La Fille Du Président Et L'avocat

Chapitre 2

Son garde du corps l'y attendait. Un seul garde du corps et non plusieurs. C'était la seule condition que Cassandra avait imposé à son père pour mener une vie, disons... simple. Lorsqu'il s'était présenté à l'élection présidentielle et qu'il l'avait remportée, Ryan était devenu son garde du corps rapproché ainsi que son chauffeur. 

— Où  allons-nous, mademoiselle ? Je vous dépose à votre appartement ?  demanda-t-il en lui ouvrant la portière.

Il  la  débarrassa de son manteau et de son sac.

— Non, Ryan... répondit-elle en enfilant ses lunettes noires. J'ai besoin de me vider  un peu la tête. Conduis-moi au parc Lafayette.

— Comme vous voulez.

Il s'exécuta en lançant la playlist habituelle. La voix douce et chaude de Beyoncé résonna dans l'habitacle.

— Éteins la musique, Ryan. Ou mets quelque chose de plus jovial ! J'ai besoin de me vider l'esprit et cette musique me donne plus envie de pleurer qu'autre chose. 

— Bien. Excusez-moi, mademoiselle.

Cette fois, il choisit une musique aux sonorités latines. La voix suave de Luis Fonsi et de Demi Lovato emplit le véhicule.  La musique eut un effet relaxant sur les sens de Cassandra. Cependant, elle avait toujours cette boule de rage, nouée au fond de la gorge, qui n'allait pas tarder à exploser.  Elle en avait plus qu'assez de cette situation. 

— Stop ! Gare-toi ici.

Ryan freina automatiquement. Ils étaient  arrivés au parc Lafayette. Cassandra descendit et fit les cent pas dans le parc. Bien évidemment, Ryan assurait sa protection de façon discrète.  Elle s'assit sur un banc et laissa voguer son esprit. Sa vie prenait un tournant qui ne lui plaisait pas du tout. Dire que six mois plus tôt, elle avait été ravie d'apprendre qu'elle allait commencer à exercer en tant qu'assistante dans le Steward Cabinet... Dirigé, qui plus est, par le très talentueux avocat Peter Steward. Une opportunité peu commune puisque que cet homme était très sélectif. Elle savait que son père y était pour quelque chose dans sa position. C'est lui qui avait fait en sorte qu'elle soit sélectionnée. L'un des  aspects positifs à être la fille du président des États-Unis. 

Ce jour-là, toute excitée, elle s'était rendue dans les locaux du cabinet. Elle s'était directement dirigée vers le bureau de Peter Steward. Il était au téléphone quand elle était entrée. Il avait écourté sa conversation en l'apercevant, s'était planté devant elle. Cassandra l'avait observé d'un air surpris. Elle ne s'était pas attendue à le trouver... Comment dire ? Si séduisant. C'était le genre d'homme qui n'ouvrait la bouche que pour dire des choses sensées. Mais il se dégageait aussi de lui une aura presque effrayante. Cassandra  lui avait tendu la main, toute souriante, pour se présenter.

— Bonjour, je suis...

— Je sais qui vous êtes et vous avez déjà cinq minutes de retard.

Sa main était restée suspendue et son sourire avait disparu.

— Désolé, j'étais...

— Prise dans les embouteillages ? Je vais avoir du mal à vous croire. 

— Ce n'est pas le cas, je...

— Vous vous faisiez coiffer ou maquiller peut-être ?

— Non, je...

— Vous  choisissiez vos vêtements ?  J'essaie de trouver une excuse valable à votre retard, mais je n'en trouve aucune.

— Mais enfin, ce n'est que cinq misérables minutes. Et puis ce n'est pas pour les raisons que vous croyez ! s'était-elle emportée,  abasourdie par son accueil froid.