Chapitre 21

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Son visage perdit rapidement des couleurs, alors qu'elle titubait légèrement en arrière.

– C... c'est impossible que tu ressentes quelque chose pour moi en si peu de temps, enfin Esteban ! S'exclama-t-elle aussitôt, en fronçant ses sourcils.

– Si. Tout est possible. Personne au monde n'a jamais défini un temps précis pour ressentir un quelconque sentiment envers quelqu'un, répliquais-je sérieusement, en faisant un pas en sa direction.

Ruby ne bougeait plus, visiblement outrée de mes paroles. Pourtant elles étaient et sont sincères. Depuis si longtemps ce sentiment est gravé en moi ; il n'a fait que se renforcer au fil des jours. Et il s'était davantage développé quand je l'avais finalement vu hors de ce pauvre écran.

– Mais tu es fou, ma parole...L'entendais-je marmonner, en fixant le sol.

– Non Ruby.

– Comment peux-tu ressentir des sentiments pour moi ! Enfin Esteban, nous nous connaissons à peine ! S'exclama-t-elle de nouveau, en me fixant lourdement.

– Détrompe toi... Chuchotais-je, en essayant de détendre mes muscles devenus douloureux.

– Et première règle ! Oui, la première règle ! Un babysitteur ne peut pas ressentir ce genre de sentiment pour ses clients ! Reprit-elle rapidement, en me défiant du regard.

– Eh bien je suis très fier d'être le premier à déroger à la règle alors, annonçais-je, en enfonçant mes mains tendues dans mes poches.

Ruby me lança un regard noir, puis en moins de deux se retourna et se mit à courir rapidement vers la sortie. Je criais son prénom, avant de la voir claquer la porte. Je serrais davantage mes poings, ressentant un goût amer dans la bouche.

Je ne m'attendais pas à autant de réticence. Cette annonce était très importante pour moi, mais à ce que j'ai constaté, elle ne l'a pas été pour tout le monde... Je ressentais douloureusement mon cœur se tordre, blessé d'avoir entendu ses paroles. Je laissais échapper un juron, désespéré.

Quelques minutes plus tard je décidais d'aller à sa rencontre, sachant pertinemment que ce ne serait pas elle qui reviendrait dans mes bras. J'éteignais les dernières lumières, puis parcourais ensuite les rues désertes. Il faisait nuit désormais ; les rues étaient sombres, reflétants ainsi une certaine dangerosité à travers ces nombreux murs de pierres. Je commençais à accélérer le pas, ressentant soudainement une angoisse à ne pas voir ses cheveux bruns voler dans l'air.

Ce fut finalement quinze bonnes minutes plus tard que je la retrouvais, assise sur le sable, face à la mer. Je m'avançais lentement jusqu'à elle, la respiration plutôt courte, puis posais finalement une main sur sa tête. Étrangement elle ne bougea pas d'un pauvre centimètre, admirant toujours la vue devant elle.

– Réponds à cette question, Esteban, je t'en prie, dit-elle subitement, en ne me jetant toujours aucun regard.

– D'accord, vas-y.

– M'as-tu déjà rencontré avant ? Reprit-elle, d'une voix particulièrement calme.

Je l'ai déjà vu avant, il est vrai. Huit fois en vrai et beaucoup trop de fois derrière un écran.

– Oui, répondais-je dans un souffle, ce qui la fit immédiatement relever la tête.

– Bien. Ressens-tu des petits sentiments envers mon égard, ou bien de très grands ? Continua-t-elle.

– À ton avis... répliquais-je d'une voix rauque.

– À ce point...

Je m'asseyais à ses côtés, sous son regard qui ne m'avait pas lâché, puis emprisonnais sa main de la mienne. Je déposais un baiser brûlant sur celle-ci, et je pouvais déjà avoir l'honneur d'admirer ses pommettes rouges se colorer de nouveau.

– Tu dois certainement trouver cela fou, même totalement surréaliste. Mais pourtant, Ruby, je ne mens pas. Jamais je n'oserai mentir sur ce genre de chose. Les sentiments ne se contrôlent pas. J'ai des sentiments pour toi et je te l'avoue, ici, à cet instant, repris-je.

– Cela va-t-il changer quelque chose à notre relation, pour toi ? Demandais-je quelques secondes plus tard, en caressant le dos de sa main.

– Tu vas davantage user de tes charmes, j'en suis sûre et certaine. Tu veux me faire craquer, ça se voit, répliqua-t-elle, ce qui me décrochait instantanément un nouveau sourire.

Elle a tout compris. C'est exactement ce que je vais faire. Je veux qu'elle tombe amoureuse de moi. Cela pourra davantage apaiser les tensions qui risqueraient de se créer à l'annonce de cette nouvelle.

– Évidement, répondais-je quelques secondes après.

Je remarquais aussitôt des petits frissons venir longer ses bras, et je me demandais si cela était juste mon effet de rapprochement, ou bien l'air frais de la nuit qui venait caresser nos cheveux. Néanmoins je décidais directement de déposer ma veste sur ses épaules, en fermant ensuite les quelques boutons.

– Technique de drague numéro vingt-et-une que font souvent les hommes, dit-elle.

– C'est très romantique, n'est-ce pas.

Je la vis aussitôt déglutir, avant de sentir sa petite main se crisper dans la mienne. Je lui faisais donc de l'effet, intéressant...

– Tu ne dormiras plus avec moi, désormais. Je connais tes sentiments et je pense fortement que tu pourrais tenter des choses déplacées envers moi.

– Jamais je ne ferai une chose sans que tu ne sois consentante, affriolais-je, en reprenant mon sérieux.

– Hum. Tu forces beaucoup avec les personnes, je le sais.

– Juste avec toi, Ruby, repris-je dans un rire.

– J'avais bien remarqué... ronchonna-t-elle, en se reculant.

Directement je plaçais une main derrière son dos, faisant d'un mouvement coller nos front l'un contre l'autre. Je remarquais soudainement sa respiration changer, au même rythme que mes battements de cœurs devenus endiablés. Nous nous fixions, aucun de nous deux n'étant visiblement prêt à lâcher ce duel.

Mon regard descendait petit à petit de ses prunelles, ne voulant maintenant plus quitter cette tentation qui ne faisait que m'appeler depuis déjà trop longtemps : ses lèvres.

– Si... si tu m'embrasses je te vire du palais. bredouilla-t-elle, en posant une main timide sur mon torse.

– Pourquoi es-tu si méfiante avec les hommes. Avec moi ? Questionnais-je dans un chuchotement, tout près de ses merveilleuses lèvres.

– Je te l'ai déjà dit, tu as oublié... Il... il faut toujours se méfier des hommes. Je n'ai pas envie d'avoir le cœur brisé un jour ; je préfère me préserver.

– Je vais immédiatement changer cela, alors. Et comme ça tu n'auras plus le cœur brisé puisque que je serai là pour le combler et te le protéger, murmurais-je, avant de pousser quelques mèches de ses cheveux, et de poser une main derrière sa nuque.

Sans qu'elle n'ait eu le temps de réagir, de dire quoique soit, mes lèvres s'écrasèrent avec passion sur les siennes, faisant en une fraction de secondes embraser nos deux corps.

Princesse Ruby Où les histoires vivent. Découvrez maintenant