La Fille Du Président Et L'avocat

Chapitre 3

C'est ainsi que Cassandra avait quitté le Steward Cabinet, folle de rage, et qu'elle était allée retrouver son père à la Maison-Blanche. Mais ce dernier refusait de prendre son parti. Eh bien tant pis, il finirait bien par se soumettre. Du moins, c'est ce qu'espérait Cassandra. Son téléphone vibra et afficha le nom de son copain, le prince Harry.

— Allô ? Ça va ?

— Oui et toi ?

— Moi oui, mais toi, je n'en suis pas si sûr. Quelque chose ne va pas, je l'entends au son de ta voix. 

— Ça va mon chéri, ne t'inquiète pas. Juste des futilités, ça va passer.

— Enfin, dis-moi ce qui ne va pas... Tu n'es pas aussi joviale que d'habitude, c'est encore ton patron qui te met des bâtons dans les roues ?

Elle respira un grand coup avant de lâcher :

— Il vient de me  virer, Harry. Et d'une façon affreuse ! Mais tu sais ce qui est le pire dans l'histoire ? Mon propre père ne me soutient pas !

Cassandra éclata en sanglots. Tout le poids de ces six mois glissa sur ses épaules. Elle en avait besoin. Au bout du fil, Harry tenta de la calmer du mieux possible et  promit de l'aider à obtenir ce qu'elle souhaitait. Calmée, elle décida de rentrer à son appartement. Le lendemain était un autre jour et elle comptait bien sur Harry  pour l'aider à surpasser cette épreuve. Mais avant cela, il fallait qu'elle se repose. Étant en sourdine, Cassandra ne remarqua pas tous les appels en absence sur son téléphone et tomba rapidement dans les bras de Morphée.

[...]

Lorsqu'elle se réveilla le lendemain matin, elle fut surprise de croiser ses parents dans l'appartement. Ils possédaient bien évidemment le double des clés.

— Que faites-vous là ?

— Non, toi plutôt. Que fais-tu là ? Il est midi et tu n'es toujours pas au cabinet ! rétorqua sa mère. 

— Tu nous expliques ? demanda son père. 

— Je ne veux plus y aller, c'est tout.

— Quand comptais-tu me dire que tu a été virée du Steward Cabinet ? hurla son père en jetant un journal sur son lit.

Elle faisait déjà la une des journaux. C'était à se demander si quelqu'un n'épiait pas le moindre de ses faits et gestes.

— Ma fille, ma propre fille me fout la honte ! Comment est-ce possible ? Tu n'as pas été éduquée comme ça ! Ce n'est pas bon pour notre image, tu le sais ! Tu me déçois beaucoup, jeune fille ! ajouta son père plus énervé que jamais.

Cassandra  ne comprenait d'ailleurs pas son excès de colère.

— J'ai essayé de te le dire, papa. Mais tu n'as pas voulu m'écouter, finit-elle par répondre pour se défendre. Et puis d'abord, je suis partie de moi-même de ce cabinet. J'en avais ras-le-bol. Mais il en a profité pour me virer. 

— Mais que diable s'est-il passé ? Je croyais que tu étais heureuse là-bas ? commenta son père. 

— Non, je ne l'ai jamais été. J'étais maltraitée. Il a voulu que je lui serve son café, tu te rends compte ? 

— Et alors ? Tu sais préparer un café, non ?

Cassandra était outrée.

— Mais tu te rends compte de ce que tu me dis, papa ? Je suis ta fille, tu m'as élevée avec des principes et des valeurs très stricts. Règle numéro une, ne jamais se rabaisser devant quiconque. C'est ce que je mets en vigueur ! 

— Bien sûr, mais il y a une exception à tout bon sang ! Tu ne peux pas foutre ton avenir en l'air pour une chose aussi ridicule ? Tu as vraiment cru que les autres cabinets d'avocats accepteraient de te prendre après avoir été virée du Steward Cabinet ?  Mais tu rêves ! Aucun cabinet de renom ne ramasse le déchet d'un autre ! tonna le président.

Le ton de son père la choquait.

— C'est ainsi que tu me considères, père ? Comme un vulgaire déchet ?

— Dans ce contexte, oui... lâcha ce dernier sans dissimuler quoi que ce soit.

Puis, voyant le silence pesant s'installer dans la pièce, Cassandra finit par avancer ce qu'elle voulait.

— Il y a sûrement quelque chose que tu puisses faire pour éviter cela ?

— Bien sûr que je peux faire quelque chose ! rétorqua-t-il.

— Alors fais-le ?

— Non.

— Non ?

— Tu as bien compris.

— Et je peux savoir pourquoi ? 

— Il est temps que tu commences à faire face à tes responsabilités comme une grande personne. Je ne serai pas éternellement président des États-Unis. Et il serait bon que tu apprennes à te débrouiller seule. Tiens, dit-il en lui tendant un téléphone. 

— Et je suis censée faire quoi avec ça ? 

— Tu vas appeler le Steward Cabinet et présenter tes excuses.

— Pardon ? cria-t-elle hors d'elle.

— Il est inacceptable pour moi que ma fille soit un échec. Jamais !

Autour de Cassandra, tout se mettait à tourner. Elle était en train de vriller. Ses parents décidèrent de la laisser tranquille afin qu'elle médite sur leur discussion. Mais avant de partir, son père ajouta :

— Casse tout que tu veux. Par contre, que tu le veuilles ou pas, tu présenteras tes excuses à monsieur Steward. Et prie Dieu pour qu'il te pardonne cela ! Sinon, tu peux dire adieu à ta carrière judiciaire. Un jour, tu me remercieras !

— Sors, papa... Sors.  Je te déteste, je te déteste ! craqua-t-elle.

Cassandra s'affala sur son lit. Ses larmes coulaient à flot. Elle n'allait rien fait du tout et tant pis pour les conséquences...

[...]

Harry avait promis de l'aider, et c'est ce qu'il avait fait. Malheureusement, deux semaines plus tard, il informa Cassandra qu'aucun cabinet ne souhaitait la prendre. Elle savait que son père était en partie responsable de cette nouvelle. Il ne voulait voir sa fille exercer nulle part ailleurs qu'au  Steward Cabinet. Elle ne comprenait d'ailleurs pas son obsession pour ce cabinet. Certes, il était renommé dans le monde entier, mais ses états d'âme à elle ne comptaient-ils pas ? Dépitée, elle décida de laisser l'eau couler et de couper les ponts avec son père quelque temps. Peut-être se ferait-il une raison et laisserait-il tomber cette histoire ? Après tout, c'était sa vie et elle seule était maîtresse de son destin.