12 - Sur son trente et un

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Je me douche et me sèche rapidement, puis retourne dans la chambre chercher mes vêtements. Car oui, j'ai encore une fois oublié de prendre mes vêtements avec moi, mais après tout, Nilhem est censé dormir. Et puis, il m'a déjà vue en sous-vêtements, et je n'ai jamais été une fille très pudique.

Je rouvre doucement la porte de la salle de bain, et ne peux m'empêcher de ressentir un léger soulagement en voyant la tête du Prince des arrogants toujours profondément enfoncée sous la couette. C'est qu'il a le sommeil lourd, l'oisillon! Je me glisse à pas de loup vers mon armoire, et commence à chercher une tenue pour la journée. Voyons, que mettre? La plupart de mes vêtements -les plus classiques, tuniques et robes blanches, et chaussures et accessoires dorés- se trouvent emballés quelque part dans mes valises, mais il reste tous ceux que je ne mets pour ainsi dire jamais, mes vêtements normaux. Je tiens à en posséder quelques-uns, juste pour me sentir un peu plus humaine, même s'ils ne me servent à rien. Mais aujourd'hui, j'ai la possibilité et surtout l'envie de m'habiller comme une vraie jeune fille de dix-sept ans, et je compte bien en profiter.

Je sais que je devrais choisir des vêtements confortables, pratiques pour le voyage à venir, mais je n'en fais rien. À la place, je me mets à farfouiller dans mon armoire, à la recherche de la perle rare. Je ne connais pas vraiment le contenu de ma garde-robe, mais il me semble pourtant me souvenir... Ah, voilà. J'ai également emballé la plupart de mes robes les plus belles en prévision des soirées qui ne manqueront pas d'avoir lieu, connaissant ces arrogants de séraphins, mais une de mes préférées dort toujours dans mon placard. D'un bleu presque noir accordé au violet de mes cheveux, elle est coupée à mi-hauteur de mes cuisses, ni trop courte, ni trop longue. Pas de décolleté mais le dessus de la poitrine et le dos est décoré de détails en dentelle. Cette robe est un cadeau de Gentiana pour mon dix-septième anniversaire -avec le petit poignard du même bleu que la robe qui s'attache sur la cuisse droite, invisible et rassurant. Je n'ai presque pas eu l'occasion de la porter, mais je sais qu'elle tombe parfaitement sur moi et fera son petit effet sur le comité séraphin qui nous attend sûrement. Ainsi, je me sentirais en confiance pour affronter mes pires ennemis, les hauteurs et les anges qui les accompagnent.

Rapidement, je retourne dans la salle de bain, Nilhem toujours ronflant dans mon lit -enfin, je pourrais dire ça s'il ronflait, mais ça n'est heureusement pas le cas. J'enfile ma robe et attache le poignard autour de ma cuisse droite. Il faut avouer que ce poids sur ma cuisse est plutôt rassurant. Je ne m'embarrasse pas avec trop de maquillage, un coup de mascara fera bien l'affaire. En revanche, je décide de relever mes longs cheveux dans un épais chignon faussement décoiffé. Plus pratique pour voyager et bien plus accordé avec le style de la robe. Je laisse quelques mèches s'échapper sur le devant du crâne -dont la mèche blanche héritée du sauvetage de Romain. Je me regarde un instant dans le miroir... C'est parfait. Accrochez-vous à votre pantalon, les anges! je pense, réjouie.

Je ressors de la salle de bain, songeant au voyage qui m'attend. Une voix se fait entendre:

-Ça alors. Suis-je en train de rêver?

Surprise, je relève la tête. Nilhem, à peine réveillé, me fixé avec les yeux écarquillés, détaillant mon corps et ma tenue sans vergogne. Eh bien! si j'ai cet effet sur lui, je ne ferais qu'une bouchée des autres anges, je pense avec une moue satisfaite.

-Ah, la belle au bois dormant est réveillée? je rétorque, sarcastique.

-Apparemment pas, rit-il doucement. Dommage, dommage...

Je soupire.

-Tu devrais te préparer, on va bientôt y aller.

Il se lève avec un regard entendu, la malice faisant briller ses si magnifiques yeux océan.

Couleur OcéanWhere stories live. Discover now