Les photos sont une partie importante de la concrétisation de notre amour. Après-tout, tout a commencé comme ça.

- Tu es splendide Gabi.

Je m'approche d'elle, découvrant le cliché.

- Pierre va adorer, elle souffle

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- Pierre va adorer, elle souffle.

Je finis par sortir de ma chambre de petite fille, un bouquet de roses blanche entre les doigts.

Mon père m'attend en bas, dans la salle-à-manger, dans son costard qu'il ne sort que pour les grandes occasions.

- Voilà la plus belle.

Il m'embrasse sur la joue me serrant contre lui.

- Allez Gabi, allons te marier.

Au bras de mon père, je le vois. Pierre m'attend dans son jolie costume et son noeud papillon autour du cou. En le voyant, je ne peut-être que plus sûre de mon choix. C'est lui.

Je marque jusqu'à lui, les larmes aux yeux

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Je marque jusqu'à lui, les larmes aux yeux. Je me sens complète, remplie de bonheur. C'est lui, oui. Il est l'homme de ma vie, ça n'a rien de niais, c'est simplement la vérité. Je ne vois pas un avenir possible sans lui. Une relation aussi fusionnelle est peut-être nocive et destructrice mais tant pis.

C'est lui.


MAINTENANT

Judith m'a raccompagné chez moi. Je ne peux pas dire que tout va bien et que nous sommes redevenues les meilleures amies du monde mais elle est de retour dans ma vie, et ça fait un bien fou.

Elle m'a expliqué qu'elle pensait que Pierre squattait notre ancienne maison et qu'elle ne savait pas ce qu'il était devenu.

J'ai appelé mon travail et j'ai démissionné. Je l'ai fait sur un coup de tête, mais ça m'a fait tellement de bien. Je ne compte pas vivre sur le dos de l'Etat mais j'ai de quoi vivre. J'ai toujours cette somme d'argent que nous avait versé l'assurance et qui me permettrait de vivre sans rien faire jusqu'à la fin de mes jours. J'avais toujours refusé de la toucher. C'était trop dure. Ça l'est encore maintenant mais je dois avancer.

Je monte les marches jusqu'à mon appartement, cherchant les clefs dans mon sac. Je sursaute en le découvrant devant la porte.

C'est lui.

- Gabi..

Je me pince les lèvres, me rappelant l'avoir lâchement laissé dans ce café.

- Je sais que tu m'avais dit de t'oublier mais je ne peux..

- Pousse-toi, s'il-te-plait.

Il fronce les sourcils, sans bouger.

- Tu es devant la porte, nous discuterons à l'intérieur.

Je garde mon calme, pendant qu'il s'exécute. Je déverrouille la porte, le laissant passer devant moi. Je n'ai rien décidé et je ne sais pas ce que je veux faire avec lui.

Nous nous asseyons autour de la table de la cuisine en silence.

C'est drôle. Le voir devant moi me fait toujours une sensation bizarre. Le temps que nous avons passé séparé m'a paru durer une éternité. Une douloureuse éternité, dont je ne me remettais à peine que maintenant.

- Je suis allée à notre ancienne maison. Il y avait Judith, elle te cherchait. Elle pense que tu squattais là-bas.

Il fronce les sourcils, avant de s'emporter :

- Je veux qu'elle arrête de me chercher. Je ne l'aime pas Gabriella, je me déteste pour ce que je t'aurais fait. C'est toi. Tu es la seule, merde.

Je prend une profonde inspiration, je ne peux pas me remettre à pleurer.

- Pierre. Tu ne sortais pas avec elle. Vous avez couché une fois ensemble, puis nous nous sommes séparés et tu as disparu. Personne ne sait ce que tu as fait après.

J'ai l'impression qu'il retombe encore une fois sur sa chaise, qu'il s'y enfonce. Ses épaules retombent en arrière et il s'affaisse. Je le quitte des yeux en voyant les siens se remplir de larmes. Je ne peux pas le supporter.

- Gabi, qu'est-ce que j'ai fait ?

Je hausse les épaules :

- J'en sais rien Pierre. J'en sais rien.

Il est vrai que je me pose aussi des questions. Tout ce que j'avais pu m'imaginer sur plusieurs années a été bafoué en quelques jours.

- Est-ce que tu vas m'aider ?

Je reviens à lui, l'intimant d'être plus précis.

- Je veux savoir ce que j'ai pu fabriquer sans toi. Je ne suis pas certain que ça nous plaira mais j'ai besoin de savoir. Et puis, ça m'aidera sûrement à me souvenir. Et, si je me souviens et que c'est si terrible que ça je disparaitrais à nouveau.

Il marque une pause, plongeant ses yeux dans le mien :

- Si c'est toujours ce que tu veux.

Je me contente d'acquiescer avec un hochement de tête. Je tremble à l'idée qu'il disparaisse encore mais après-tout, je n'arrête pas de clamer sur tout les toits que je veux qu'il s'en aille.

En quelques secondes je prend une décision. J'ai bien peur que se ne soit pas la bonne mais je ne peux pas faire autrement, c'est viscéral. C'est Pierre. C'est lui.

- Oui, je vais t'aider. 

(UN)FORGETTABLE (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant