Chapitre 1

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"Ça va ? Tu peux tenir encore longtemps ?
-Toute la nuit s'il le faut !
-Bien, parce que je vais avoir besoin de toi ! Tu vois le truc qui vole ?
-Le robot qui nous tire dessus depuis une demi heure ? Ouais je le vois.
-Parfait, continue à tenir je vais l'abattre.
-T'es sûre de pouvoir le faire toute seule ?!
-Bah voyons je suis la Gardienne Blanche ne l'oublie pas !"

La Gardienne fait une référence théâtrale et vient se poser devant ce qui était une baie vitrée autrefois (avant d'exploser en milles morceaux à travers les deux fusils mitrailleurs du truc qui vole) et commence à chambrer le robot qui ne fait qu'essayer de la transpercer de balles. La Gardienne déploie un fort bouclier autour d'elle et les balles qui atterrissent dessus forment des centaines d'impacts avant de tomber dans un cliquetis d'acier sur le sol. Une des balle ricoche et vient se loger dans mon bloc de glace qui commence à se fissurer. D'une main j'arrive à combler la fissure, de l'autre j'attire vers moi une planche de bois que je tente de maintenir comme un bouclier. Je râle :

"Au lieu de faire mumuse, tu pourrais le descendre et éviter de nous tuer accessoirement ?
-T'es pas drôle ! OK c'est bon. Hé le robot ! Ce soir c'est conserve à volonté ! Approche !
-T'es sûre que l'énerver c'est une bonne chose ?
-J'ai la situation sous contrôle ! Toi tu t'occupes de maintenir le pilier central pour que les dernières personnes puissent sortir !"

Je fais que ça, maintenir le pilier. Mes bras tremblent : oh, mauvais signe... Dépêche toi Gardienne !! Ça va faire trois ans que je bosse avec la Gardienne Blanche et à chaque fois elle me fait le même coup : elle chambre les ennemis et après elle leur règle leur compte. Je ne connais personne capable de lui résister et rien ne semble l'atteindre. Sauf ce soir, ce robot semble avoir une connotation particulière je la trouve à la fois beaucoup plus agressive et en même temps très joueuse. La Gardienne recule mais maintient son bouclier. Je sens la glace commencer à fondre dans mes mains, je suis comme ça depuis trop longtemps je commence à faiblir sérieusement. Lorsqu'elle arrive à mes côtés, elle me tapote l'épaule :

"Encore deux minutes et après c'est fini.
-Tu vas faire comment ?
-Je ne peux pas l'attaquer de front, mais je peux le maintenir à distance.
-Ça ne répond pas à ma question.
-Je sais."

J'aime pas quand elle parle comme ça. Le robot vient de se poser dans la pièce il est à quelques mètres de nous. La Gardienne m'englobe avec elle dans son champ protecteur. Si je pouvais voir ses yeux, il n'y aurait pas autant d'assurance que d'habitude. La seule fois où je l'ai vue douter, j'ai failli y passer. Je le sens depuis que je l'ai rejoint, que ce combat n'est pas un combat comme ceux que nous faisons de manière générale, cette journée a quelque chose de spéciale mais pas dans le bon sens des choses... Le robot est maintenant à un mètre et je sens que c'est lui qui attaquera le premier, sans cesser de maintenir sa défense la Gardienne a ajouté :

"Rappelle-toi de te trouver un nom de super héros..."

Le robot envoie un uppercut dans le bouclier qui se désagrège et nous projète à quelques mètres de là. Je me suis contentée de rouler sur le sol mais quand je me suis relevée la Gardienne était sonnée, elle a pris de plein fouet la glace que j'avais mis en place. En un quart de seconde je me remets debout, et sprinte dans la direction du robot qui s'avance, plus menaçant, vers la Gardienne. Je glisse sur les genoux et déploie un bouclier de glace le plus résistant que je peux, son poing se fracasse sur le bloc de glace qui se brise aussitôt. Merde ! Alors je place mes deux mains devant moi et je le repousse avec le plus de force que je peux et j'essaye de le maintenir à distance mais malgré toute la volonté du monde il arrive à avancer. Il remplace le fusil mitrailleur par une sorte de fusée explosive. J'entends le pilier de glace se fissurer. Merde ! Tant pis pour le robot, il faut qu'on sorte. J'attrape un bras de la Gardienne et la fait léviter pour pouvoir la tenir sur mon dos, et je me mets à courir (enfin si on peut appeler ça courir) pour sortir du bâtiment. Je la sens reprendre petit à petit ses esprits, mais c'est trop tard. La fusée explose contre le pilier que j'avais tenté de maintenir et le souffle de l'explosion me fait tomber. La tête embuée par la fumée, les débris de verre et les morceaux de bâtiments qui s'effondrent, j'ai mis quelques secondes avant de me relever. Nous ne sommes qu'à quelques mètres de la sortie du bâtiment, en plongeant par la fenêtre nous devrions atterrir sans trop de cassure. Je jette un œil à la Gardienne qui peine à se relever mais arrive à se mettre à genoux, malgré le bruit environnant je l'entends me parler :

"Pars...
-Pas sans toi.
-Alors je t'y oblige."

Elle se retourne et m'envoie un champ de force qui me percute violemment, je traverse en brisant la vitre derrière moi. Je suis projetée en arrière encore quelques mètres, le temps de la voir une dernière fois, avant que le bâtiment ne s'écroule. J'atterris en roulant sur le bitume de la route, avec en bruit de fond, un mélange de pneus qui crissent et d'un immeuble entier qui s'effondre. La poussière vole et infecte mes yeux, le vent provoqué par l'écroulement secoue mes cheveux, le seul masque que je porte est à moitié brûlé. Je porte une main à ma bouche, mes lèvres tremblent face à l'amas de débris et de poussière devant moi. Le monde semble s'être arrêté de tourner, j'arrive à peine à me mettre à genoux comme si mes jambes s'étaient décomposées. J'entends la foule commencer à se rassembler, je regarde de tous les côtés, me relève doucement et devant les regards désespérés des gens, je me suis mise à courir, loin, très loin de ce bâtiment. Je suis arrivée dans ma tanière, enfin un vieux entrepôt ouais... Il a été autrefois le lieu de combat entre les Avengers et la Gardienne. Elle me l'a raconté, toute son histoire, depuis elle est... pardon était, restée comme une correspondante pour les aider en cas de problème en France. Je vis ici, avant c'était la rue et depuis trois ans c'est cet endroit désaffecté. C'est mieux que rien dira-t-on... J'arrive pas à croire qu'elle soit... J'ai été abandonnée à l'âge de quelques mois, j'ai traumatisé plusieurs dizaines de familles d'accueils, la tristesse n'a plus aucune emprise sur moi avec le temps. La perte de la Gardienne a réveillé en moi une colère qu'elle avait réussi à éteindre. Elle était la seule personne que j'avais trouvé en qui j'avais confiance, la seule personne que je considérais au-delà du simple stade de partenaire, j'avais trouvé une amie... Jusqu'à ce qu'il la détruise... La Gardienne m'a toujours reproché mon manque de sentiments dans certaines situations et quand j'apprenais enfin à m'ouvrir je me suis fait retirer tout ce que j'avais. Quand je retrouverai ce robot, je serai assez forte, plus puissante pour le démembrer pièce par pièce, arracher chaque boulon, chaque vis avec mes mains. C'est davantage qu'une simple promesse, c'est une vengeance, et la vengeance est un plat qui se mange froid.

Avengers : Le Coeur De GlaceWhere stories live. Discover now