Day 10 "Psycho"

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Les pieds traînant, je marche vers le cabinet de psychologie de la 3ème avenue. Direction le cabinet de M. Brown, ou "Sébastien" comme il préfère que je l'appelle.

Je me laisse vaguer à travers le vent du soir, il m'entraîne.

La centre ville est bien calme et je me dis qu'Everyday n'y est pas pour rien. À peine quelques jours qu'il est arrivé et nous voici déjà en train d'enterrer les morts.

Les banderoles de certains proches continue de vaguer pour les morts et le parc au centre est parsemé de beaucoup de fleurs en l'honneur de ces mêmes disparus.

Arrivant devant le vieux bâtiment, je pousse la porte et me voici dans un couloir. Je suis habituée des locaux et je salue la secrétaire quand j'entre.

- Salut Heaven, comment ça va ?

Je hausse les épaules.

- Comme un mardi.

Et ensuite je pars m'assoir dans un des sièges confortables.

Quelques fois je me demande ce que je fais là, même très souvent. Ça c'est encore mon père qui se la joue modèle. Il veut mon "bien". Je ne dirai pas ça comme ça.

Je regarde le plafond. Il a fait exprès d'y mettre du papier peint qui ressemble a un ciel. Je lui avais fait remarquer la première fois et il m'a répondu tout simplement "seul le ciel est la limite". Je n'ai pas tout de suite compris.

Et puis... j'y ai réfléchi.

J'avais plusieurs hypothèses. Peu à peu, à chaque séance, je lui en faisais part d'une. A ce jour, je n'ai toujours pas trouvé la signification. Malheureusement, toutes mes hypothèses se sont révélées fausses et par conséquent je continue de chercher.

- Hill ?

Je baisse la tête et tombe en face de M. Brown.

Ses cheveux blonds sont toujours autant en bataille et ses yeux verts pétillants semblent toujours pleins de vie. Pourtant, je ne vois pas ce qu'il y a de plaisant à écouter des gens parler de leur vie de merde. Il est peut-être un peu masochiste sur les bords.

Je me lève et lui sers la main quand il me fait entrer dans la salle. Elle est moite. Toujours moite. Je m'attache beaucoup à ces détails là.

La salle de consultation est la même que celle d'accueil, à part pour les meubles où on peut noter -évidemment- une différence. Il y a toujours sur même ciel.

Sébastien m'incite à m'assoir et j'exécute de suite.

- Quoi de nouveau Heaven ? me demande-t-il.

Je hausse les épaules.

- Routine, je me contente de répondre.

Il appuie ses coudes sur ses genoux et me regarde.

Je suis obligée de détourner le regard. Je n'aime pas que l'on me regarde dans les yeux.

- Je sais que tu vas m'en vouloir, mais nous avons déjà abordé le plat que tu as mangé quatre fois à la cantine et j'ai besoin de parler avec toi de quelque chose.

Je reste froide et ne répond pas.

- Ta famille, lâche-t-il finalement.

Je me statufie soudain.

Je ne parle pas.

Depuis un certains événements j'ai veillé à ne plus rien lui révéler. A ne plus rien lui révéler à propos de ce sujet et de n'importe quoi. Pourtant, avant, je lui racontais tout.

- Tu sais que tu peux tout me dire...

Je me lève d'un coup.

- C'est faux, dis-je.

Il me regarde.

- Ça fait à peine cinq minutes que tu es là, rassis-toi.

- Non.

- Heaven.

Je déteste quand il dit mon prénom, on dirait que c'est moi la fautive dans l'histoire.

- Je vous ai confié une seule chose à ce propos et vous m'avez trahi.

- C'était il y a longtemps.

- C'était l'année dernière.

Un silence s'installe soudain.

Je suis toujours debout, face à lui.

- Arrête de construire des murs à ceux qui veulent t'aider.

- On ne va pas repartir sur ce sujet.

- J'ai voulu t'aider ce jour-là.

Je soupire. M'aider. Tout le monde veut toujours m'aider mais c'est pire chaque jour.

Je pense qu'un jour je vais mourir, même si je suis jeune. J'aurais peut être bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire pour moi. Je m'appelle Heaven Hill et le destin a décidé de s'acharner sur moi.

Je marche et touche la poignet.

D'un coup sa main chaude touche mon épaule et me demande :

- Ton père a recommencé Heaven ?

Je souffle.

- Je ne peux pas vous le dire.

Et je pars en claquant la porte de ce cabinet, espérant que mes secrets ne sortiront plus jamais de cette salle.

Mais tout ce sait.

Et je l'ai payé une fois.

EverydayWhere stories live. Discover now