Day 9 "Rêve eveillé"

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- Réveille-toi, me crache une voix grave.

Même embrumée, je reconnais cette voix. Je me redresse de suite et commence à crier :

- Pars de chez moi !

Demon semble surpris et se rapproche un peu plus de mon lit.

- Pour une durée plus ou moins longue, c'est chez moi aussi.

Je reste sur mes gardes et lui crache pleine de peur :

- Ce que tu m'as fait hier !

Il semble exaspéré.

- Hier tu t'es endormie devant ton film et vers 2h du matin t'as fait un vacarme fou en criant je ne sais quoi en retournant dans ton lit, gamine.

Je respire fort et mon coeur bat rapidement. Dois-je le croire ? Il a l'air de dire la vérité, pourtant tout me semble si réel.

- Bouge toi, on doit y aller.

Je souffle. L'école, c'est vrai.

Puis il se volatilise de ma chambre.

Il pourrait être un peu plus gentil ? Ce n'est pas comme si j'étais habituée à autres choses de la part des personnes de toute façon...

Je me lève difficilement. Peut-être que ce ne sont que des cauchemars ? Je le fais souvent, mais cette fois c'était... intense. Très intense. Je n'ai jamais trop bien su discerner la vérité du mensonge après tout...

Je me prépare rapidement et pars au rez-de-chaussée d'un pas hésitant, toujours sur mes gardes.

Je n'ai pas à avoir peur.

Je souffle et m'engage dans le salon. Il est là, comme dans mon rêve, devant cette fenêtre qui illumine sa beauté démente. Le soleil fait briller ses yeux.

- Une des rares journées où il fait beau, ici, dis-je sans même m'en rendre compte.

Il se tourne vers moi, ses cheveux noirs jais pris dans son mouvement.

- Je n'aime pas ces journées.

Demon marche vers moi, me regardant droit dans les yeux. Pourtant, il se déporte et quand il passe près de moi je chuchote, toujours en regardant devant moi :

- Moi non plus.

***

Il a une maturité et un sérieux que je n'ai jamais vu auparavant.

La voiture fend le vent jusqu'au lycée. Pour être honnête, cette rapidité ne m'intimide pas, elle m'aide à ne pas penser à mes problèmes.

A ne pas penser que je n'ai toujours pas croisé mon père.

A ne pas penser à ce rêve si bizarre.

"Tu ressens beaucoup trop", m'avait dit le double de Demon.

Je le regarde, une main sur le volant, l'autre sur le levier de vitesse. Rien qu'à son allure, on dirait qu'il est en perpétuel préoccupation. Toujours à surveiller les moindres faits et gestes autour de lui.

La radio parle et raconte les quelques infos de cette petite ville.

- Everyday est toujours en cavale, courant après des jours sans jamais s'arrêter, hier soir il aurait tué une jeune fille d'environ...

Enfin un sujet intéressant.

Cependant, d'un coup, Demon frappe le bouton éteindre de la radio et je sursaute.

Mes yeux sont maintenant fixés sur lui.

- Pourquoi es-tu aussi violent ? demandé-je en tremblant à moitié.

Il remet ses deux mains sur le volant et le sert de toutes ses forces.

- Tu le sauras pourquoi je n'aime pas ce type, et assez tôt.

Il tire le frein à main et je me rends compte que nous sommes arrivés. Cependant, je n'arrive pas à bouger.

Je suis paralysée par toi Demon, mais je ne sais pas si c'est de peur. Je ne sais même pas par quoi.

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